Vers une IGP pour les citrons et oranges de Corse

Initiées voilà deux ans, les deux demandes, en cours de finalisation, doivent être transmises à l’INAO d’ici la fin d’année, avant un enregistrement auprès de la Commission européenne courant 2026.
(Crédits : Reuters)

L'agrumiculture corse s'apprête à franchir un nouveau cap dans sa structuration avec l'obtention d'Indications Géographiques Protégées (IGP) pour ses citrons et oranges. Une démarche pilotée en local notamment par l'Aprodec, l'association pour la promotion et la défense de la clémentine de Corse. Créée il y a près d'un quart de siècle, l'entité est déjà à l'origine des IGP « Clémentine de Corse » en 2007 et « Pomelo de Corse » en 2014, dont elle assure la gestion, tout comme par ailleurs celle relative à la « Noisette de Corse ».

« Nos agrumes possèdent des caractéristiques uniques, forgées par un terroir exceptionnel », affirme fièrement Jean-Paul Mancel, son dynamique président. « En effet, la qualité des sols, les conditions climatiques idéales, notamment la proximité de la mer et de la montagne, leur confèrent une saveur distinctive ».

Créer une niche commerciale

« Les agrumes sont historiquement cultivés en Corse, les premières plantations d'oranges datent du XVIème siècle à Aregnu, en Balagne », ajoute Jean-Paul Mancel, précisant que « les oranges et les citrons de Corse représentant actuellement un faible tonnage, nous devons créer une niche commerciale ».

Si les agrumes de Corse - au premier rang desquels les clémentines - font face à une concurrence, en particulier des pays comme l'Espagne, le Portugal et l'Italie, la demande nationale et internationale pour les produits sous IGP reste forte. « Le marché est demandeur d'oranges et de citrons de Corse, dans la lignée du succès des IGP déjà existantes », souligne le président de l'Aprodec, producteur depuis 1981 de clémentines, pomelos ou encore de noisettes.

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L'obtention de l'IGP pour les citrons et oranges de Corse représente un défi majeur, notamment en ce qui concerne la certification des plants, étape cruciale dans le processus. Toutefois, l'association, en collaboration avec les autorités compétentes, travaille activement pour finaliser les dossiers et déposer les demandes d'IGP d'ici fin 2024 à l'institut national de l'origine et de la qualité (INAO), avant un enregistrement auprès de la Commission européenne courant 2026.

Une tradition séculaire

Pour Jean-Paul Mancel, « l'IGP permet de protéger, de valoriser un produit, promouvoir ses spécificités, ainsi que la tradition agrumicole séculaire de l'île. Il permet également de structurer une filière ; on l'a vu tout particulièrement pour la "Clémentine de Corse". L'obtention de ce signe officiel de qualité et d'origine n'impacte pas les pratiques culturales, car le savoir-faire historique est immuable et figure dans les cahiers des charges. L'IGP a plutôt vocation à régir, définir et organiser ces pratiques », poursuit-il.

En 2023, 1.204 tonnes d'oranges et 281 tonnes de citrons ont été récoltées, principalement en Haute-Corse, en plaine orientale, dans les zones géographiques des IGP « Clémentine de Corse » et « Pomelo de Corse ». Aussi l'Aprodec recense 300 producteurs dont 40 cultivent des oranges et 25 des citrons.

« L'engagement envers le secteur ne cesse de croître. Nous observons une augmentation des surfaces cultivées et une volonté de diversification des plantations, gage de la vitalité de l'agrumiculture insulaire », estime Jean-Paul Mancel. « L'obtention de l'IGP pour les citrons et oranges de Corse aura un impact significatif sur les pratiques de culture et de commercialisation ».

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Des défis à relever

À long terme, la durabilité et la préservation de la qualité des agrumes corses restent des enjeux majeurs pour les agriculteurs, d'autant plus dans le contexte du changement climatique et de l'expansion de la production. La diversification des cultures, la gestion responsable des ressources en eau et la réussite de la valorisation des produits transformés sont autant de challenges à relever pour assurer un avenir florissant à l'agrumiculture corse.

Jean-Paul Mancel souligne également « l'importance de la régulation de l'importation de plants d'agrumes, afin de prévenir l'introduction de pathogènes qui pourraient menacer la santé des cultures ». Pour cela « nous devons rester vigilants et mettre en place des mesures de contrôle strictes pour protéger nos vergers », insiste-t-il.

Pérennisation du secteur

Dans cette perspective, l'obtention d'IGP représente un pas décisif vers la consolidation et la pérennisation de tout un secteur. Elle permettra non seulement de garantir l'authenticité des produits mais aussi de renforcer l'identité et la réputation des agrumes « nustrali » à l'échelle nationale et internationale.

« Sur le plan économique, l'IGP offre des perspectives prometteuses pour les producteurs locaux. En plus d'assurer des revenus stables et une meilleure valorisation de leurs productions, elle favorisera la création d'emplois et le développement de l'agro-tourisme en Corse », lance avec conviction Jean-Paul Mancel avant de conclure : « L'agrumiculture est un pilier de notre économie et de notre patrimoine. Ces deux nouvelles IGP renforceront son rôle et sa contribution au dynamisme de l'île ».

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