Elargissement du FESF : l'avenir de l'Europe entre les mains de la Slovaquie

Le ministre slovaque des finances espère un accord sur l'élargissement du Fonds européen de stabilité financière cette semaine. Quant au Premier ministre slovaque, il sous-entend qu'il pourrait démissionner en cas de rejet. De leur côté, les députés maltais ont ratifié lundi soir le plan FESF, il ne reste plus qu'à la Slovaquie de se prononcer.
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Les députés du parlement maltais ont ratifié lundi soir à l'unanimité l'élargissement du Fonds européen de stabilité financière (FESF). Le gouvernement de La Valette dispose d'une courte majorité parlementaire, mais l'opposition travailliste avait fait savoir qu'elle voterait le texte. La contribution de Malte au FESF a été augmentée. Elle était de 398 millions d'euros et passera à 704 millions d'euros.

En Slovaquie, malgré le blocage exercé par l'un des partis de la coalition au pouvoir, cet accord devrait être validé cette semaine a déclaré ce mardi le ministre des finances.

Mais l'avenir de l'Europe passe par Bratislava. Deux semaines après le "oui" allemand à la version élargie du Fonds européen de stabilité financière (FESF), c'est désormais la Slovaquie et ses 5 millions d'habitants qui focalise l'attention. C'est au parlement de la jeune république carpatique que revient la responsabilité d'en finir avec le cycle des validations nationales des décisions du 21 juillet dernier. Mais l'agrément slovaque est loin d'être acquis en raison du refus persistant de l'un des quatre partis de la coalition au pouvoir, le parti libéral Liberté et Solidarité (SaS). Un parti dont les voix sont indispensables à la majorité de la chef du gouvernement démocrate-chrétienne, Iveta Radicova. Et comme le principal parti d'opposition, le Smer de l'ex-Premier ministre Robert Fico, a conditionné son appui au texte à de nouvelles élections qui, pense-t-il, lui seraient favorable, l'option d'un rejet slovaque du nouveau FESF n'est pas à écarter. D'autant que lundi, les négociations menées au sein de la coalition n'avaient débouché sur aucun résultat, le SaS demeurant ferme sur sa position. Ce mardi la situation ne s'est pas amélioriée. Iveta Radicova, qui sollicite la confiance du parlement sur ce texte, a même annoncé q'aucun accord n'avait été trouvé au sein de la coalition.

Selon le président de ce parti, Richard Sulik, la Slovaquie, pays le plus pauvre de la zone euro, ne peut se permettre de financer la Grèce. Il est vrai que, selon Eurostat, en 2010, le salaire moyen net annuel en Slovaquie était de 5.772 euros, contre 11.220 euros en Grèce. Mais les hésitations slovaques traduisent surtout une différence de culture économique avec les Hellènes. A partir de 1998, la Slovaquie est devenue un modèle de croissance et de compétitivité à coup de réformes libérales comme l'instauration d'un taux d'imposition unique, d'une réforme des retraites et de la suppression de la plupart des subventions. Elle est ainsi parvenue à entrer dans la zone euro avant son grand voisin tchèque. Du coup, accorder 4,4 milliards d'euros de subventions pour financer le modèle économique grec fondé sur la demande intérieure passe mal. Rien d'étonnant donc à ce que la moitié des Slovaques soutienne aujourd'hui la position de Richard Sulik.

En théorie, un refus slovaque rendrait caduques les réformes du 21 juillet 2011 qui doivent être validées par l'ensemble des pays de la zone euro. Mais Ivieta Radicova ne cache pas son intention de faire revoter le parlement jusqu'à obtenir un accord. « Si le FESF est rejeté, nous pouvons dire adieu à notre croissance », a-t-elle avancé. Mais si le SaS refuse de bouger, elle devra sans doute céder aux exigences du Smer et c'est alors à son fauteuil de Premier ministre qu'elle devra dire adieu.

Démission possible en cas d'échec

S'adressant aux journalistes après l'échec des discussions de lundi, Iveta Radicova n'a pas explicitement brandi la menace d'une démission, mais elle a laissé entendre qu'elle aurait des choix difficiles à faire. "Maintenant, il importe de prendre une décision responsable sur la façon de continuer, que je présenterai aux partenaires de la coalition. Je prendrai une décision responsable d'ici demain matin", a-t-elle dit à la presse en début de soirée.

