La tension avec la Serbie nuit à l'économie du Kosovo

La crise qui a éclaté le 25 juillet entre la Serbie et le Kosovo est en voie d'apaisement à la suite d'un accord entre la KFOR et la minorité serbe. Mais tant que l'instabilité règne, l'économie du Kosovo souffre.
Au poste frontière de Jarinje, entre la Serbie et le Kosovo. Des Serbes de souche ont attaqué un poste-frontière dans le nord du Kosovo et ont ensuite échangé des tirs avec des soldats de l'Otan, a annoncé la Force de sécurité au Kosovo (KFOR).

C'est une querelle de chien et chat. La crise qui a débuté la semaine dernière dans le nord du Kosovo semble être en voie d'apaisement, suite à un accord conclu entre la Force de l'Otan au Kosovo (KFOR) et des représentants serbes dans la nuit de mercredi à jeudi. Pristina avait d'abord rejeté cet accord jugé "inacceptable", mais le Premier ministre kosovar, Hashim Thaci, a finalement assoupli ses positions à la suite de ce qu'il a appelé une "rencontre fructueuse" avec le commandant de la KFOR, le général Erhard Buehler.

Après deux ans d'embargo sur les exportations kosovares par la Serbie - qui ne reconnaît pas l'indépendance du Kosovo - Pristina a finalement riposté lundi 25 juillet en envoyant une unité de police à la frontière kosovare pour bloquer les importations de Serbie et ainsi imposer son contrôle dans le nord du pays où se trouve la minorité serbe.

Cette initiative kosovare a été très mal ressentie par cette minorité, suscitant de vives tensions qui ont escaladées jusqu'à l'attaque d'un poste frontière par des Serbes et des échanges de tirs avec des soldats de l'OTAN. Un policier kosovar avait été tué.

Ce blocage des marchandises à la frontière serbo-kosovar pénalise-t-il vraiment l'économie de la jeune république sécessioniste, la région la plus pauvre d'Europe ?

La Serbie est certes le deuxième partenaire commercial du Kosovo, mais celui-ci reste néanmoins peu dépendant de sa voisine, estime Agim Demukaj, chercheur au bureau de la Banque Mondiale à Pristina. En effet, le Kosovo importe déjà son pétrole de la Macédonie voisine, son premier partenaire économique, et pourrait, si nécessaire, aussi s'approvisonner en céréales et matériaux de construction à partir d'autres pays balkaniques, même si cela lui reviendrait plus cher.

Le Kosovo est par ailleurs peu dépendant de ses voisins pour écouler sa production. Il n'exporte que peu : les exportations ne représentent que 10% de son produit intérieur brut (PIB).

45% de la population active est au chômage

Cependant, "la situation instable dans le nord du pays, couplée à la corruption endémique et au crime organisé reste un frein au développement économique du pays" précise le chercheur. Le gouvernement manque de moyens et peu d'entreprises étrangères investissent au Kosovo à cause de cette instabilité, alors qu'il y a tout à construire. Encore aujourd'hui, des pannes de courant sévissent 2 à 3 heures par jour dans tout le pays sauf dans la capitale, Pristina.

Avec un chômage estimé à 45% de la population active et une pauvreté qui touche plus d'un tiers de la population kosovare, l'économie du pays reste ainsi très dépendante des transferts de fonds des Kosovars qui ont immigrés en Europe de l'Ouest, notamment en Allemagne et en Suisse. Sans compter l'aide humanitaire encore conséquente.

Certes, l'économie a crû entre 3 et 5% du PIB par an depuis les années 2000, mais de nombreux potentiels restent inexploités à cause de la situation politique et de la corruption du pays.

"J'ai rencontré des investisseurs potentiels qui ne comprennent pas pourquoi ils doivent payer une somme importante au gouvernement pour pouvoir commencer les affaires ici", témoigne le chercheur.

Mais l'avenir économique du Kosovo n'est pas complètement sombre. 47% des entreprises qui investissent déjà au Kosovo prévoient une expansion de leurs activités dans le pays dans les années à venir. La Banque mondiale prévoit une croissance de 5,3% cette année, grâce au boom dans la construction.

En attendant, le dialogue entre Pristina et Belgrade interrompu en juillet est censé reprendre en septembre sous l'égide de l'Union européenne (UE). Au terme de l'accord, les troupes de l'OTAN contrôleront jusqu'à la mi-septembre les postes-frontières de Jarinje et de Brnjak, dont elles s'étaient emparées la semaine dernière. La crise s'est ainsi calmée, mais pour combien de temps ? Tant que le statut du Kosovo n'est pas fixé, la crise couve à tout moment.

Or, seuls 54 des 192 pays de l'ONU, et vingt-deux des vingt-sept pays de l'UE, ont reconnu l'indépendance du Kosovo. Une situation qui freine le développement économique du pays.

Commentaires 4
à écrit le 06/08/2011 à 15:02
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Selon moi, la republique centrafricaine est le 77e pays a avoir reconnu en juillet le Kosovo.

à écrit le 06/08/2011 à 10:42
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"Au 22 juillet 2011, 77 États membres de l'ONU, ainsi que Taïwan, ont formellement reconnu le Kosovo comme un État indépendant et souverain." Sources: wikipedia

à écrit le 05/08/2011 à 23:48
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Pour info,le statut du Kosovo est déjà fixé.L'indépendance à été proclamée et est reconnu,comme vous le dite par 22 des 27 de l'UE.Pour les 5 autres,il ne s'agit ni plus ni moins de calculs politiques internes(ex:Espagne,quid du Pays Basque,:.En ce q...

le 06/08/2011 à 16:23
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Les choses oront mieux quand l'actuel dirigeant du KOSOVO auquel ont à déroulé le tapis rouge sera enfermé à vie Mr Thaci est un criminel en puissance. Par contre les Alabanais du Kosovo feraient bien de le juger et de le sortir... Sources EULEX....

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