Croissance : la zone euro n'est pas sortie d'affaire

Eurostat publiera ce mercredi ses projections de croissance pour le premier trimestre 2013. La contraction du PIB se poursuivra et la reprise semble bien lointaine.
Copyright Reuters

Ce mercredi, Eurostat publiera sa première estimation de la croissance pour le premier trimestre 2013. Sans être aussi forte que le recul de 0,6 % enregistré au cours du trimestre précédent, la contraction du PIB des 17 pays de la zone euro devrait se poursuivre. La baisse pourrait se situer entre 0,2 % et 0,1 %. Certes, les économistes tablent sur un redressement très léger en Allemagne, avec une croissance trimestrielle autour de 0,2 %, mais les chiffres français s?annoncent particulièrement mauvais, puisque les estimations vont de -0,3 % à 0 %.

Six trimestres de baisse ?

Ce serait le cinquième trimestre consécutif de baisse pour la zone euro. Et ce n?est peut-être pas terminé, tant a été net le recul des enquêtes d?activités PMI de Markit pour le mois d?avril. « Ces enquêtes suggèrent que le recul de l?activité en zone euro s?est encore intensifiée », soulignait la semaine dernière Chris Williamson, le chef économiste de Markit, à Reuters, qui estimait que l?on serait sur un rythme d?une chute de 0,4 % à 0,5 % pour le deuxième trimestre 2013.

Tous les moteurs à l?arrêt

Il est vrai que l?on voit mal comment pourrait se dessiner un scénario de retournement de l?activité. Tous les moteurs de la croissance semblent à l?arrêt. La consommation des ménages reste plombée par les politiques de réformes structurelles et de consolidation budgétaire, tout comme la consommation publique. Il y a peu à attendre de l?investissement des entreprises, qui sont handicapées par plusieurs obstacles majeurs. Le manque d?accès aux financements bancaires pour les PME joue sans doute un rôle négatif dans le sud du continent, mais c?est surtout l?absence de perspectives sur les marchés intérieurs et extérieurs qui freine la volonté de dépense des entrepreneurs. Or, cette absence de perspectives semble actuellement profondément liée à la poursuite de la stratégie de dévaluations internes : tant que continue l?austérité en Europe, les dirigeants d?entreprises doivent se montrer prudents et ils se gardent de tout investissement.

Une demande internationale atone

Dans la logique de la stratégie mise en place dès 2010 en Europe sous l?impulsion de l?Allemagne qui mettait en avant sa propre expérience, c?est la demande externe qui devait irriguer le reste de l?économie et redonner assez de demande pour relancer l?investissement, puis les salaires et enfin la consommation. Mais ce schéma semble désormais avoir échoué. Dans les pays du sud, l?amélioration mécanique de la compétitivité industrielle n?est pas suffisante pour relancer l?économie, d?autant que l?austérité a souvent conduit à une chute des capacités de production, particulièrement en Italie où la production industrielle a reculé de 12 % en deux ans. Mais partout, les exportations souffrent du recul de la demande émergente. Car la croissance asiatique notamment a également subi le contrecoup de la récession de la zone euro, un de ces premiers clients. Le temps de la croissance chinoise à deux chiffres est terminé. Au premier trimestre 2013, elle n?a pas dépassé 7,7 %. C?est beaucoup, mais la Chine, comme d?autres, ont logiquement vu leur propre consommation de produits européens reculer. Bref, le moteur des exportations est actuellement inopérant. Quant à la planche à billet japonaise, elle semble redonner un peu d?air au Japon, mais elle fait chuter le yen et donc la valeur des exportations européennes !

Les autorités agissent peu ou pas

Difficile donc de trouver une issue à cette crise. D?autant que les dirigeants européens ne semblent pas décidés à briser avec le message d?austérité. Malgré les délais supplémentaires accordés à la France et à l?Espagne, la logique de la dévaluation interne reste en place. Les nouvelles coupes budgétaires obtenues du Portugal pour 1,3 milliard d?euros après la décision de la cour constitutionnelle fin mars en sont la preuve, tout autant que le plan d?austérité exigé de la Slovénie voici quelques jours. Tout ceci n?est pas en mesure de redonner la confiance nécessaire aux acteurs économiques et prouve que la logique qui lie la confiance à l?austérité règne encore dans les chancelleries, en dépit de cinq trimestres de contraction du PIB.

