Que vaut l'axe franco-italien au niveau européen ?

La visite de François Hollande à Rome n'a pas permis d'établir un axe solide entre Rome et Paris avant le conseil européen de la fin juin. Mario Monti entend plutôt se poser en intermédiaire entre la France et l'Allemagne, dont les autorités ne cessent de féliciter le leader italien pour la politique qu'il mène.
François Hollande et Mario Monti, lors de leur conférence de presse, jeudi, donnée à l'issue de leur rencontre /Copyright AFP

« Une fortissime convergence de vues. » A l'issue de leur tête-à-tête de près de deux heures jeudi à Rome, François Hollande et Mario Monti ont multiplié les déclarations pour souligner combien il existait une sorte « d'axe franco-italien » dans la gestion de la crise de l'euro.

Eviter de montrer les désaccords

En public, les deux hommes, l'un socialiste, l'autre d'inspiration plus libérale, ont ainsi évité de montrer leurs désaccords pour afficher une entente parfaite dans leur volonté de relancer la croissance de l'Union européenne (UE) en parlant notamment de « project bonds » pour financer des investissements d'infrastructures en Europe. Pour illustrer cette convergence, les deux présidents n'ont pas hésité à limer leurs discours.

Le président du Conseil italien a par exemple évité d'évoquer son approbation du pacte budgétaire européen et son engagement de remettre les finances publiques en ordre avec pour objectif l'équilibre budgétaire dès 2013. De son côté, la président français a souligné que « la croissance est indispensable et le sérieux budgétaire ne s'oppose pas à la croissance ». Tout en insistant pour dire « qu'il ne se contentera pas de demi-mesures » lors du prochain sommet européen des 28 et 29, il a rappelé son souhait de voir la création « d'eurobonds » mais précisé que c'était un objectif de moyen terme.

Ne pas heurter de front la chancelière allemande

Mario Monti partage l'idée des eurobonds mais ne souhaite pas heurter de front la chancelière allemande Angela Merkel. « Ne la mettons pas le dos au mur », aurait ainsi indiqué au cours de la réunion bilatérale le président du Conseil qui se pose de facto en médiateur entre Berlin et Paris.

D'autant que les dirigeants allemands ne cessent de faire l'éloge de l'ancien commissaire européen qui apparaît en quelque sorte comme le modèle de bon élève qui s'emploie à mettre de l'ordre dans la maison. Arrivé au pouvoir en novembre dernier en remplacement de Silvio Berlusconi, Mario Monti a permis à l'Italie d'échapper au gouffre financier en engageant une nouvelle cure d'austérité, la libéralisation de pans de l'économie, une lutte plus efficace contre l'évasion fiscale ainsi qu'une réforme du système des retraites qui prévoit un recul de l'âge de départ.

Excédent primaire pour le budget italien

Résultat : l'Italie continue d'afficher un budget en excédent primaire. Ce que les dirigeants outre-Rhin ne cessent de louer. Tandis que le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a critiqué la décision de François Hollande d'assouplir la réforme des retraites en France, il a par exemple fait savoir au contraire que Mario Monti était, selon lui, « le bon dirigeant, au bon endroit, au bon moment ». « L'Italie est sur la bonne voie », a confirmé Jens Weidmann, président de la Bundesbank et conseiller de la BCE, dans un long entretien accordé au Corriere della Sera.

Toutefois, Mario Monti ne peut plus seulement se contenter de bonnes paroles. L'économie transalpine est en récession, de l'ordre de 1,4% sur les douze derniers mois. En chute dans les sondages (seuls 33% des Italiens ont désormais une opinion favorable), il doit faire face à une montée de la grogne sociale (« les critiques du patronat et des syndicats sur la réforme du marché du travail ont immédiatement provoqué l'augmentation du spread (écart entre les taux italiens et les taux allemands) », fait remarquer un banquier) et à des partis politiques qui montrent un certain agacement et entravent son action.

