Les retards de paiement ont explosé en 2012

Plusieurs indicateurs indiquent une fragilité accrue des entreprises et en particulier des TPE et des PME. Les demandes de délais pour le recouvrement des cotisations Urssaf ont brutalement augmenté. Selon nos informations, les délais de paiement ont explosé en 2012. Les retards se sont élevés en moyenne à 12 jours, plombant de 11 milliards d'euros la trésorerie des entreprises.
Copyright Reuters

Selon la plupart des économistes, la France devrait échapper à la récession cette année. Mais de peu. Cette relative « bonne » nouvelle, si on la compare aux difficultés de la plupart de nos voisins européens, n'indique pas pour autant une sortie de crise rapide de la seconde économie de la zone euro. Les enquêtes de conjoncture menées par l'Insee, la société Markit et les multiples baromètres de confiance indiquent bel et bien une fragilité accrue des entreprises françaises.

Les cotisations Urssaf deviennent difficiles à payer

Ce n'est pas le seul signal d'alerte. COE-Rexecode constate une fragilisation apparente de la situation de trésorerie de l'ensemble des entreprises à la fin de l'exercice 2012, symbolisée par une brutale accélération des demandes de délais pour le recouvrement des cotisations Urssaf. Le nombre de demandes est passé de 4500 à 5800 par mois environ entre décembre 2001 et décembre 2012. « Toutes les entreprises sont concernées, des plus petites aux plus grandes, c'est inquiétant », note Denis Ferrand, le directeur général de COE-Rexecode.

Augmentation des délais de paiement

Autre indicateur, les délais de paiement. Selon nos informations, la rapport 2012 de l'Observatoire des délais de paiement qui sera présenté ce jeudi constate un retard moyen de paiement de 12 jours, fixant ainsi à 72 jours le délai de paiement moyen ! "Dès qu'une entreprise peut demander à son fournisseur, son sous-traitant de jouer un rôle de banquier, elle ne se prive pas et ce quelle que soit la taille de l'entreprise", indique une source proche du dossier qui estime à 30 jours le retard moyen de paiement pour les PME. Concrètement, si le crédit inter-entreprises atteint 600 milliards, ces retards représentent 11 milliards de moins dans la trésorerie des entreprises. A titre de comparaison, le crédit d'impôt pour l'emploi et la compétitivité  (CICE) met 20 milliards à la disposition des entreprises.

Pour lutter contre ce phénomène et lutter l'augmentation des infractions à la Loi de modernisation de l'économie votée en 2008 qui limite les délais à 60 jours calendaires ou 45 jours fin de mois, la médiation inter-entreprises, qui reçoit environ 50 dossiers individuels et collectifs à traiter chaque mois - un chiifre stable pour l'instant - souhaite agir. "Nous allons développer avec les fédérations professionnelles un système de 'class mediation' pour accélérer les prises de conscience. La crise ne doit pas être un argument pour justifier des comportements illégaux", explique à La Tribune Pierre Pelouzet, le médiateur des relations inter-entreprises..  

Majeur, ce sujet est au centre des préoccupations du gouvernement et du Parlement. La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a déjà prévenu. En 2013, elle renforcera ses contrôles en matière de délais de paiement. Le rapport du sénateur Martial Bourquin sur les délais de paiement qui devrait être dévoilé en avril est également très attendu. Tous ces travaux alimenteront le projet de loi sur la consommation que présentera Benoît Hamon, le ministre de la Consommation en avril 2013, projet qui pourrait comprendre de nouvelles possibilités de sanctions administratives pour contrer les contournements de la LME.

Forte pression financière

Pour expliquer cette fragilité, on peut évidemment évoquer la dégradation de l'environnement conjoncturel national et européen que viennent renforcer les mesures d'austérité décidées aux quatre coins de l'Europe. Selon la Commission européenne, la zone euro qui accueille près des deux tiers des exportations françaises sera en récession cette année.

L'augmentation de la pression financière pesant sur les entreprises est également un élément à prendre en compte. « Depuis une dizaine d'années, les entreprises sont soumises à une pression continue de la part des leurs partenaires financiers, de la part des marchés lorsqu'elles sont cotées. Résultat, même si une entreprise possède un site qui dégage des bénéfices, elle peut être obligée de s'en séparer ou de le fermer pour augmenter la rentabilité globale de son appareil de production. C'est ce qui rend le projet gouvernemental d'interdire la fermeture des sites rentables un peu complexe à mettre en place », explique Patrice Ivon, directeur associé de BPI Group, un cabinet spécialisé dans les stratégies de changement et la transformation des entreprises.

 

Commentaires 21
à écrit le 28/02/2013 à 13:29
Signaler
Bon nombre de PME et PMI se trouve dans l'incapacité de régler leurs cotisations sociales a échéance , ce qui se comprend puisque les commandes chutent el les cotisations augmentent. De même que les établissements bancaires ne les suivent pas financi...

