Les cinq devoirs de rentrée d'Angela

La chancelière allemande rentre ce lundi de vacances. Cinq dossiers lourds l'attendent pour la dernière rentrée de son second mandat.
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Les vacances sont finies pour Angela Merkel. Après deux semaines passées comme toujours dans le Tyrol du Sud, région italienne qui présente l'avantage d'être peuplée de germanophone et où la chancelière va faire des randonnées depuis des années l'été, l'ancienne physicienne est-allemande est revenue à son bureau ce lundi pour préparer une rentrée qui s'annonce complexe pour elle. Petit tour d'horizon des dossiers sur sa table.

1. La crise européenne : la Grèce

Ce sera encore une fois le dossier majeur de la rentrée. La mauvaise humeur est croissante au sein de sa coalition. Plusieurs de ses partenaires ne veulent plus entendre parler d'aide à la Grèce. Depuis plusieurs semaines, les leaders de la CSU, s?ur bavaroise de la CDU d'Angela Merkel, ne cessent de marteler qu'il faut cesser d'aider Athènes et qu'il convient de l'expulser de la zone euro. De son côté, le président du parti libéral FDP, Philipp Rösler, par ailleurs ministre fédéral de l'économie a avoué ce week-end avoir « perdu ses illusions » sur la capacité de réformer la Grèce. Enfin, le numéro deux du groupe chrétien-démocrate au Bundestag, Michael Fuchs a jugé dans le Handelsblatt que l'Allemagne pourrait mettre son veto à tout nouveau chèque à Athènes si le pays « ne réalisait pas les réformes prévues. » Autrement dit, la mauvaise humeur vis-à-vis de la Grèce n'est plus limitée en Allemagne à des minorités politiques, les trois partis de la coalition au pouvoir semblent refuser toute nouvelle aide. Un casse-tête pour Angela Merkel qui va sans doute, à la mi-septembre, devoir gérer un nouvel accès de fièvre sur la Grèce après le rapport de la Troïka.

2. La crise européenne : les rachats de titres souverains par la BCE et le MES


Mais il sera aussi difficile de faire accepter le rachat des titres souverains par la BCE et le FESF ou le MES. Cette politique fait également aujourd'hui l'objet d'un tir de barrage des partis de centre-droit, malgré une position assouplie du gouvernement fédéral. Or, Angela Merkel ne peut plus ignorer cette mauvaise humeur : la Cour constitutionnelle lui a enjoint en juin « de faire participer le Bundestag » à la politique européenne. Le 12 septembre, Karlsruhe va du reste se prononcer sur la validité du MES. Mais, en face, Mario Monti fait fortement pression pour qu'on réduise la prime de risque italienne. Que peut faire alors Angela Merkel ? Eviter l'embrasement de la crise et accepter une stratégie de rachat de titres avec, par exemple, une licence bancaire pour le MES ? Dans ce cas, son camp risque d'éclater. La CSU va se lancer dans sa propre campagne pour les élections bavaroises à la mi-2013 et doit faire face à l'opposition du parti anti-euro des Freie Wähler (FW). Elle aura du mal à valider une telle stratégie. Même problématique pour le FDP qui va lutter en septembre 2013 pour rester au-dessus des 5 % des voix nécessaires pour se maintenir au Bundestag. Bref, la voie sera très étroite pour Angela Merkel dont les intérêts nationaux et européens sont de plus en plus divergents.

3. La politique intérieure

La chancelière tient bien le choc dans les sondages. Sa politique européenne est plutôt bien perçue pour le moment et la CDU fait mieux que tenir le choc. Elle est à 36 % dans le dernier sondage de l'institut Forsa réalisé jeudi dernier. C'est deux points de mieux qu'en 2009 et dix points de plus que le SPD qui commence à se déchirer sur le choix de son prochain candidat à la chancellerie.

Pour autant, les élections fédérales sont encore lointaines et il reste de nombreuses inconnues. A commencer par le score des Libéraux. Le FDP est autour de 5 % dans les sondages. S'ils franchissent ce seuil, la coalition d'Angela Merkel peut devancer le SPD et les Verts qui culminent ensemble à 39 % des voix. Sinon, la chancelière sera isolée et il faudra observer si l'alliance « rouge et verte » dispose d'une majorité ou si l'on se dirige vers une nouvelle grande coalition. La chancelière devra donc soutenir le FDP en lui donnant du grain à moudre pour sa campagne. L'ennui, c'est que le programme libéral n'est pas forcément compatible avec celui de la CDU et, surtout, de la CSU. La question de l'allocation pour les parents qui élèvent leurs enfants chez eux ou celle des avantages fiscaux pour les couples homosexuels qui actuellement fait débat outre-Rhin, ont ravivé la fracture entre conservateurs et libéraux sur les questions de société au sein de la coalition. Là encore, la voie est étroite : en favorisant le FDP et l'aile centriste de la CDU, la chancelière peut affaiblir son aile conservatrice qui lui est aussi nécessaire. D'autant qu'un fiasco européen pourrait évidemment changer rapidement la donne intérieure avec un SPD qui a ouvertement choisi une ligne fédéraliste sur ce dossier.

4. Le défi énergétique

Après avoir fait volte-face en juin 2011 et décidé de l'accélération de la sortie du nucléaire prévue en 2022, Angela Merkel doit désormais entrer dans le vif du sujet. Le « tournant énergétique » est loin d'être acquis. La refonte du réseau électrique nécessaire pour acheminer l'électricité des centrales éoliennes du nord vers le sud industriel n'avance pas ou pas assez. Le plan de développement des énergies alternatives manque de cohérence. Le 15 octobre, le coût des subventions aux énergies vertes pour 2013 afin de tenir les objectifs sera connu et le gouvernement craint une facture salée. Sans compter que plusieurs dossiers continuent d'empoisonner le débat, notamment le nouveau lieu de stockage des déchets nucléaires.


5. La conjuncture

L'économie allemande ralentit, frappée par la crise de confiance de la zone euro. Les mauvais indicateurs se multiplient et la croissance au deuxième trimestre, qui sera connue ce mardi, s'annonce minimale. Angela Merkel va devoir faire face à cet accès de faiblesse alors que sa priorité et celle de son ministre des Finances Wolfgang Schäuble reste la consolidation budgétaire. En théorie, la réduction des déficits a tellement d'avance outre-Rhin que l'objectif constitutionnel d'un déficit structurel fédéral à 0,35 % du PIB en 2016 ne devrait pas poser de problème. Mais le coût du sauvetage de la zone euro va peser lourd et beaucoup vont s'interroger sur la nécessité de ne pas utiliser ces sommes pour l'économie allemande elle-même. Enfin, le ralentissement économique ne manquera pas de peser sur la campagne électorale.
 

Commentaires 3
à écrit le 15/08/2012 à 7:19
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La forêt cachée par les arbres, Il faut se décider, si l'on veut une Europe Unie elle n'a qu'un seul devoir, un gros certainement mais un seul: terminer et achever la tache. Si on n'en veut pas alors les devoirs vont se succeder et il y en aura plus ...

à écrit le 13/08/2012 à 18:18
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Alors pour la BCE pour ou contre le rachat d'obligations? On trouve en cherchant un peu que son bilan a été doublé. Elle crée donc de la dette pour prêter de l'argent. 3000 milliards. Dessus la France paye 20%. Même chose quand on paye les centaines ...

à écrit le 13/08/2012 à 17:09
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Les politiques vont t' ils avoir le courage de privilégier le "futur " de leurs peuples, ou vont ils privilégier le cour terme, par des décisions politique électoraliste ?

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