De source gouvernementale, on était plus explicite. "Le Premier ministre a proposé aux partenaires de la coalition trois possibilités : lier le vote sur le FESF à un vote de confiance, démissionner avant le vote ou démissionner en cas d'échec lors du vote", a-t-on dit à Reuters.

Avec 21 sièges sur les 77 que contrôle la coalition, le SaS peut empêcher le gouvernement de remporter la majorité des voix au parlement (150 sièges). Le parti Smer (opposition de gauche) soutient l'élargissement du FESF, mais a fait savoir qu'il ne voterait pas en faveur du plan si le gouvernement est divisé sur la question. Il a réclamé d'autre part un remaniement gouvernemental en échange de son soutien.

Le Parlement slovaque peut voter sur le plan FESF de manière répétée, l'échec éventuel du vote de mardi ne préluderait donc pas du rejet définitif du projet par Bratislava.

Quel rôle pour la BCE?

Au-delà de l'élargissement des attribution de ce Fonds déjà prévue par l'accord du 21 juillet, des voix se sont élevées en Europe pour étendre encore plus ses prérogatives. Il s'agirait de lui faire jouer le rôle de stabilisateur en l'autorisant par exemple à se financer auprès de la Banque centrale européenne pour ensuite venir en aide aux pays en difficultés.

Jean-Claude Trichet, l'ancien directeur de la BCE, s'est de nouveau déclaré opposé à ce principe ce mardi, moins d'une semaine après sa dernière conférence de presse. En tant que président du Comité européen du risque systémique, il s'exprimait au Parlement européen où il a appelé les gouvernements à "agir de concert au plus vite" contre une crise qui aurait "atteint une dimension systémique".

Commentaires 13
à écrit le 11/10/2011 à 20:48
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S'ils votent NON, il devront revoter jusqu'au OUI. S'ils persistent on l'appellera FSEF et on se passera de leur avis. (ca vous rappelle rien ?)

à écrit le 11/10/2011 à 17:21
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Il y en a pour croire qu'ils vont refuser ?!! HAhahahaha ! Mais oui c'est ça !

le 11/10/2011 à 20:35
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eh bien ça y est : ils ont dit non. Oh les vilains pas beaux !

à écrit le 11/10/2011 à 12:20
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Nous les pauvres nous sommes bons à contribuer aux riches:honte à ceux qui le demande

à écrit le 11/10/2011 à 9:42
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Bravo la Slovaquie. Enfin des responsables avec un peu de bon sens. On ne resout pas une crise de la dette avec de la dette supplémentaire.

le 12/10/2011 à 0:32
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Bravo les slovaques !!! Hip hip hip hourra pour le parlement slovaque !!! Voilà un parlement qui ose dire non !

à écrit le 11/10/2011 à 9:19
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Elle fait surtout la démonstration qu'elle n'a pas sa place dans la zone euro et que , plus fondamentalement ,l'élargissement de l'UE à des pays pauvres , à la culture démocratique incertaine était une grave erreur .

le 11/10/2011 à 11:40
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qu'es ce qu'une culture democratique? Es dire toujours oui a ce systeme fou dirigé par les banques qui nous mene dans le mur, ou alors es se remettre en question et reflechir a une autre solution qui ne rajouterait pas de la dette a la dette? Attenti...

à écrit le 11/10/2011 à 8:35
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En faisant revoter jusqu'à l'obtention du "oui", il ne s'agirait que d'un aveu obtenu sous la contrainte ou l'acharnement "thérapeutique". La loi du plus fort est toujours la meilleure !

le 11/10/2011 à 11:26
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Effectivement ?? le premier vote avait été non? et des quel droit en democratie on refait voter jusqu'au oui ??? Bonne mémoire

à écrit le 11/10/2011 à 8:02
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La Slovaquie fait la démonstration que l'Europe doit changer de système de gouvernance. L'unanimité ne peut plus être une méthode de décision à 27. Cela rend les décisions pratiquement impossibles et conduit au chantage de certains.

le 11/10/2011 à 10:35
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C'était justement un des éléments essentiels du Traité Constitutionnel de 2005 que les ignares français rejetèrent.

le 11/10/2011 à 20:15
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La Slovaquie est un état souverain. Et heureusement.

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