Les destructions à Gaza sont « sans précédent », selon l'ONU. Ce jeudi, les Nations unies ont estimé entre 30 et 40 milliards de dollars le coût de la reconstruction de la bande de Gaza, ravagée depuis bientôt sept mois par une guerre dévastatrice entre Israël et le Hamas palestinien.
« Les estimations du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour tout reconstruire dans la bande de Gaza dépassent les 30 milliards de dollars, pouvant aller jusqu'à 40 milliards de dollars », a déclaré Abdallah al-Dardari, directeur du bureau régional pour les Etats arabes du PNUD, lors d'une conférence de presse à Amman.
« L'ampleur de la destruction est énorme et sans précédent (...) C'est une mission à laquelle la communauté internationale n'a pas été confrontée depuis la Seconde Guerre mondiale », a encore dit Abdallah al-Dardari, également sous-secrétaire général de l'ONU.
« 37 millions de tonnes » de décombres
Il a ajouté que si la reconstruction de Gaza devait être menée selon le processus traditionnel, « cela pourrait prendre des décennies, et le peuple palestinien n'a pas le luxe de patienter des décennies ».
« Il est donc important que nous agissions rapidement pour reloger les gens dans des logements décents et rétablir leur vie normale sur les plans économique, social, sanitaire et éducatif. C'est notre priorité absolue, et cela doit être réalisé dans les trois premières années suivant la cessation des hostilités. »
En outre, il a estimé à « 37 millions de tonnes » le total des décombres accumulés à la suite des bombardements et des explosions. « Nous parlons d'un chiffre colossal, et ce chiffre augmente tous les jours. Les dernières données indiquent qu'il approche déjà les 40 millions de tonnes ».
Le responsable de l'ONU a d'autre part précisé que « 72% de tous les bâtiments résidentiels avaient été entièrement ou partiellement détruits ». « La reconstruction doit être minutieusement planifiée, efficace et d'une manière extrêmement flexible, car nous ignorons comment la guerre prendra fin » et quel type de gouvernance sera établi dans la bande de Gaza.
La trêve se fait attendre
Israël et les pays médiateurs attendent toujours une réponse du Hamas à une proposition portant sur une trêve de 40 jours associée à une libération d'otages retenus dans le territoire palestinien, en échange de Palestiniens détenus par Israël.
Le Hamas étudie dans un « esprit positif » cette proposition, a déclaré ce jeudi le chef du mouvement palestinien, Ismaïl Haniyeh, lors d'une conversation téléphonique avec le chef du renseignement égyptien, Abbas Kamel. Un haut responsable du Hamas, Oussama Hamdan, avait déclaré plus tôt à l'AFP que la position du mouvement était pour l'instant « négative », mais que les discussions continuaient.
Fin novembre, une trêve d'une semaine avait permis la libération de 105 otages, dont 80 Israéliens et binationaux échangés contre 240 Palestiniens détenus par Israël. Depuis, les tentatives de médiation menées par le Qatar, les Etats-Unis et l'Egypte sont restées vaines. Le Hamas, au pouvoir depuis 2007 à Gaza, maintient ses exigences, en premier lieu un cessez-le-feu permanent, ce qu'Israël a toujours refusé.
En visite mercredi en Israël, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken avait appelé le Hamas à dire « oui » à un accord qu'il a jugé « extraordinairement généreux » de la part d'Israël. Il a aussi exhorté Israël à renoncer à une offensive terrestre potentiellement dévastatrice sur la ville de Rafah, transformée en un gigantesque camp de réfugiés à la lisière sud de la bande de Gaza.
Israël déterminé à la « victoire totale »
Israël de son côté se dit déterminé à poursuivre la guerre jusqu'à la « victoire totale » sur le Hamas, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. Pour atteindre cet objectif, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a promis de lancer, « avec ou sans accord » de trêve, une offensive terrestre sur Rafah, dernier grand bastion selon lui du Hamas, où s'entassent un million et demi de Palestiniens, en majorité déplacés par la guerre. De nombreuses capitales et organisations humanitaires redoutent de lourdes pertes civiles, en l'absence d'un plan jugé crédible pour protéger la population.
(Avec AFP)