OGM : accusation par José Bové d'un lobby au sein des instances européennes

Critiquée par l'eurodéputé José Bové au motif d'un conflit d'intérêts, Diana Banati, présidente de l'Autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA), a abandonné ses fonctions dans le lobby OGM.

A la suite des accusations de conflit d'intérêts faites par l'eurodéputé José Bové, un vent de transparence souffle sur l'Autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA), l'instance chargée de délivrer des avis scientifiques sur les organismes génétiquement modifiés (OGM). S'il a déploré des « attaques infondées », le conseil d'administration de l'EFSA a reconnu qu' « à la vue des derniers événements, la communication sur de potentiels conflits d'intérêts a manqué de clarté ». L'autorité basée à Parme (Italie) se devait de réagir après le départ en 2008 de sa directrice du groupe OGM, Suzy Renckens, pour rejoindre la société agro-industrielle Syngenta, puis la révélation de l'appartenance de la présidente de son conseil d'administration, Diana Banati, au puissant lobby International Life Science Institute (ILSI), regroupant la plupart des groupes agrochimiques actifs dans les OGM. José Bové reproche à la scientifique hongroise d'avoir cherché à minorer dans sa déclaration d'intérêts son implication dans ce lobby.

« Un premier acte »

Lors de sa réunion du 21 octobre, le conseil d'administration de l'EFSA a réélu Diana à sa tête mais a annoncé qu'elle avait « démissionné des postes qui pourraient créer un conflit d'intérêts potentiel ». « C'est la reconnaissance qu'il y avait un conflit d'intérêts », indique José Bové à ? La Tribune ?. « Ce n'est que le premier acte », prévient le vice-président de la commission de l'Agriculture du Parlement européen. « Il faut une remise à plat à la fois de l'architecture de l'EFSA, qui n'est ni transparente ni indépendante, et des protocoles d'analyse scientifique. Il faudrait une enquête importante codirigée par le Parlement et la Commission », propose l'élu. Dans un premier temps, Diana Banati annonce dans « La Tribune » que les règles d'encadrement des déclarations d'intérêts vont être « clarifiées » (lire interview ci-dessous). L'EFSA va également organiser un audit externe pour évaluer la qualité scientifique de ses analyses.

Interview de Diana Banati

La Tribune - Avez-vous démissionné du lobby International Life Science Institute (ILSI) en raison d'un conflit d'intérêts ?

Diana Banati - Non. Il n'y a pas eu d'accord au conseil d'administration de l'EFSA pour qualifier cette situation de conflit d'intérêts. J'ai démissionné de l'ILSI à cause d'une surcharge de travail. Pour la même raison, il se peut que je démissionne d'autres fonctions ne constituant en aucun cas un conflit d'intérêts. Nous avons cependant convenu de définir des règles strictes, avec des critères clairs, sur nos déclarations d'intérêts. Il faudra déterminer si les mêmes critères et leur contrôle devront s'appliquer aux président, vice-présidents et membres du conseil d'administration.

- Êtes-vous pleinement indépendante ?

- Évidemment ! Et je l'ai toujours été. Je suis une scientifique et le conseil d'administration a soutenu que personne ne pouvait remettre en cause mon intégrité.

- Pourtant, José Bové l'a fait en réclamant votre démission de l'EFSA...

- J'ai été très surprise de voir que cette personne n'avait manifestement aucune idée de la nature des activités et des responsabilités de l'EFSA ou de l'ILSI. C'est ridicule de dire que l'EFSA autorise les OGM et que sa présidente est la principale lobbyiste pro-OGM en Europe ! L'EFSA ne délivre pas d'autorisations. C'est un organisme indépendant qui évalue les risques scientifiques.

- Sur quelle base le comité scientifique fait-il ses évaluations ?

- En partie sur les éléments scientifiques fournis par le demandeur. Par ailleurs, les experts font des recherches approfondies dans la documentation scientifique disponible. Si votre question sous-entend que les demandeurs pourraient omettre des données, cela ne peut pas arriver.

- Comprenez-vous ce climat de suspicion autour des OGM ?

- C'est une question très émotionnelle. Mais il faut bien garder à l'esprit qu'il y a l'évaluation des risques fondée sur la science d'une part et d'autre part la gestion des risques reposant sur des facteurs économiques, éthiques sur la perception des consommateurs. À ce titre, l'Europe pourrait s'exposer à des conflits commerciaux avec les États-Unis en raison d'approches différentes. Pour l'instant, l'UE cherche à donner le plus haut niveau de protection à ses consommateurs.

 

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.