Les crédits aux entreprises reculent pour le septième mois d'affilée en zone euro

Selon les derniers chiffres de la Banque centrale européenne (BCE), les crédits au secteur privé ont reculé de 0,8 % en novembre dans la zone euro.
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Le ralentissement économique n'aide pas la situation à s'améliorer sur le front du crédit. En novembre, les crédits au secteur privé en zone euro ont continué à reculer pour le septième mois d'affilée, avec une baisse de 0,8 %, équivalente à celle enregistrée en octobre, selon des chiffres de la Banque centrale européenne (BCE). Le chiffre d'octobre a également été révisé : initialement, la BCE parlait d'un recul de "seulement" 0,7 %.

Une faible demande de crédit de la part des entreprises rencontre une offre ... limitée

Cette contraction du crédit concerne essentiellement les entreprises. Les crédits aux ménages, eux, sont restés stables par rapport au mois d'octobre, à +0,4 % (taux de croissance annuel). Leur principale composante, les prêts immobiliers ont même continué de progresser (+1,2 %, le même rythme qu'en octobre). Les prêts aux entreprises (hors secteur financier) se sont repliés de 1,8 % en novembre comme en octobre. Quant à la situation des prêts aux intermédiaires non financiers, elle s'est légèrement améliorée. Ces prêts étaient en repli de 1,8 % en novembre (- 2,2 % en octobre).

"La faiblesse du crédit provient sans aucun doute en partie de la faible demande de la part du secteur privé non financier", souligne Howard Archer, économiste d'IHS Global Insight. "Néanmoins, l'inquiétude provient du fait qu'un certain nombre d'entreprises qui veulent effectivement emprunter, que ce soit pour soutenir leur activité, pour investir ou pour explorer de nouveaux marchés, et qui sont en bonne santé, ont des difficultés à le faire", estime-t-il, ajoutant que "les conditions de crédit difficiles handicapent les perspectives de croissance de la zone euro". "La demande de crédit reste faible, mais l'offre de crédit peut aussi être limitée dans certains pays en crise", regrette également Christian Schulz, de la banque allemande Berenberg.

La masse monétaire M3 sur un rythme de croissance de 3,8 %, mais peu de risque inflationniste

La BCE a aussi annoncé jeudi que la masse monétaire M3, traditionnellement considérée comme un indicateur avancé de l'inflation en zone euro, avait crû de 3,8 % en novembre, soit un peu moins qu'en octobre (+3,9 %) mais bien davantage qu'en septembre et en août (respectivement +2,6 % et +2,8 %). Les analystes du consensus réalisé par l'agence Dow Jones Newswires s'attendaient à une progression de cette ampleur. "La croissance annuelle du M3 a fait preuve d'une grande volatilité depuis le début de l'année dernière", en raison des 1.000 milliards de prêts accordés par la BCE sur trois ans aux banques fin 2011 et début 2012, mais aussi des réajustements dans les taux de dépôt, a rappelé Annalisa Piazza, analyste de Newedge. Pour Howard Archer, la croissance de la masse monétaire ne semble toutefois "faire peser que peu de menace inflationniste".

Le programme OMT de la BCE a contribué à apaiser les tensions dans la zone euro

La BCE prévoit une contraction de 0,3 % de l'économie de la zone euro cette année et son conseil des gouverneurs a débattu lors de sa réunion du mois dernier de l'opportunité d'une baisse des taux d'intérêt. Les discussions se sont soldées par un statu quo, le taux de refinancement, principal instrument de la politique monétaire, restant fixé à 0,75%, son plus bas niveau historique. La BCE a fortement contribué à apaiser les tensions financières liées à la crise de la zone euro depuis qu'elle a annoncé le lancement de son programme OMT (opérations monétaires sur titres), un nouveau dispositif de soutien aux Etats en difficulté.

"La contraction des prêts aux entreprises pourrait s'inverser si le regain de confiance suscité par les mécanismes de secours de la BCE et l'amélioration de la gestion de crise dans la zone euro se propage des marchés financiers à l'économie réelle et si l'austérité commence à s'atténuer, au moins dans quelques pays", estime Christian Schulz, économiste de Berenberg Bank.

Une baisse des taux de la BCE en 2013 ?

Reste à savoir si l'institution de Francfort pourrait baisser une nouvelle fois ces taux d'intérêt en 2013 et surtout si un tel assouplissement de la politique monétaire peut être efficace. Il faudrait déjà que le conseil des Gouverneurs de la BCE surmonte ses divisions, plusieurs de ses membres influents, comme l'Allemand Jörg Asmussen, le Luxembourgeois Yves Mersch ou le Belge Peter Praet, ayant clairement exprimé leurs réticences.

"Pour assurer sa crédibilité, le président de la BCE Mario Draghi devra s'assurer qu'elle bénéficie d'un soutien le plus large possible au sein du conseil des gouverneurs, ce qui confère un poids disproportionné aux 'faucons' et empêchera donc sans doute une nouvelle baisse des taux pour soutenir l'économie", explique Christian Schulz.

Commentaires 3
à écrit le 04/01/2013 à 4:42
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Cela prouve simplement que les accords doivent être modifiés de façon à arriver à une plus grande convergence des éconolies de l'Union. C'est surtout dans les pays de l'Union en difficulté, ou pourtant le besoin de crédit est fort que l'offre de cré...

à écrit le 03/01/2013 à 18:27
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c'est assez révélateur de la non vitalité de l'économie française ! Hélas !!!!

le 04/01/2013 à 4:37
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@ pmxr et pourquoi "révélateur de la non vitalité de l'économie française" uniquement? Je pense que c'est tout aussi révélateur de la non vitalité de l'économie de plus d'un pays de l'Union!

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