Les États-Unis tentent de convaincre Israël de ne pas lancer d’offensive sur Rafah

Israël a lancé ce lundi une opération visant à faire évacuer des dizaines de milliers de familles palestiniennes de l'est de la ville de Rafah, située dans le sud de la bande de Gaza. L’armée israélienne y prépare une offensive d'ampleur dans sa guerre contre le Hamas, malgré les nombreux appels de pays et d’organisations internationales à y renoncer. Le président américain Joe Biden doit justement s'entretenir sur ce sujet avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Face au risque d'importantes pertes humaines, la Maison Blanche a annoncé que le président Joe Biden va s'entretenir ce lundi avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour tenter de le convaincre de ne pas lancer l'assaut.
Face au risque d'importantes pertes humaines, la Maison Blanche a annoncé que le président Joe Biden va s'entretenir ce lundi avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour tenter de le convaincre de ne pas lancer l'assaut. (Crédits : LEAH MILLIS)

[Article publié le lundi 6 mai 2024 à 8h19, mis à jour à 16h22] En dépit des condamnations internationales, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a promis de lancer une offensive sur la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Elle est, selon lui, indispensable pour détruire les derniers bataillons du mouvement islamiste dans le territoire palestinien. Et elle se prépare depuis ce lundi. Face au risque d'importantes pertes humaines, la Maison Blanche a annoncé que le président Joe Biden va s'entretenir ce lundi avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour tenter de le convaincre de ne pas lancer l'assaut.

Reste qu'en attendant, l'armée israélienne a confirmé avoir « commencé une opération d'ampleur limitée pour évacuer temporairement les personnes résidant dans l'est de Rafah », estimant à « environ 100.000 » le nombre de personnes concernées, alors que cette ville est le dernier refuge pour près d'un million et demi de Palestiniens. Elles ont été invitées à se rendre « immédiatement vers la zone humanitaire élargie d'al-Mawasi », à une dizaine de kilomètres de Rafah, selon des tracts distribués.

L'armée affirme que « des hôpitaux de campagne, des tentes et un volume croissant de nourriture, d'eau, de médicaments et autres » sont installés dans cette zone. Mais des habitants et des organisations humanitaires décrivent des secteurs déjà surpeuplés ou détruits après sept mois de guerre. Un responsable de l'ONG Action contre la faim, Jean-Raphaël Poitou, a décrit un lieu où « tout est abîmé ». « Les infrastructures, dans toutes les zones qui seraient rouvertes, tout a été aplati. Les gens vont devoir aller sur des débris ou dans des petites zones », dans le désert ou sur la plage, a-t-il affirmé.

« Les habitants évacuent dans la terreur et la panique », a déclaré à l'AFP Ossama al-Kahlout, un responsable du Croissant-Rouge palestinien dans l'est de Rafah, précisant que les zones désignées abritaient environ 250.000 personnes.

Des habitants ont raconté à l'AFP avoir appris la nouvelle à leur réveil, après une nuit d'angoisse rythmée par une dizaine de frappes israéliennes. Certains préparaient leurs affaires, dans leurs tentes inondées par une pluie abondante, ou les entassaient dans des remorques.

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Les États-Unis appelés à l'aide

Dans ce contexte, la présidence de l'Autorité palestinienne a appelé les États-Unis à empêcher l'invasion de Rafah par l'armée israélienne. « Nous appelons l'administration américaine à intervenir pour empêcher ce massacre, dont nous avertissons qu'il aura des répercussions dangereuses », indique-t-elle, citée par l'agence de presse officielle palestinienne Wafa, précisant multiplier les discussions « intensives » avec ses partenaires internationaux à ce sujet.

« Nous ne pouvons pas nous exprimer sur les opérations de l'armée israélienne », mais « nous avons fait clairement part au gouvernement israélien de notre point de vue sur une invasion terrestre majeure de Rafah », a indiqué à l'AFP un porte-parole du Conseil national de sécurité, ce lundi. « Nous continuons de croire qu'un accord de libération d'otages constitue le meilleur moyen de préserver les vies des otages et d'éviter une invasion de Rafah », a-t-il poursuivi, ajoutant que « ces négociations sont en cours ».

De nouveaux pourparlers samedi et dimanche au Caire se sont heurtés à l'intransigeance des deux camps. Le Hamas continue à réclamer un cessez-le-feu définitif tandis qu'Israël promet de détruire le mouvement islamiste au pouvoir à Gaza. Des discussions de trêve devaient en principe se poursuivre ce lundi au Qatar, le principal pays médiateur, où est attendu le directeur de la CIA, William Burns.

