Les relations entre la Chine et les Etats-Unis n'ont rien d'un long fleuve tranquille. Dernier épisode en date, la réaction du géant asiatique qui déclare vouloir prendre « les mesures nécessaires » après l'annonce par Washington de sanctionner les entreprises en Chine et ailleurs qui aident Moscou à s'armer dans sa guerre contre l'Ukraine.
« La Chine exhorte les Etats-Unis à cesser de dénigrer et de réprimer la Chine et à cesser de mettre en œuvre des sanctions illégales et unilatérales », a déclaré un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères dans un message transmis à l'AFP. « La Chine prendra toutes les mesures nécessaires pour résolument défendre les droits légaux et les intérêts des entreprises chinoises », a-t-il ajouté.
Seize entreprises chinoises visées
Le département d'Etat américain a annoncé mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères, considérées participant à l'effort de guerre russe dans l'invasion de l'Ukraine.
Outre des entreprises russes de la défense, les sanctions visent une soixantaine de personnes et entreprises étrangères, en particulier chinoises, accusées « d'aider la Russie à acquérir des composants-clés pour la fabrication d'armes ou des programmes de défense », selon un communiqué.
« Les sanctions prises aujourd'hui visent à perturber encore plus et affaiblir l'effort de guerre russe en s'attaquant à son industrie militaire de base et aux réseaux de contournement (des sanctions existantes, ndlr) qui l'aident à se fournir », a déclaré la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, citée dans le communiqué.
Parmi les entreprises étrangères visées, seize sont chinoises et hongkongaises, pour la plupart accusées d'aider la Russie à se fournir en composants qui sont normalement interdits, mais aussi, pour deux d'entre elles, pour avoir procuré les matériaux nécessaires à la production de munitions.
Les sanctions concernent des entreprises issues de cinq autres pays : les Emirats arabes unis, la Turquie et l'Azerbaïdjan, ainsi que la Belgique et la Slovaquie, deux nations de l'Union Européenne. Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies. Plusieurs entreprises impliquées concernent les programmes d'armes chimiques et biologiques russes.
Pékin n'a jamais condamné publiquement Moscou
Sur la crise ukrainienne, la Chine appelle au dialogue, s'oppose à tout recours à l'arme nucléaire et exhorte au respect de l'intégrité territoriale « de tous les pays » - sous-entendu Ukraine comprise.
Mais Pékin n'a jamais condamné publiquement Moscou pour l'invasion de l'Ukraine et appelle régulièrement à prendre en considération les préoccupations de sécurité de la Russie face à l'Otan. Pékin a de nouveau insisté ce jeudi sur le fait qu'elle n'était « ni à l'origine ni partie prenante » de la crise en Ukraine, et a déclaré qu'elle avait le droit de développer des relations commerciales « normales » avec tous les pays, y compris la Russie. La Chine s'est toujours résolument opposée à la mise en œuvre par les Etats-Unis de sanctions illégales et unilatérales contre des entreprises chinoises et à l'exercice d'une « juridiction de longue portée » a déclaré le porte-parole.
Les sanctions visent aussi à restreindre la possibilité de développement des infrastructures de gaz et pétrole russe, alors que la Russie cherche à développer celles qui lui permettraient d'exporter plus facilement ses hydrocarbures vers la Chine en particulier. Ces exportations se font actuellement par pétroliers ou méthaniers, faute d'oléoducs et gazoducs suffisants vers l'est. Les dernières sanctions ont particulièrement ciblé le secteur minier, notamment l'aluminium, le cuivre et le nickel russes, dont l'importation aux Etats-Unis et au Royaume-Uni sont désormais interdits.
Moscou accusé d'avoir utiliser une « arme chimique » Dans un communiqué publié mercredi, le département d'Etat américain a également accusé Moscou d'avoir utilisé une « arme chimique » la chloropicrine, contre les troupes ukrainiennes, en violation du CIAC, signé et ratifié par la Russie. Le Kremlin a qualifié jeudi « d'infondée » ces accusations. « Comme toujours, ces accusations semblent totalement infondées », a déclaré à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, assurant que Moscou respectait « ses obligations relatives au droit international dans ce domaine »
(Avec AFP)