Avec 45% de ses exportations vers le Vieux continent, les économistes s'accordent à dire que l'impact économique du Brexit sur le Royaume-Uni sera conséquent. La City va-t-elle aussi payer le prix de cette sortie comme le redoutent des analystes ? Face à cette défiance et au risque de perte d'attractivité, la première place mondiale sur les devises en 2019, selon la Banque des Règlements Internationaux (BRI), entend réagir rapidement. Fin décembre, Rishi Sunak, le ministre britannique de la Finance a martelé que le Brexit est l'occasion pour Londres de repenser son offre de services financiers pour ainsi tenter de rassurer fonds d'investissements et multinationales. Un écho à ce qu'avait déjà promis - avant l'accord de sortie - l'ancien ministre des Finances britannique il y a un an avec un retentissant : "Nous ne suivrons plus les règles fixées par d'autres."
Londres sur le podium des services financiers, Paris est 23ème
Pour l'heure, la City peut en effet se montrer confiante. Trois mois avant la fin du terme des négociations qui ont officiellement fait sortir le Royaume-Uni de l'UE, Londres dominait largement le match des échanges financiers face à Paris. La capitale britannique se situe en effet au deuxième rang mondial du Global Financial Centres Index en septembre 2020, loin devant les gratte-ciel de la Défense et parisiens qui stagnent à la 23e place de ce classement bi-annuel notant les places financières les plus compétitives via plus de 50.000 évaluations auprès de plus de 8.500 professionnels.
(Sélection des places financières les plus compétitives en Europe de l'Ouest, selon le Global Financial Centres Index)
6,4% de la valeur ajoutée au Royaume-Uni, 4% pour la France
Aussi, garder la main sur la finance est un enjeu crucial pour le Royaume-Uni. Le poids des activités financières et d'assurances représente 6,39% de la valeur ajoutée de l'économie britannique selon les chiffres de l'OCDE en 2019. En France, ce secteur ne représente que 4,03% contre 4,75% pour l'ensemble de l'Union européenne. Toutefois, la finance britannique perd de sa superbe depuis quelques années. Alors qu'il jouissait d'un taux de croissance de 4,3% en 2016, le secteur a atteint une décroissance de -2,9% en 2019. Au contraire, la France - qui voyait son activité financière diminuer de -0,3% en 2016 -, a bénéficié d'un taux de croissance annuel qui a atteint +3,3% en 2019.
+3.500 emplois pour Paris
Côté emplois, le Brexit est également favorable à Paris. Avec 184 projets d'implantation, d'investissement ou de relocalisation d'équipes qui ont eu lieu ou sont en cours depuis la victoire du "out", l'accord de désunion aurait généré 3.500 emplois directs dans le secteur financier, selon Paris Europlace. Et il ne s'agit que d'emplois directs, sachant qu'un emploi direct génère aussi des indirects dans le reste de l'économie, d'après le rapport.
De même, la région Ile-de-France, - devant les principales régions mondiales -, a connu une augmentation des investissements directs internationaux de 14% entre 2018 et 2019 dans le secteur financier, selon FDI market. Dans le même temps, le "Greater London" a quant à lui vu les investissements baisser de 29%...