Outre les États-Unis, les capitales et organisations internationales s'opposent à l'opération annoncée d'Israël. Cet ordre d'évacuation « laisse présager le pire : davantage de guerre et de famine. C'est inacceptable. Israël doit renoncer à une offensive terrestre » à Rafah, a lancé lundi le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell.

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Benjamin Netanyahu campe sur ses positions

Le Premier ministre israélien campe en tout cas fermement sur sa position quant à la suite à donner au conflit à Gaza. « Je dis aux dirigeants du monde entier qu'aucune pression, aucune décision d'une instance internationale n'empêchera Israël de se défendre », a-t-il lancé dimanche, lors d'une cérémonie de commémoration de l'Holocauste au mémorial de Yad Vashem à Jérusalem.

« Si Israël doit rester seul, Israël restera seul », a insisté le Premier ministre israélien.

Il a aussi dénoncé « ce terrible volcan de l'antisémitisme » qui déferle à travers le monde entier contre Israël à propos de sa guerre à Gaza. Benjamin Netanyahu a comparé les manifestations observées dans les universités à travers le monde, notamment aux États-Unis, à la discrimination dont les Juifs ont été victimes dans les universités allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale. « Quelle distorsion de la justice et de l'histoire », a-t-il déclaré. Les critiques, a-t-il dit, ne sont pas « dues à nos actions, mais parce que nous existons... parce que nous sommes juifs ». « Aujourd'hui, nous affrontons à nouveau des ennemis déterminés à notre destruction », a déclaré Netanyahu à la grande foule rassemblée pour la cérémonie.

Le Forum des familles d'otages a une nouvelle fois appelé Benjamin Netanyahu à accepter un accord qui permettrait une libération des otages. « M. Netanyahu, l'Histoire ne vous pardonnera pas si vous ratez cette occasion », affirme ce texte.

(Avec AFP)

Commentaires 8
à écrit le 07/05/2024 à 8:57
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On respecte beaucoup trop les narcos trafiquants iraniens, parce qu'ils ont beaucoup trop d'argent grâce aux 25% d'activité criminelle pure au sein de la finance internationale alors du coup on nous censure, on nous impose la pensée unique et des diz...

à écrit le 06/05/2024 à 20:31
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Les militaires ont besoin d'une victoire quel qu'en soit le prix quant aux usa le poids électoral des 6 millions de juifs américains qu'ils soient démocrates ou républicains fait qu'ils soutiendront toujours Israël.

à écrit le 06/05/2024 à 9:46
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Seul ? Seul mais avec les livraisons d'armes et de matériels US. Seul mais avec Les USA, l'UK la France qui intercepte les missiles... La seule chose avec qui les Israéliens sont seuls et le resteront ce sont les sourires figés des milliers d'e...

le 06/05/2024 à 16:48
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@ VIGINUM Je suis d'accord avec votre commentaire. Netanyahu ne se laissera pas dissuader par des paroles. Tant que les États-Unis et l’Allemagne soutiendront Israël sans conditions, avec des armes et de l’argent, Netanyahu restera têtu. Seul un ar...

à écrit le 06/05/2024 à 9:45
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Non! Il y a des antisémites, mais la plupart sont des anti sionistes. Netanyahu fait comme Poutine, il amalgame parce que c'est son intérêt, mais c'est un mensonge. Si Israël depuis 1947 n'était pas un état sioniste, ce qui implique : "État coloni...

le 06/05/2024 à 16:59
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@ Valbel89 Netanyahu se met à l’aise. Il dénonce toute critique de sa politique comme de l'antisémitisme. Ce faisant, il conquiert l’élite politique américaine et fait taire les Allemands. Le reste du monde lui est indifférent. Il se concentre sur l...

à écrit le 06/05/2024 à 9:21
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Tout ce qu'on peut dire sur cette très triste affaire, c'est qu'Israel n'a que des ennuis depuis qu'il a un gouvernement populiste. Ce qui devrait faire réfléchir ailleurs.

à écrit le 06/05/2024 à 8:28
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Ca sent l’escalade mais on constate bien que l'Iran a peur d'y aller car elle sait qu’elle se ferait exterminer. Quand on voit que Trump en amputant sur un bouton a éliminer le personnage iranien oligarchique le plus influent les autres doivent claqu...

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