La Grèce s'attend à une saison touristique maussade

Alors qu'en 2011, le pays avait pu profiter d'un afflux de touristes à la faveur du Printemps arabe, la saison 2012 s'annonce plus sombre. En raison du chaos politique et des incertitudes économiques, les réservations sont en forte chute dans les principales destinations qu'offre la Grèce.
Porto Heli, dans la péninsule grecque du PéloponnèseCopyright AFP

En Grèce, même le tourisme est en crise. Le deuxième secteur économique du pays après la marine marchande -15,7% des revenus et 768.000 emplois directs et indirects- vit en effet des heures sombres à mesure que la situation politique et économique se détériore. Pourtant en 2011, la Grèce avait pu profiter du vent de révolte qui soufflait dans la pays arabes pour attirer les vacanciers. Avec 16,4 millions de visiteurs, la fréquentention touristique affichait ainsi une hausse de 9,46% par rapport à l'année précédente et de 9,5% du chiffres d'affaires à 10,5 milliards d'euros.

Baisse des réservations de 50% depuis le 6 mai

Mais en raison des incertitudes pesant sur l'avenir du pays, la saison 2012 ne s'annonce pas sous les meilleures auspices. "A la suite des élections législatives du 6 mai, nous avons connu une baisse des réservations de 50%. La raison: l'instabilité politique", explique pessimiste George Drakopoulos, directeur de la principale association des professionnels du secteur, le SETE, alors que le pays doit retourner aux urnes le 17 juin faute d'avoir pu constituer un gouvernement.  "Beaucoup d'hôtels font des efforts considérables, mais il ne s'agit pas de cela. C'est une question de sécurité et de rapport qualité prix", estime t-il.

Une vision faussée du pays entretenue par les médias étrangers

A Nauplie, port du Péloponnèse, les réservations sont au point mort depuis les élections, après avoir dégringolé de 25 à 30% depuis janvier, selon Panagiotis Moriatis, professionnel du secteur, qui impute cette baisse non seulement à la crise dans laquelle le pays est englué depuis 2010, mais aussi à la contre-publicité des grèves et manifestations en plein coeur historique d'Athènes, et aux images d'une capitale à feu et à sang. "Les média étrangers n'ont présenté que les heurts autour de (la place centrale d'Athènes) Syntagma sans rien montrer du reste de la Grèce, où les conditions sont à l'exact opposé", déplore-t-il. Ainsi en France, les réservations d'été pour la Grèce ont baissé de 30%. "Il y a un impact psychologique du contexte global sur la clientèle, c'est certain", dit René-Marc Chikli, président de l'association des tours-opérateurs français CETO.

La Grèce conserve des "adeptes fidèles"

Le tableau n'est cependant pas aussi sombre pour la Grèce qui jouit d'une géographie et de conditions climatiques à faire pâlir d'envie certains pays d'Europe en meilleure santé financière. John Kester, analyste des tendances touristiques pour l'organisation mondiale du tourisme, basée à Madrid, estime toutefois que la Grèce conserve des "adeptes fidèles, qui connaissent le pays, et ce public n'est pas influencé par la couverture médiatique". Le secrétaire général de l'Organisation onusienne, Taleb Rifai, prédit lui une "croissance positive, bien qu'inférieure à 2011" et voit dans la Grèce "une réelle mine d'or".

La thèse selon laquelle les Allemands bouderaient en masse la Grèce par crainte de s'attirer la foudre des Grecs, courroucés par l'austérité administrée par la chancelière allemande Angela Merkel et l'UE, apparaît en outre battue en brêche. Si les réservations venues d'Allemagne ont nettement marqué le pas en début d'année, "une véritable reprise est observable depuis quelques semaines", selon Anja Braun, porte-parole du groupe de tourisme allemand TUI qui note une "évolution au-dessus de la moyenne" en Crète. "Beaucoup sont des habitués, ils savent aussi que sur les îles, on n'est pas affecté. Au rythme où ça va, il y a de bonnes chances pour que le nombre de touristes allemands soit stable" par rapport à 2011, où ils étaient 2,5 millions, soit la principale manne de revenus du tourisme en Grèce, dit Sybille Zeuch, de la fédération allemande DRV.

Certains tours-opérateurs se préparent au retour de la Drachme

En Autriche, aux Pays-Bas, où les réservations pour la Grèce ont baissé de 13%, et en Italie, les professionnels avancent aussi des difficultés économiques internes. Sans donner de détails, certains tours-opérateurs se préparent d'ailleurs à l'adoption d'une autre devise par une Grèce sortie de la zone euro, comme en Grande-Bretagne, où "la Grèce reste une destination en vogue", selon un porte-parole de TUI. "Nous avons des plans de secours si le pays venait à sortir de l'eurozone et nous continuons à travailler avec nos fournisseurs grecs et nos hôtels partenaires", indique-t-il. "Les tours-opérateurs sont à l'écoute pour pouvoir renégocier très vite les contrats avec les hôteliers", ajoute René-Marc Chikli. Pour Peter Voigt, professeur à la faculté de tourisme de Munich, un changement de monnaie "peut en théorie être très intéressant pour les voyagistes allemands, car ils pourraient réaliser de juteux gains de change". Pour les touristes, il voit "plus de risques, en particulier si la Grèce se met à connaître une inflation galopante. Au plus fort de la crise en Argentine, une tasse de café pouvait coûter 15 dollars", dit-il.

Commentaires 7
à écrit le 20/05/2012 à 15:03
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Qu'ils sortent donc de l'Euro. Avec un Drachme de moitié moins cher que l'Euro actuel, ils redeviendront compétitifs face à la Turquie et autres destinations exotiques. La Grèce doit retrouver sa liberté monétaire et cesser de s'infliger la monnaie a...

à écrit le 20/05/2012 à 13:38
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J'ai parcouru, comme tous les dix ans depuis les années 70, la totalité du pays en octobre 2011. La déception était au RV. Si le pays est toujours aussi beau, les grecs sont pourris par l'argent. Mauvais accueil, beaucoup d'arnaques minables sur le...

à écrit le 20/05/2012 à 1:02
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Très déçu par la Grèce que nous visitons en ce moment. Non seulement les sites sont très décevants par rapport à la Syrie (plus vraiment visitable en ce moment) mais surtout très mal valorisés. L'accueil est assez médiocre. Les indications des si...

le 22/05/2012 à 9:57
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Alors je ne suis pas du tout d'accord avec vous. Certes les musees ferment plus tot (reduction budgetaire oblige) mais apres les sites restent quand meme de bonne qualite et je n'ai pas de soucis pour les indications. L'acceuil est largement plus c...

à écrit le 19/05/2012 à 11:19
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SURTOUT SI ELLE QUITTE L EURO...LE PIRE !

à écrit le 18/05/2012 à 19:51
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Tres bon moment pour acheter une ile ou deux...

à écrit le 18/05/2012 à 18:45
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En effet, Athènes n'est pas à feu et à sang. Les métros fonctionnent et l'électricité n'est pas coupée toutes les heures. Sans compter que les îles sont toujours aussi paradisiaques et que les Grecs seront ravis d'accueillir les touristes. Bref, pour...

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