La BCE impuissante

Quant à la BCE, sa baisse des taux de 25 points de base aura un impact relativement limité, puisque chacun sait que l?activité européenne ne dépend pas du niveau des taux déjà très bas. Comme Mario Draghi a montré peu d?empressement à mettre en place un vrai système de soutien au financement des pays périphériques, l?influence de la BCE sur la reprise devrait rester limitée.

Quels scénarios ?

On en reste donc à attendre la reprise, sans réellement agir. Les projections la font revenir au troisième trimestre, mais on se demande comment, alors que, on l?a vu, les moteurs sont tous éteints. En 2009, la demande chinoise et émergente avait permis une sortie de crise rapide. Cette fois, cette option semble peu probable. En revanche, il existe un risque négatif important : que la chute de la demande se poursuive et entraîne le continent dans la déflation. Dans ce cas, la situation pourrait devenir incontrôlable.
 

Commentaires 25
à écrit le 17/05/2013 à 18:45
Signaler
Si on parle croissance en France, cela nous amène aux emplois non pourvus, ils seraient 500000? Rappelons que plus on compte de chômeurs, moins y a de croissance et plus ça coûte. Bien entendu faire des fonctionnaires nous pose le problème du déficit...

à écrit le 16/05/2013 à 17:09
Signaler
Il faut sortir de l'euro le plus rapidement possible . COMMENT ? IMPOSSIBLE ?? lisez ce qu'ecrit un SPECIALISTE : Francois Asselineau : www.u-p-r.fr Rappelez une REALITE cachée : la balance commerciale de la france etait beneficiare avant l'an 2000...

à écrit le 16/05/2013 à 14:36
Signaler
Si on regarde quelques siecles en arriere , on voit que des regroupements d'etats ( sous forme d'empire ) avec une monnaie commune , ont deja existé .On remarque que c'est la premiere fois que cela se produit sans guerre de conquete , certes mais la ...

à écrit le 15/05/2013 à 9:48
Signaler
la croissance ???pas de souci la commission européenne s'occupe de tout!! la négociation de la zone de libre échange avec les usa ,l'entrée de la turquie dans la zone, alors euro ou pas euro le roi dollard sera la monnaie européenne. qui proteste :pe...

le 16/05/2013 à 15:45
Signaler
Les politiques sont les premiers responsables , mais les journalistes sont COMPLICES de ces evolutions terribles . Leur devoir est aussi d'analyser et de DECRYPTER pour leurs lecteurs les "dessous des cartes" L'accord de libre echange europe-usa est ...

à écrit le 15/05/2013 à 8:57
Signaler
votre article est éclairant et la réponse a tout cela est soi , le pire qui est envisageable et la colère des peuples contre une telle politique sera alors a son paroxysme et cela pourrait être grave ou alors on a des dirigeants européens avec plus d...

à écrit le 15/05/2013 à 8:27
Signaler
Des crises économiques il y en a eues depuis des lustres, dans les années 1848 et s la mécanisation d e la production ? Il faut être réaliste et optimiste, Mon pays me fait penser à l'ex URSS, une armée démesurée en hommes et paupérisation du matérie...

à écrit le 15/05/2013 à 8:16
Signaler
Concernant la France : quand on sait qu'un chef d'entreprise doit travailler jusqu'au 25 juillet pour l'Etat, c'est-à-dire pour les autres avant de travailler enfin pour lui-même (prélèvements obligatoires obligent + ISF + Foncier etc) on comprend ...

à écrit le 15/05/2013 à 0:00
Signaler
Mais la politique du gouvernement supprime les emplois publics. Seulement effectivement si on fait fois 4, ça fait un gros déficit. On a déjà augmenté les impôts de 50 à 75 sur la prévision de loi de finances. Mais il reste encore du déficit, donc on...

à écrit le 14/05/2013 à 23:55
Signaler
On s'en fout, le CAC va passer les 4000.

