Les services du procureur de New York ont rencontré mercredi la défense de Dominique Strauss-Kahn pour débattre des charges qui pèsent sur lui, une réunion jugée "constructive" par ses avocats.

Aucune partie n'a officiellement évoqué l'ordre du jour de la rencontre mais, à en croire le New York Times, un abandon des charges retenues contre l'ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI) ou leur atténuation peuvent faire partie de la négociation qui s'est maintenant ouverte.

Les défenseurs de Dominique Strauss-Kahn, Benjamin Brafman et William Taylor, sont arrivés dans les bureaux du procureur de l'Etat de New York, Cyrus Vance Jr, peu avant midi (16h00 GMT).

"Nous avons eu une réunion constructive. C'est tout ce que nous dirons. Nous ne répondrons à aucune question (...) Il n'y a rien à ajouter", a déclaré Benjamin Brafman à sa sortie du tribunal de Manhattan, deux heures plus tard.

On ignore si Cyrus Vance a assisté en personne à la réunion. On l'a aperçu en train de quitter son bureau dans la matinée avant l'arrivée des avocats.

Dominique Strauss-Kahn, qui n'était pas présent dans le bureau du procureur, a quitté en voiture son domicile de Manhattan pendant qu'elle était en cours et devrait rencontrer ses avocats pour faire le point du dossier.

La crédibilité de la femme de chambre qui accuse l'ancien patron du FMI de tentative de viol a été affaiblie par ses mensonges et le procureur pourrait ne pas attendre la prochaine audience, fixée au 18 juillet, pour faire mouvement.

NÉGOCIATION

Selon le New York Times, l'abandon des poursuites pour tentative de viol ou la possibilité pour l'inculpé de se voir notifier un chef d'inculpation moins grave s'il accepte de plaider coupable figurent parmi les possibilités.

Mais les avocats de l'ancien ministre français des Finances ont depuis le début de l'affaire, le 14 mai, toujours dit que la relation entre leur client et la femme de chambre guinéenne était consentie et que Dominique Strauss-Kahn refusait de reconnaître le moindre comportement délictueux.

Le New York Post présentait mardi comme une "certitude" l'abandon des charges qui pèsent contre l'ancien favori des sondages en vue de l'élection présidentielle de 2012.

Le procureur a reconnu vendredi dernier que la crédibilité de la femme de chambre du Sofitel était affaiblie par ses mensonges, notamment pour obtenir le statut de réfugié politique aux Etats-Unis.

Un tribunal de Manhattan avait déjà pris acte vendredi dernier des doutes sur la femme de ménage et accepté de libérer Dominique Strauss-Kahn sur parole.

Le procureur de New York avait alors annoncé que l'enquête se poursuivait dans la mesure où il est avéré qu'un rapport sexuel a eu lieu entre les deux protagonistes.

Le tout est de savoir s'il a été consenti, comme l'affirme la défense de ce dernier, ou accompagné de violences, comme l'avance l'avocat de la plaignante guinéenne.

Le New York Times affirme à son tour mercredi que, contrairement à ce qu'avait avancé le procureur, la jeune femme n'a pas pas nettoyé une autre chambre après sa rencontre avec Dominique Strauss-Kahn.

LE PROCUREUR REMIS EN CAUSE

Cyrus Vance Jr. lui même, fait l'objet d'une remise en cause par l'avocat de la plaignante. Kenneth Thompson lui a adressé une lettre mercredi dans laquelle il lui demande de renoncer au dossier et de confier l'affaire à un procureur spécial. Le défenseur de l'accusation reproche à Cyrus Vance d'avoir laissé fuiter dans la presse des informations sur sa cliente.

Il craint aussi des conflits d'intérêt en raison de la présence, parmi les membres du bureau du procureur de Karen Friedman Agnifilo. Cette dernière serait l'épouse d'un associé des avocats de Dominique Strauss-Kahn, Marc A. Agnifil, comme en a déjà fait état le New York Times en juin. Elle aurait toutefois pris soin de prévenir Cyrus Vance de ce lien au moment où l'affaire à été confiée au cabinet de son mari.

Le procureur de New York a fait savoir par son porte-parole qu'il refusait de se dessaisir du dossier. "L'enquête se poursuit" a seulement annoncé le bureau de Cyrus Vance à l'issue de la réunion avec les avocats de Dominique Strauss-Kahn.

PLAINTE À PARIS

Le relevé des cartes électroniques du Sofitel montrerait en effet qu'elle avait déjà nettoyé cette chambre dans la matinée du 14 mai avant d'entrer peu après midi, heure de New York, dans celle de l'ancien ministre français de l'Economie. Elle se serait seulement réfugiée pendant quelques minutes dans cette chambre après l'agression supposée.

Même si les poursuites sont abandonnées contre Dominique Strauss-Kahn, le Parti socialiste a déjà fait son deuil de la candidature de l'ancien favori des sondages à la primaire interne en vue de la présidentielle de 2012.

A Paris, Tristane Banon, une Française de 32 ans qui se dit victime d'une tentative de viol de la part de Dominique Strauss-Kahn en 2003, a déposé plainte, selon son avocat David Koubbi, qui a parlé de faits "d'une particulière violence et d'une particulière gravité". Ce courrier est arrivé mercredi au parquet de Paris, qui l'étudie, a-t-on appris de source judiciaire.

Une tentative de viol est passible de la cour d'assises et le maximum de la peine est de 15 ans de réclusion criminelle. La peine peut être supérieure en cas de circonstances aggravantes.

Dominique Strauss-Kahn a contre-attaqué en chargeant ses avocats de porter plainte pour dénonciation calomnieuse, a déclaré l'un de ses défenseurs.