Tokyo intervient pour affaiblir le yen

Le gouvernement japonais est à nouveau intervenu ce lundi sur le marché des changes pour affaiblir le yen, qui venait de battre un nouveau record face au dollar.
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Le dollar a bondi en quelques minutes au-dessus de 78 yens, alors qu'il avait chuté peu avant jusqu'à 75,32 yens, son plus faible niveau depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. A 1h40, il cotait 78,50 yens.

L'euro s'est aussi envolé face au yen et cotait 110,71 yens, contre à peine plus de 107 yens dans les premiers échanges asiatiques dans la matinée.

Le billet vert n'en finit plus de chuter depuis des mois face à la monnaie japonaise, à cause des hoquets de l'économie américaine et de la crise d'endettement de pays européens, menaçant de plus en plus la reprise de l'activité du Japon en récession.

Peu avant la crise financière de 2008-2009, le dollar a coté jusqu'à 120 yens.

Quelques minutes après le nouveau record de faiblesse établi dans la matinée par du billet vert, le ministre japonais des Finances avait menacé de vendre massivement des yens sur le marché afin d'en affaiblir la valeur. "Si la situation l'exige, nous prendrons des mesures décisives", avait prévenu Jun Azumi lors d'une conférence de presse.

Il avait attribué cette nouvelle flambée du yen à "d'importants mouvements spéculatifs", estimant qu'il n'y avait "pas de raison objective au nouveau record" établi par la devise japonaise. Jun Azumi avait agité la menace d'une intervention plusieurs fois ces derniers jours, sans la mettre à exécution jusqu'à présent.

Les autorités nippones étaient déjà intervenues unilatéralement sur le marché en septembre 2010 et en août dernier, ainsi qu'une autre fois en mars 2011 avec l'appui des autres pays riches du G7. Ces actions ont temporairement diminué la valeur du yen, mais jamais de façon durable.

Jeudi, la banque centrale du Japon (BoJ) a décidé d'assouplir davantage sa politique monétaire pour contrer la cherté de la monnaie nippone, en augmentant les montants qu'elle s'autorise de consacrer à l'achat de bons du Trésor japonais, mais cette mesure n'a pas eu d'effet sur les taux de change.

Un yen trop élevé renchérit le coût des produits fabriqués au Japon sur les marchés extérieurs, oblige les entreprises nipponnes à rogner leurs marges et amoindrit la valeur de leurs revenus tirés de l'étranger.

Le tout freine les exportations, incite les industriels à transférer des usines hors du Japon et à s'approvisionner en dehors du pays, au détriment de l'économie de l'archipel.

Ce renchérissement de la devise nippone est malvenu pour la troisième puissance économique mondiale qui est plongée depuis la fin 2010 dans une récession aggravée par le séisme et le tsunami du 11 mars.

Cette catastrophe naturelle a non seulement provoqué la mort de près de 20.000 personnes dans la région du Tohoku (nord-est), mais aussi entraîné un accident nucléaire à Fukushima, détruit des usines, provisoirement rompu les circuits d'approvisionnement des entreprises et plombé le moral des ménages.

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