Un programme de privatisations estimé à 200 milliards d'euros sur cinq ans

Jeudi, le conseil des ministres a adopté un ensemble de mesures pour tenter de relancer la croissance et annoncé qu'il procèderait prochainement à cession d'actifs publics (pour un montant de 200 milliards d'euros en cinq ans selon le quotidien Il Sole 24 Ore). Le plan prévoit aussi l'accélération de grands chantiers d'infrastructures comme l'autoroute reliant Salerne à Reggio de Calabre ou encore un crédit d'impôts pour l'embauche des jeunes hautement qualifiés ainsi que des déductions fiscales pour les travaux de rénovation afin de soutenir le secteur du bâtiment. Les privatisations devraient quant à elles rassurer ultérieurement les partenaires allemands.

Le risque de contagion de la Grèce à l'Italie

En attendant, Mario Monti comme François Hollande attendent avec une certaine inquiétude les résultats des élections grecques qui se tiennent dimanche. Le président du Conseil craint en particulier la contagion et l'attaque des marchés financiers contre l'Italie en cas de victoire du parti de la gauche radicale Syriza, ce qui ruinerait les efforts entrepris jusqu'à présent. Sous une forme à peine voilée, les délégations françaises et italiennes ont mis en garde contre une éventuelle tentation de l'Allemagne d'abandonner Athènes à son sort. Jeudi, Mario Monti a ainsi tenu à souligner que « le peuple grec a déjà fait de grands efforts qui en situation normale auraient nécessité une génération. »

Commentaires 10
à écrit le 17/06/2012 à 10:49
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Mme Merkel et ses amis ultra liberaux(dontM.Monti valet des banques anglo saxonnes n'ont pas a dicter a la France,pays souverain,sa politique surtout en insultant son President. Souvenons nous des causes économiques des précédentes guerres franco-all...

le 18/06/2012 à 20:30
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Bonjour, petit rappel s?est l?Allemagne qui soutiens toute l?Europe et surtout l?euro. Alors avant de parler de souverainetés et de guerre, il faut savoir que s?est nous avec notre déficit abyssal, notre manque de rigueur économique et notre peut de...

à écrit le 16/06/2012 à 15:00
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Cet axe avec un non-élu de circonstance a pour but de favoriser la main mise de la France sur ce pays : Alitalia d'une part qui doit passer soit pavillon Air France puis les utilities de l'énergie qui devront céder des parts internationales, puis Fin...

le 17/06/2012 à 0:36
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@corso. Aux Italiens de savoir se protéger des appêtits français privés, et de savoir dire "oui" à une alliance politique. France et Italie viennent de passer dix ans à voir leurs industries se faire pilonner par l'Allemagne, c'est ensemble qu'ils do...

à écrit le 16/06/2012 à 1:36
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France et Italie - ayant été les principales perdantes de l'Euro face à l'Allemagne qui a profité de cette monnaie pour essayer d'éliminer ses deux seuls rivaux européens, en termes industriels - devraient s'entendre. Ensemble, elles peuvent s'oppose...

à écrit le 15/06/2012 à 23:33
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Des dettes, rien que des dettes !

à écrit le 15/06/2012 à 21:22
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tout ça ,c'est du jeu ,comment concilier l'hyper libéral Monti avec l'interventionniste mou Hollande . Le vrai débat est que tous les pays ,sauf l'Allemagne ,aimeraient bien profiter de prêts de la BCE comme les américains les ont obtenu de la FED .M...

le 15/06/2012 à 23:35
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Hyper libéral Monti ? Il faut arrêter de mélanger les psychotropes avec l'alcool. Et FH, il n'a pas droit à son superlatif, du style hyper-communiste ?

à écrit le 15/06/2012 à 21:12
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Attention a l'axe germano-polonais qui est ne et commence a tourner. Les polonais sont consideres en Allemagne comme les francais de l'est-europeen et leur economie est fleurissante.

à écrit le 15/06/2012 à 20:04
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Il vaut sans doute zéro si on parle de l'axe Hiollande-Monti, mais comme on on a donné les clefs de la BCE à un ex de GS qui est italien et qui dans d'anciennes fonctions à qualifier l'Italie à l'euro sur la base d'un budget comment dire.... très tra...

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