Kiev se met à l'heure de 1984. Malgré le renversement du pouvoir et l'organisation avec succès d'élections, le Parlement a voté le 2 décembre pour la création d'un ministère de l'Information, rapportent de nombreux médias ukrainiens, cités dans un article de Courrier international. Tous évoquent un "ministère de la Vérité", en référence au roman de Georges Orwell.
"Le seul nom du ministère montre qu'il sera en charge de la politique d'information du pays entier, des programmes pour enfants aux annonces sur les réseaux sociaux", commente pour le Kyiv Post Serhiy Leshcenko, ancien journaliste d'investigation et désormais législateur pour l'alliance politique Bloc Petro Porochenko.
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Le ministère va "assurer la liberté d'expression"
Proche allié du président ukrainien, Yuri Stets assure pourtant qu'il ne sera pas une menace. Ancien producteur en chef à Channel 5, que Petro Porochenko possède, il explique ainsi que son ministère va "élaborer et mettre en œuvre des normes professionnelles dans la sphère des médias", "assurer la liberté d'expression" et il devrait également empêcher les dommages causés aux personnes par "des informations incomplètes, périmées ou irréelles".
Tant les médias que les organismes internationaux de défense de la liberté de la presse ont des doutes quant à cette version des faits. Avant la validation de la création du ministère par le président ukrainien, Reporters sans frontières s'inquiétait par la voie de son secrétaire général Christope Deloire d'une "régression majeure" ouvrant "la voie à de graves dérives". Pour lui, il s'agit de "la pire des réponses possibles aux graves défis posés aux autorités ukrainiennes".