Des ministres à l'AMF, la pression monte pour une baisse des salaires

Après l'affaire Boutin et alors que les plans de rigueur se multiplient, les Français souhaitent une baisse des salaires des ministres pour qu'ils montrent l'exemple. La socialiste Martine Aubry y va aussi de ses protestations. Le président de l'AMF, l'Autorité des marchés financiers, Jean-Pierre Jouyet, ex ministre des affaires européennes, se dit prêt à réduire le sien.

Plus de huit Français sur dix estiment qu'une baisse du salaire des ministres serait "plutôt une bonne chose" en cette période de crise économique, indique un sondage de l'Ifop à paraître dans Sud-Ouest Dimanche. A la question d'une éventuelle baisse du salaire des membres du gouvernement, 84% des sondés estiment que cela serait "une bonne chose", de nature à montrer l'exemple en cette période de difficultés économiques. En revanche, 16% des personnes interrogées sont opposées à une telle proposition qu'ils perçoivent comme une mesure démagogique s'apparentant avant tout à de la communication. Ce sondage a été effectué par téléphone les 10 et 11 juin auprès d'un échantillon de 953 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

Les sensibilités politiques n'ont que peu d'influence dans les réponses puisque 86% des sympathisants de gauche et 80% des proches de l'UMP soutiennent l'idée. Cette enquête intervient alors que plusieurs pays européens ont adopté des plans de rigueur et alors que le débat s'est cristallisé ces derniers jours sur la rémunération de 9.500 euros mensuels perçue par Christine Boutin pour une mission confiée par l'Elysée sur les conséquences sociales de la mondialisation.

L'ancienne ministre du Logement a finalement décidé jeudi de renoncer à sa rémunération qui venait en plus de sa retraite de parlementaire. Deux poids lourds de la majorité, le ministre du Travail Eric Woerth et le président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer, avaient pressé Christine Boutin d'y renoncer dans un contexte où le gouvernement prépare les Français à d'importantes mesures d'économie. Plusieurs ministres tels Roselyne Bachelot, Michèle Alliot-Marie et Henri de Raincourt cumulent eux aussi des retraites de parlementaires et leur salaire. Eric Woerth menace de rendre illégal un tel cumul.

La dirigeante socialiste Martine Aubry, réclame elle aussi le plafonnement de la rémunération des élus français. "C'est inacceptable qu'on gagne 19.000-20.000 euros par mois quand on a fait le choix de l'intérêt général", a-t-elle déclaré sur France 5, plaidant pour un "vrai statut de l'élu. Cela fait partie de la démocratie de limiter de manière transparente et avec des déclarations pour chacune des fonctions député, maire de grande ville, conseil général, régional et ministre. C'est la moindre des choses. Des ministres rémunérés 14.000 euros brut par mois, les Français ne peuvent pas comprendre alors que leur pouvoir d'achat stagne". Elle a rappelé que Lionel Jospin, lorsqu'il était chef du gouvernement, avait demandé à ses ministres de ne pas être maire d'une grande ville en même temps. "Ce n'est plus le cas aujourd'hui" a-t-elle constaté.

Sur Canal +, Ségolène Royal a estimé de son côté que "le mauvais exemple (venait) d'en haut" en France depuis quelques années, appelant à une "remise en ordre". "Quand Nicolas Sarkozy est arrivé, avec François Fillon, ils se sont augmenté de 150% leur salaire, ils ont augmenté le salaire des ministres de 150% et ils ont laissé croire qu'en contrepartie il n'y aurait aucun cumul possible", a dit la présidente de la région Poitou-Charentes. "L'engagement politique, c'est servir, ce n'est pas se servir, c'est rendre des comptes sur l'efficacité de son travail et c'est dominer le train de vie de l'Etat et des collectivités publiques. L'indécence des révélations sur les salaires ministériels - ces gens-là qui s'apprêtent à remettre en cause le droit à la retraite pour les ouvriers, les employés, les cadres et qui se permettent de se comporter comme ils se comportent - cela nécessite une remise en ordre d'un certain nombre de comportements si l'on veut que la parole de l'Etat reste crédible" a ajouté la dirigeante socialiste.

De son côté, le président de l'Autorité des marchés financiers (AMF), Jean-Pierre Jouyet, ex-ministre des affaires européennes, qui souhaite que les autorités publiques françaises soient exemplaires en matière de réduction des déficits, se dit prêt à réduire son salaire pour participer à l'effort collectif. "L'exemplarité publique sera un facteur apprécié par les marchés et les citoyens", déclare-t-il dans une interview au Monde daté des 13 et 14 juin.

"En ce qui me concerne, mon salaire est comme celui de mon prédécesseur de 300.000 euros par an bruts. Si l'on me demandait, en tant que président d'une autorité publique, de réduire ma rémunération de 20% à 30%, cela me paraîtrait justifié", dit-il. "Les responsables publics doivent être prêts à participer à un effort collectif", souligne-t-il.

Le Premier ministre français, François Fillon, s'est engagé samedi à une réduction des dépenses publiques de 45 milliards d'euros d'ici 2013.

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