L'arrestation de Mladic permettrait l'adhésion de la Serbie à l'UE

Ratko Mladic, arrêté 16 ans après son inculpation pour le massacre de Srebrenica, va désormais devoir répondre devant la justice internationale de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre durant la guerre en Bosnie, de 1992 à 1995. L'interruption de sa comparution au tribunal pour des raisons de santé reprendra ce vendredi.
Copyright Reuters

Ratko Mladic promis à la justice internationale. L'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie a été arrêté jeudi matin sans résistance dans une ferme appartenant à l'un de ses cousins dans le village de Lazarevo, dans le nord-est de la Serbie. Il portait de faux papiers d'identité. Il est accusé d'avoir organisé le massacre de 8.000 musulmans à Srebrenica. La pire atrocité commise en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, ainsi que le siège de Sarajevo pendant 43 mois.

Son arrestation a été saluée par la communauté internationale et elle pourrait ouvrir la voie à une future adhésion de la Serbie à l'Union européenne. Vieilli et affaibli selon la police et des images de télévision, Ratko Mladic, 69 ans, a été interrogé jeudi soir à Belgrade par le tribunal serbe chargé des crimes de guerre.

Cet interrogatoire a toutefois été rapidement ajourné en raison de l'état de santé de l'accusé. "Le juge d'instruction a voulu interroger Mladic et a dû cesser de lui poser des questions car Mladic est en mauvaise santé. Il réagit peu", a déclaré son avocat Milos Saljic aux journalistes. Bruno Vekaric, procureur adjoint du tribunal, a déclaré à la presse à la presse que l'interrogatoire reprendrait vendredi.

Procès commun avec Karadzic ?

Catherine Ashton, représentante de la diplomatie européenne, a dit s'attendre à une extradition de Ratko Mladic vers le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) de La Haye dans un délai de neuf ou 10 jours. Toutefois, son arrestation est probablement intervenue un peu trop tard pour permettre d'organiser un procès commun avec Radovan Karadzic, l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie.

Ce dernier a été arrêté en juillet 2008 et son procès s'est ouvert en octobre 2009. Les deux hommes ont été inculpés en 1995. Les procureurs du TPIY voulaient initialement les juger en même temps mais ils avaient dû se résoudre à séparer leurs cas peu avant l'ouverture du procès de Radovan Karadzic, Ratko Mladic restant introuvable.

Frederick Swinnen, conseiller spécial de Serge Brammertz, le procureur en chef du TPIY, a jugé prématuré d'évoquer une réunion des deux dossiers en soulignant que cela retarderait le procès de Radovan Karadzic.

Peter Robinson, l'un des avocats de Karadzic, a dit que son client regrettait l'arrestation de son ancien allié. "Le docteur Karadzic se désole de la perte de liberté du général Mladic. Il est impatient de collaborer avec lui pour faire éclater la vérité sur ce qui s'est passé en Bosnie", écrit Peter Robinson dans un courriel adressé à Reuters.

Cette arrestation était une condition posée par l'UE à l'intégration future de la Serbie

Des nationalistes serbes continuent de considérer Ratko Mladic comme un héros et l'un de leurs représentants politiques a vivement critiqué le gouvernement. "Cette arrestation honteuse d'un général serbe est un coup porté à nos intérêts nationaux et à l'Etat. C'est un régime de menteurs sales, corrompus et infidèles, un régime opéré par la police secrète", a dénoncé Boris Aleksic, porte-parole du Parti radical serbe.

Plusieurs dizaines de nationalistes et de hooligans se sont rassemblées jeudi soir dans le centre de Belgrade pour protester contre cette arrestation. La police les a dispersés après quelques accrochages, a constaté un journaliste de l'agence Reuters.

Annonçant jeudi cette arrestation, le président serbe Boris Tadic a jugé qu'elle "retire un lourd fardeau à la Serbie et ferme une page de notre douloureuse histoire." L'arrestation de Mladic était une condition posée par l'UE à l'intégration future de la Serbie et le commissaire européen à l'Elargissement, Stefan Füle, a confirmé que sa capture levait un obstacle majeur. Il a cependant invité Belgrade à poursuivre encore ses réformes.

A Deauville, où il est l'hôte du G8, le président français Nicolas Sarkozy a déclaré qu'il s'agissait d'"une étape de plus vers l'intégration un jour prochain de la Serbie dans l'Union européenne".

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.