à écrit le 14/05/2013 à 23:25
Signaler
Sérieusement, vu ce qu?on trouve sur l?état de notre pays, on est choqués. Nous avons nombre d?affaires pendantes de la Répueblique : compétitivité, innovation (on nous parle de recherche sans développement), industrie, déficit (31 milliards c?est 6%...

à écrit le 14/05/2013 à 23:07
Signaler
Mardi 14 mai 2013 : J'ai l'impression que les peuples européens commencent à comprendre. Depuis 39 ans, la propagande médiatique tournait à plein régime en faveur de la construction européenne. Mais ça commence à changer : aujourd'hui, les peuple...

à écrit le 14/05/2013 à 22:43
Signaler
france ou usa urss ect avant de sauver l'univers il faut le detruire .........des millards d' hommes en trop des montagnes d'argent qui se deplacent a la vitesse de la lumiere

à écrit le 14/05/2013 à 22:26
Signaler
Et bien c est impeccable... Une forte déflation ne va pas gêner les gens qui non rien ... Pas d immo, pas de capital alors une bonne délation permettra peut aux gens laissés sur le bord de la route avec cette inflation avec l euro de pouvoir regar...

à écrit le 14/05/2013 à 20:28
Signaler
dieu merci, la france va sauver l'univers en votant un decret de loi qui dit que dorenavant la croissance est de 3% a partir de 2014

à écrit le 14/05/2013 à 20:21
Signaler
Prix Nobel d'économie en 2001. Les pays qui sortiront de l'euro les 1ers, sont ceux qui limiteront la casse

à écrit le 14/05/2013 à 19:24
Signaler
Quel article défaitiste ! Une chose est certaine, c'est que c'est en France que l'on broie le plus du noir. Les journalistes ne font qu'entretenir des discussions de comptoirs dignes des heures les plus sombres de 39/40. Capitulation de l'esprit et d...

le 14/05/2013 à 22:36
Signaler
Vous dites en France on déprime, c?est triste mais juste, la situation est claire ! Il nous faut une glasnost et une pérestroïka. La dette et le déficit vont plonger la société dans la misère. Pourquoi Bruxelles serait en faute, c?est un Parlement él...

à écrit le 14/05/2013 à 19:18
Signaler
On fait de cette zone euro un pandémonium abiotique. Nous avons des Etats entiers qui sautent et les déficits perdurent alors que le chômage explose. Il est clair que c?est un système caduc et que des bêtises sont commises par les gouvernements. Il n...

le 15/05/2013 à 11:42
Signaler
Ce ne sont pas des ânes (ils ont même un QI éloquent en général !)MAIS ils sont avant tout "carriéristes"" et ""opportunistes"" Et, par là , agissent comme des ânes ! Ils en ont même oublié le sens (réel !) du mot POLITIQUE !!! A quand le futur MAI...

à écrit le 14/05/2013 à 19:11
Signaler
La zone euro n'est pas et ne sera jamais une zone monétaire optimale mais les dirigeants européens ont érigé la monnaie commune en dogme, si bien qu'ils sont en train de sacrifier sur l'autel de l'Euro, l'économie des pays du sud. La reprise n'aura p...

le 15/05/2013 à 5:20
Signaler
+1

à écrit le 14/05/2013 à 18:51
Signaler
Après les dernières prévisions "réconfortantes" de l'OCDE, cet article présente une cohérence plus conforme à l'opinion que l'on se forge naturellement après tant de postures et incantations de politiques, gouvernants dont les hallucinants G20,G8,G7 ...

à écrit le 14/05/2013 à 18:49
Signaler
Mais non les chiffres sont en trompe l'oeil, les impôts sont pas très hauts en France, ils sont hautes mais c'est pour le bien des fonctionnaires, les gens vivent à crédit la dette augmente, mais ce n'est pas très grave nous disent les énargarques ca...

à écrit le 14/05/2013 à 18:45
Signaler
En effet la zone euro est la lanterne rouge du développement. En France, c?est pire, autrefois on éliminait nombre de diplômés, aujourd?hui c?est à tour de bras, alors ça se voit. Pourtant on a formé des diplômés, par exemple en R&D, on les a jamais ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.