à écrit le 28/02/2013 à 11:54
Signaler
Les vieilles lunes de ces anomalies des retards de paiement et du crédit inter-entreprise gaspillent l'énergie de qui se soustrait à l'examen de la solvabilité et de la solidité financière. L'on est bien obligé de régler la facture de la falsificatio...

à écrit le 28/02/2013 à 8:04
Signaler
Pfffffff... Arrêtez de geindre tout le temps. Il y a une France qui se bouge, qui construit, qui innove, qui a du plaisir et des lumières dans les yeux. Oui, elle n'est pas forcément riche de sous mais riche d'entrepreneuriat. Perso, Hollande ou Sa...

le 28/02/2013 à 8:48
Signaler
Moi je pense que ce sont plutôt des zombies qui sortiront des cartons.

le 28/02/2013 à 9:40
Signaler
Une France qui bouge ? Ou ça ? Dans vos rêves.

le 28/02/2013 à 9:59
Signaler
lit la tribune maintenant ! hi hi hi hi ! nous allons requalifier le chateau de versailles pour en faire des logements sociaux ......... un peu de sérieux le privilège reste et restera Manufuture , seule la misère sera étendue au plus grand nombre ...

à écrit le 28/02/2013 à 4:15
Signaler
Si ça se trouve, il y a une crise économique et personne ne nous a prévenu...

le 28/02/2013 à 13:00
Signaler
Rassurez-vous, visiblement la récession c'est comme le nuage de Tchernobyl, çà ne passera pas nos frontières :-) !

à écrit le 28/02/2013 à 4:05
Signaler
Augmenter les délais de paiement pour éviter de déposer le bilan. Voilà ce qui se passe quand la compétition plombe les résultats des entreprises qui n'ont pas la soupape de sécurité de la fluctuation des changes d'une monnaie nationale. On va tout c...

à écrit le 28/02/2013 à 1:18
Signaler
Et les liquidations judiciaires explosent aussi ! La France file du très mauvais coton et le désastre, s'il continue, risque de bien mal finir. Qui voudrait encore entreprendre en France avec une mentalité pareille, pour être, en plus, au final la p...

à écrit le 28/02/2013 à 0:34
Signaler
Le pire c'est que le plus mauvais payeur c'est l'état Français (procédure administratives lourdes, personnel non réactif ...) Le candidat holande avait dit qu'il voulait réduire les délais de paiement si il était élu ... serais ce encore un mensonge ...

à écrit le 27/02/2013 à 22:07
Signaler
@laurent : NON pas depuis septembre, c'est une courbe de dégradation de l'économie qui ne cesse de se dégrader depuis des années sauf que, depuis plusieurs mois, on a atteint la zone rouge. Entre 500 et 800 entreprises passent en defaillance (sauvega...

le 28/02/2013 à 0:41
Signaler
@Jules60 : serait-il possible de fournir le lien sur le barometre du site verif.fr (je n'arrive pas à le trouver).

le 28/02/2013 à 0:41
Signaler
Merci par avance pour l'info.

le 28/02/2013 à 18:16
Signaler
Allez sur le site d'Altares ou de la Cofacé, deux poids lourds du march?.

à écrit le 27/02/2013 à 20:59
Signaler
Depuis Septembre c'est TRÈS difficile et les mesures de Hollande ont aggravé la situation. Il faut un Small Business Act d'urgence. Marre de payer pour les grandes entreprises qui s'en mettent plein les poches.

le 27/02/2013 à 22:57
Signaler
Clairement depuis le début de la présidentielle il y a 1 ans ça a commencer a fléchir et depuis que hollande est président l'accélération de la dégradation est notable... Je ne dis pas que cela aurait été rose avec sarko, seulement sur le plan économ...

à écrit le 27/02/2013 à 20:57
Signaler
3 remarques: 1/ Les délais, cela ne fait que commencer: nos gouvernants vont s'apercevoir que non seulement les cotisations mais aussi les impôts (TVA en premier suivie de l'IS et de l'IR), vont rentrer moins bien et que les demandes de délai et/ou d...

à écrit le 27/02/2013 à 20:38
Signaler
Ce système taxe et surtaxe la production intérieure et n'attaque absolument pas les importations... quand les PME vont commencer à prendre l'eau .on pourra remercier les acteurs de ce système ..mais de quelle maniere ?

à écrit le 27/02/2013 à 20:35
Signaler
C'est pas nouveau ! Les TPE/PME françaises sont sous capitalisées et leur cash-flow est une peau de chagrin. Et inutile d'aller pleurer chez votre banquier : il tient trop à sa carrière pour prendre le moindre risque avec votre canard boiteux. Vous s...

à écrit le 27/02/2013 à 19:50
Signaler
La flexibilité des recouvrements de cotisations des T.P.E/P.M.E devrait être calquée sur leur mode d'encaissement et de roulement de caisse (trésorerie). D'autre part nous devons ajuster l'outil de perception de l'économie des entreprises afin de per...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.