Amadis de Gaule : étonnant enchantement

L'Opéra Royal de Versailles et l'Opéra Comique présentent cet opéra de Jean-Chrétien Bach, l'un des fils du Maître. Très chatoyante production où le songe le dispute à la magie. Cette œuvre est une redécouverte du répertoire français.
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Etonnante musique que celle de Johann Christian Bach, l'un des quatre fils musiciens du grand Maître. Son opéra, Amadis de Gaule, créé en 1779 à Paris en pleine querelle entre les partisans de Gluck et ceux de Piccinni se veut une pièce de réconciliation. C'est d'ailleurs sans doute dans ce but, qu'il choisit un thème cher à Lully qui l'avait jadis mis en musique. J.Chr Bach n'est pas un débutant puisqu'il a déjà à son actif près d'une quinzaine d'opéras en anglais, ce musicien assez doué rencontrant un vif succès de l'autre côté de la Tamise. Cette ?uvre ne rencontrera pourtant aucun succès puisqu'elle ne sera jouée que sept fois et jamais plus redonnée avant cette nouvelle production.
Cet Amadis de Gaule présenté à l'Opéra de Versailles et bientôt à l'Opéra Comique déroute en fait par la richesse de ses inspirations. On est tout à la fois plongé dans la musique de Monteverdi, Haendel ou Mozart sans vraiment savoir à quel saint se vouer. Il faut dire qu'avec un nom pareil pas facile de se faire un prénom. Et si l'on est parfois déconcerté, on en garde pourtant une impression très agréable. Impression certes favorisée par la qualité de certains chanteurs mais aussi par une mise en scène que l'on retrouve souvent à l'Opéra Comique où le désuet rime avec noblesse.
On pourrait narrer l'histoire. Mais là, plus que jamais, elle est à l'eau de rose et parfaitement invraisemblable. On y retrouve les thèmes de la vengeance, de la magie, de l'amour triomphant et de la rédemption. Mais là n'est pas l'essentiel. Il se trouve plutôt dans la très belle voix d'Allyson Mc Hardy, qui incarne avec perfection le rôle d'une enchanteresse ivre de colère et réclamant vengeance. La chaleur de son timbre est magnifique. On vibre avec elle et l'on en voudrait encore plus. Hélène Guilmette, dans le rôle de la jeune princesse énamourée d'Amadis est également très convaincante. Seul Philippe Do dans le rôle titre, est un peu moins à son aise et manque de puissance. Il faut rendre hommage aussi à Jérémie Rhorer à la tête de l'ensemble Le Cercle de l'Harmonie qui réussit à faire vivre et vibrer cette musique tout à la fois de cours et virevoltante.
Richesse des couleurs, richesse des symboles, richesse des évocations littéraires et culturelles, la mise en scène de marcel Bozonnet nous emmène dans un monde de gargouilles, de princesses et de monstres qui finissent par disparaître aussi naturellement qu'ils étaient apparus. Nous laissant cette impression de songe et d'émerveillement gracieux que les spectateurs du XVIII eme siècle ont sans doute ressentis. Au coeur du Château de Versailles, comme à l'Opéra Comique, le voyage dans le passé est aisé.
Pascale Besses-Boumard

Amadis de Gaule
Jean-Chrétien Bach (1735-1782)

Opéra Royal de Versailles le 12 décembre 2011 à 20h.
Opéra Comique les 2,4,6 et 8 janvier 2012 à 20h sauf le 8 à 15h.
Tarifs : 6 à 115 euros
Réservations : Château de Versailles Spectacles au 01 30 83 78 89
www.opera-comique.co

 

 

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