Comment réduire un écart de salaire moyen mensuel entre hommes et femmes de 24,5%? Le Conseil d'analyse économique (CAE), qui rappelle qu'il "provient notamment du fait que les femmes occupent plus souvent que les hommes des postes à temps partiel et peu qualifiés", s'est penché sur la question dans une étude publié mardi 6 octobre. Revue de détail.
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Suppression du quotient conjugal de l'impôt
Selon le CAE, "le quotient conjugal élève le taux marginal d'imposition sur le "second"
apporteur de ressources (généralement la femme)". Cette mesure fiscale découragerait donc "sa participation au marché du travail" et "nuirait à son salaire". Ainsi, l'institution propose de "supprimer le quotient conjugal de l'impôt sur le revenu, tout en maintenant la prise en compte des personnes à charge, par exemple via un abattement, dans la détermination de l'impôt".
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Fin des bonifications de retraite pour trois enfants
Les droits familiaux de retraite, dont la bonification de pension pour trois enfants et plus sont également dans le viseur du Conseil d'analyse économique. Permettant d'augmenter de 10 % la pension des hommes et femmes qui ont élevé au moins trois enfants, la bonification de pension bénéficierait "avant tout aux hommes" car ces derniers "ont des pensions plus élevées".
Le CAE juge que les droits familiaux de retraite "n'ont pas d'effets démontrés pour favoriser la fécondité et qu'il "ne bénéficient pas aux familles et ont par ailleurs un eff et anti-redistributif".
La solution serait de "supprimer progressivement les bonifications de retraite pour trois enfants et de réallouer la dépense correspondante vers l'augmentation du nombre de places d'accueil du jeune enfant".
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Plus d'indemnités journalières lors des congés maternité/paternité
Autre mesure économique proposée: "Améliorer les indemnités journalières lors des congés maternité/paternité et financer cette amélioration par une petite réduction des congés standards."
Selon l'institution, "la meilleure prise en charge collective de ces congés maternité ou paternité aurait pour eff et de réduire la pénalité pour les femmes d'avoir des enfants, le coût pour les employeurs de femmes en âge d'avoir des enfants."
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Lutter contre les stéréotypes dans les choix d'orientations
L'instance composée d'économistes considère que "les inégalités de revenus du travail entre femmes et hommes résultent de choix professionnels dont une part provient de
représentations sociales collectives".
Elle préconise donc la lutte "contre les stéréotypes dans les choix d'orientation en promouvant la visibilité des femmes dans les métiers 'masculins'". Pour cela, il faudrait donc"sensibiliser davantage les enseignants, les parents d'élèves et les conseillers d'orientation à cette question et "systématiser les initiatives visant à encourager les filles dans les disciplines scientifiques, où elles sont sous-représentées."
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Des quotas à fixer de manière judicieuse
"Éviter d'utiliser les quotas sauf dans les cas où la présence des femmes peut avoir un impact direct sur les opportunités pour d'autres femmes, telles que la représentation politique ou syndicale."
Certains quotas "impliquent une institutionnalisation de la différenciation entre femmes et hommes" qui peut "nuire à la crédibilité des femmes", selon le CAE. Les femmes peuvent être soupçonnées "d'obtenir des responsabilités grâce à leur sexe, renforçant ainsi l'idée selon laquelle les femmes seraient moins capables que les hommes".
Le Conseil d'analyse économique s'appuie notamment sur une étude sur "les comités des concours de juges en Espagne qui montre un cas où les candidates ont d'autant moins de chances d'être recrutées que la proportion de femmes dans le comité de sélection est élevée".
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Prise en charge collective des activités domestiques
Partager les activités domestiques, "majoritairement réalisées par les femmes", améliorer les prendre en charge collective (ou marchande) en augmentant notamment le nombre "de places d'accueil du jeune enfant, des maisons de retraite". Ces solutions permettraient selon le CAE "de faciliter la participation des femmes au marché du travail".
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