L'Allemagne se prépare à entrer en récession

Dans son bulletin mensuel, la banque centrale allemande a estimé que « les signes de récession se multiplient », prévoyant un recul du produit intérieur brut (PIB) au quatrième trimestre et « probablement au premier trimestre de l'année à venir ». En cause principalement, l'inquiétude quant à des pénuries d'énergie cet hiver et la flambée des prix du gaz et de l'électricité depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine.
Selon la Banque centrale allemande, le produit intérieur brut (PIB) devrait « sensiblement reculer au quatrième trimestre » et « probablement au premier trimestre de l'année à venir ».
Selon la Banque centrale allemande, le produit intérieur brut (PIB) devrait « sensiblement reculer au quatrième trimestre » et « probablement au premier trimestre de l'année à venir ». (Crédits : Reuters)

Le constat est sans appel : « les signes de récession se multiplient » pour l'économie allemande, a noté la banque centrale nationale dans son bulletin mensuel publié ce lundi. L'Allemagne est entrée dans une phase de « baisse nette, généralisée et durable » de son économie, a-t-elle estimé.

L'Allemagne a connu plusieurs périodes de récession dans son histoire récente. La plus dramatique fut celle de 1930, lorsque, sortie exsangue de la première guerre mondiale, elle fait face à la crise financière de 1929. Les années après la chute du l'union soviétique et la chute du mur de Berlin, au début des années 1990, font ensuite peser le coût de la réunification entre l'Est et l'Ouest et font reculer l'économie allemande. Plus récemment, en 2020, le PIB du pays a reculé de 5% en raison de la crise Covid et de la paralysie de ses industries tournées vers l'export.

Cette fois-ci, malgré une modeste hausse de 0,1% au deuxième trimestre, le produit intérieur brut (PIB) devrait « sensiblement reculer au quatrième trimestre » et « probablement au premier trimestre de l'année à venir », selon l'institut monétaire qui n'avance pas de chiffres précis. On parle de récession technique dans le cas de deux trimestres de suite en baisse.

Ce n'est pas la première fois que la banque centrale allemande se montre alarmiste. Début septembre, son président, Joachim Nagel, avait déjà livré un pronostic similaire, jugeant « possible » une entrée en récession à la fin de cette année et au début de 2023, « un certain nombre d'éléments » penchant selon lui pour ce scénario. En outre, l'un des principaux instituts de conjoncture allemands, l'IFO à Munich, a indiqué la semaine dernière tabler sur une récession technique au premier trimestre 2023, avec une chute de 0,4% du PIB, après un recul attendu de 0,2% au quatrième trimestre 2022.

Crise énergétique

En cause pour l'essentiel, les « conditions générales de l'offre économique - en particulier l'approvisionnement énergétique - qui se sont considérablement détériorées à la suite de la guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine », indique l'institut monétaire dans sa note à la tonalité pessimiste. Depuis le déclenchement du conflit et la baisse incessante des livraisons de gaz russe à l'Europe - depuis septembre, celles transitant par le gazoduc NordStream 1 sont totalement arrêtées - l'Allemagne, qui avait basé son modèle économique sur ces importations énergétiques à bas coût, connaît de sérieuses difficultés. Avant la guerre, elle était dépendante à 55% de l'approvisionnement russe. Un chiffre redescendu depuis à 30% mais qui continue de fragiliser la stabilité économique du pays. Et bien qu'il soit parvenu à remplir son premier objectif de stockage, avec un remplissage de 75% des réserves nationales, la cible finale, c'est-à-dire parvenir à un taux 95% d'ici au 1er novembre, paraît désormais hors de portée.

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L'Allemagne doit donc désormais se fournir ailleurs, à des prix beaucoup plus élevés. Une flambée des tarifs du gaz et de l'électricité qui met en péril l'activité de ses entreprises. L'inflation toujours en hausse - près de 8% en août - et l'incertitude sur les approvisionnements énergétiques ainsi que leurs coûts vont affecter les secteurs « énergivores » dépendant notamment du gaz, en lésant leurs exportations et leurs investissements, « mais aussi la consommation privée et les fournisseurs de services qui en dépendent », explique la banque centrale allemande.

Soutien français

Berlin pourrait toutefois compter sur le soutien de la France selon l'accord de solidarité, annoncé le 5 septembre par Emmanuel Macron et destiné à renforcer la sécurité énergétique des deux pays. Il doit se traduire, dès la semaine du 10 octobre prochain, par de premières livraisons de gaz outre-Rhin. Paris s'est ainsi engagé à renforcer son interconnexion gazière avec l'Allemagne pour être en mesure de lui livrer du gaz en prévision de l'hiver 2022/2023 et contribuer à compenser la chute des livraisons de gaz russe. Inversement, Berlin « se mettra en situation de produire davantage d'électricité et de nous (en) apporter dans les situations de pic », avait déclaré Emmanuel Macron. La France avait annoncé être en capacité d'envoyer au maximum l'équivalent de 5% de sa consommation de gaz en Allemagne en hiver en cas de pénurie, d'après le cabinet de la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.

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Pour livrer l'hydrocarbure, le gestionnaire du réseau français GRTgaz « doit réaliser rapidement des adaptations techniques » sur le point d'interconnexion d'Obergailbach (Moselle), qui à ce jour peut fonctionner dans le sens Allemagne - France uniquement. Puis, GRTgaz, propose de commercialiser cette capacité de 100 GWh/j (gigawattheure) sous la forme d'un produit journalier, réservable du jour pour le lendemain, selon la Commission de régulation de l'énergie (CRE). Reste encore à en fixer le prix. Dans le cas de la connexion avec la Moselle, il faut, en effet, fixer un tarif d'interconnexion, a indiqué la CRE mi-septembre. Cette dernière va lancer jusqu'au 27 septembre une consultation publique sur l'offre commerciale et le tarif proposés.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 20/09/2022 à 16:22
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Que scholz se démerde, il a fait le choix de lecher Biden, d'un côté il cesse les coopérations concernant l’armement, en achetant des armes au USA. Alors aucune raison de l’aider

à écrit le 19/09/2022 à 16:50
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Et oui, le PIB, c'est avant tout de l'énergie, Jean-Marc Jancovici l'a démontré depuis longtemps. Vous coupez l'énergie, vous coupez l'économie, il n'y a pas de miracle

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