La stratégie de communication de Dominique Strauss-Kahn pourrait être baptisée "douche écossaise" ou "courant alternatif"... Si elle est couronnée par une élection à la présidence de la République en 2012, elle sera sans nul doute enseignée dans les écoles de "spin doctors", comme on appelle aujourd'hui les experts en communication politique.
Depuis son arrivée à Paris, jeudi, le directeur général du FMI s'amuse à souffler le chaud et le froid sur sa possible - probable ? - candidature aux primaires socialistes. Son "plan com'" élaboré comme d'habitude par la petite équipe de Euro-RSCG qui l'accompagne depuis plusieurs années connaîtra son apogée ce dimanche soir au journal télévisé de France 2.
"Le blues du pays"
Officiellement présent dans la capitale française pour une réunion ministérielle du G20, Dominique Strauss-Kahn a rencontré vendredi midi six lecteurs du Parisien pour un grand entretien, qui sera publié lundi matin. En marge de cette interview, il a confié à la caméra du site leparisien.fr que la France lui manquait. "Bien sûr, ça me manque ! Parce que votre pays vous manque toujours. Vous y avez la famille, un tas d'amis, des habitudes, des goûts, une culture. Bien sûr ça manque. Je pense que tout individu qui travaille à l'étranger, par moment a un peu le blues du pays", a-t-il lancé. Une nostalgie qui fait bien sûr écho à la petite phrase d'Anne Sinclair dans Le Point il y a dix jours. L'épouse du patron du FMI confiait qu'elle n'avait pas envie que DSK rempile à Washington pour un second mandat.
Le Nouvel Obs dans la confidence ?
Autre fumée blanche, celle envoyée par l'hebdomadaire Le Nouvel Observateur, qui assurait dans son édition de jeudi que DSK avait pris sa décision et serait candidat.
Samedi, lors de la conférence de presse finale de la réunion du G20, Dominique Strauss-Kahn a toutefois coupé court à toute spéculation. "Puisque vous estimez que la crise demeure, est-il judicieux d'envisager un départ du FMI avant 2012 ?" lui a demandé un journaliste. "Comme il est malin votre collègue", a plaisanté le directeur général du Fonds. Avant d'ajouter : "Aujourd'hui, je dirige le FMI, la tâche m'occupe à plein temps et peut-être plus qu'à plein temps. Je n'ai rien d'autre à l'esprit".
Les statuts du FMI interdisent strictement à DSK toute incursion dans la vie politique de son pays. Mais il pourrait toutefois s'en sortir en exauçant ce soir le voeu d'Anne Sinclair et donc en confirmant qu'il ne souhaite pas rester au FMI. Ce qui enverrait un signal fort à ses partisans mais lui permettrait de ne pas enfreindre son devoir de réserve.
Les attaques de la droite redoublent d'intensité
Les petits pas de DSK, champion des sondages en dépit d'un léger infléchissement, vers une candidature présidentielle perturbent le camp sarkozyste. Invité dimanche de Canal Plus, l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin s'est ému de voir le patron du FMI s'exprimer longuement en anglais lors de ses conférences de presse. Dernière salve des attaques visant à souligner le présumé éloignement de DSK des préoccupations des Français. La semaine dernière, le président du groupe UMP de l'Assemblée, Christian Jacob, avait affirmé que le directeur général du Fonds n'incarnait pas "la France des terroirs", une critique dénoncée comme un dérapage antisémite par le Parti socialiste.
Nicolas Sarkozy et Christine Lagarde ont adopté une stratégie différente. Le chef de l'Etat et la ministre de l'Economie soulignent à l'envi la nécessité d'un renforcement du rôle du FMI dans la sortie de crise. Une façon de contraindre DSK à rester en place jusqu'au terme de son mandat, en novembre 2012.
