Alibaba mise sur Kuaidi, le Uber chinois

Aux côtés de SoftBank, le géant de la vente en ligne, déjà actionnaire de la startup, a remis au pot. La très populaire application de réservation de chauffeur, évaluée à plus de 2 milliards de dollars, aurait ainsi levé 600 millions de dollars pour se muscler sur le marché chinois.
Lancée en 2012, l'application pour smartphone Kuaidi Dache permet de réserver une voiture avec son téléphone puis de suivre sur l'écran la localisation du véhicule et de finalement régler la course en ligne via un système de paiement intégré, comme avec Uber.

Tour de table réussi pour Kuaidi Dache, sorte de Uber chinois. L'opération, menée conjointement par le groupe japonais de télécommunications SoftBank et deux actionnaires actuels de Kuaidi - Alibaba, numéro un chinois de la vente en ligne et le fonds américain Tiger Global Management -, est-il précisé dans un communiqué, a permis à la très populaire application de réservation de chauffeur de lever 600 millions de dollars afin de se muscler sur un marché en plein essor et très concurrentiel.

Celle-ci intervient alors que, dans un éditorial, le quotidien officiel China Daily appelait jeudi à "la fin du monopole" d'Etat sur le secteur des taxis, frappé par une vague de grèves dans le pays contre les bas salaires. Un air de déjà vu ?

54% du marché

Lancée en 2012, l'application pour smartphone Kuaidi Dache permet de réserver une voiture avec son téléphone puis de suivre sur l'écran la localisation du véhicule et de finalement régler la course en ligne via un système de paiement intégré, exactement comme le fait Uber, qui a d'ailleurs un temps ouvert sa porte aux taxis parisiens, avant d'être contraint de la refermer, sous la trop forte pression de certaines centrales de réservation...

Lire: le curieux cas d'Uber, ni taxi, ni VTC

Kuaidi Dache, qui compte aujourd'hui quelque 200 millions d'usagers enregistrés dans plus de 350 villes, pour une flotte de plus d'un million de véhicules, contrôlait au troisième trimestre 54,4% du marché chinois des réservations de taxi, contre 44,9% de parts pour Didi Dache - une application similaire appuyée par Tencent, autre mastodonte de l'internet local -, selon des chiffres du cabinet Analysys International.

Quel avenir pour ces applications ?

De l'avis des experts, le soutien d'Alibaba et Tencent à ces populaires applications de taxis pourrait être un moyen pour eux de conforter leur base d'usagers sur smartphones. De son côté, Baidu, autre géant de l'internet chinois, avait indiqué mi-décembre avoir réalisé un investissement stratégique massif - d'un montant non précisé, mais pouvant atteindre 600 millions de dollars - dans l'américain Uber, valorisé quelque 40 milliards de dollars.

Lire: pourquoi Uber vaut bien ses 40 milliards de dollars

Ce service de voitures avec chauffeur (VTC) est apparu en Chine en août 2013 et opère maintenant dans neuf métropoles, dont Pékin, Shanghai et Canton, espérant trouver sa place sur un marché en plein boom mais de plus en plus réglementé par les autorités.

Le gouvernement a ainsi récemment interdit l'usage de telles applications pour faire appel à des véhicules privés sans licence, ont indiqué des médias d'Etat. "Il est naturel que les clients préfèrent les commodités d'applications" pour les taxis malgré ces interdictions, a souligné l'éditorial du China Daily.

Taxis en grève

Et alors qu'il est parfois difficile de trouver un taxi aux heures de pointe sans avoir recours à Kuaidi Dache ou Didi Dache, de nombreuses municipalités ont tenté de leur imposer des limitations en termes d'horaires - ou même d'en interdire l'usage aux conducteurs en train de rouler pour des raisons de sécurité.

Les pressions exercées sur le secteur ont par ailleurs poussé les chauffeurs de taxi à entamer ces derniers jours des mouvements de grève dans plusieurs villes chinoises, dont Jinan et Nankin (est) ou Shenyang (nord-est). Ils se plaignent notamment de la concurrence jugée illégitime des véhicules privés ou voitures de location, facilement accessibles via les applications téléphoniques. Leur manquerait-il un projet de loi Thévenoud ?

Lire aussi: Taxis contre VTC: jusqu'où réguler l'innovation ?

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