L'édito de La Tribune : Dégel historique

L'éditorial d'Eric Benhamou, rédacteur en chef adjoint à La Tribune.

La visite à Taipei de Chen Yunlin, le négociateur en chef chinois chargé des relations avec Taiwan, concrétisée par une série d'accords commerciaux, marque un tournant. Les plus blasés s'attarderont sans doute sur la reprise d'un dialogue interrompu depuis dix ans. Et qu'importe sa profondeur, l'important est de parler, surtout, de savoir se parler entre frères ennemis. Et depuis que le vieux parti taiwanais du Kouomingtang est revenu au pouvoir en mars, chacun prend soin en effet d'éviter les provocations ou les surenchères nationalistes.

Les plus sceptiques n'y verront qu'une énième tentative de rapprochement sous couvert de « business» qui se brisera fatalement, comme auparavant, sur la question de la souveraineté. Mais les plus optimistes tableront sur un vrai dégel historique. Il est bien sûr trop tôt pour mesurer la portée réelle de ces échanges, mais il existe aujourd'hui incontestablement un climat favorable pour que se nouent des liens entre les deux gouvernements.

Tout d'abord, les nouvelles générations au pouvoir, tant à Pékin qu'à Taipei, souhaitent tourner la page d'une histoire parfois trop lourde à porter. Laissons l'histoire aux historiens, et aux politiques le soin de construire l'avenir sur l'examen des intérêts mutuels. Ensuite, la place de la Chine dans le monde a beaucoup changé : elle est de facto un acteur de premier plan du système multilatéral et pourrait enfin assumer toutes ses responsabilités de grande puissance commerciale.

Pour preuve d'apaisement, elle n'a pas opposé de veto de principe aux demandes de Taiwan de rejoindre certaines organisations internationales, comme l'OMS. Une petite révolution en soi. Enfin, les Etats-Unis aussi ont modifié leur regard sur la Chine, devenue l'un des ses principaux partenaire commercial et surtout son premier créancier. L'Amérique ne fait plus de Taiwan un point de crispation mais un enjeu de stabilité et de prospérité économique dans la région. Pour Barrack Obama, c'est clair: c'est aussi en Asie que se joue la stabilité mondiale.

Commentaires 6
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
Complement d'information sur d'autres raisons a ce rapprochement entre la Chine et Taiwan:D epuis deux ans, pres de 10% des Taiwanais (2millions de personnes)vivent et travaillent regulierement en Chine, suivant ainsi la delocalisation de leur propr...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
Et puis j'ai oublie de dire que le president independantiste, Xiao Bian, avaient ete elu avec seulement 34 ou 37% des voix. Et oui, a Taiwan, ils ont de multiples candidats (une vraie democratie, ce qui est rare en Asie, meme le Japon avec ses vieux ...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
@eurocameraman: En 2000, ill y avait 3 principaux candidats: - Chen Shui-Bian, du DPP - James Song, sans étiquette mais proche du KMT - Lien Chan, candidat du KMT Le président Chen Shui-Bian a recu 39,3% des votes, 36.8 % pour Song et 23.1 % pour Ch...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
Merci pour les precisions. J'ai ecrit de memoire, avec la premiere election de Xiao Bian (Chen Shui Bian) en references, pas la suivante. Ce qui m'avait vraiment choque a l'epoque, c'est une election a un seul tour avec de multiples candidats. c'est ...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
Je suis un taiwanais ayant fait mes études en France, et vivant actuellement à Taiwan. Je travail dans le domaine de l'édition et des beaux arts. J'aimerais simplement aider les lecteurs français à mieux comprendre ce qui se passe ici, en apportant m...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
Autre précision par rapport à l'article de M.Benhamou : Le Kouomintang et le PCC ne sont plus des frères ennemis depuis longtemps (l'an 2000 pour être précis), ils se sont ligués contre les pro-indépendantistes et l'auto-détermination des taiwanais...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.