La France tente de rouvrir le dialogue sur la libéralisation de l'énergie

A l'approche du sommet européen de Barcelone, la France tente de rouvrir le dialogue avec ses partenaires européens sur la libéralisation du marché de l'énergie. Mais les exigences françaises risquent d'être encore trop importantes.Vendredi, le gouvernement a ainsi décidé de faire un geste en direction de ses partenaires européens, tout en ménageant ses propres intérêts. Dans une déclaration du ministère de l'Economie, la France s'est dit favorable à "une ouverture maîtrisée et progressive des marchés électriques et gaziers". Mais cette déclaration est immédiatement tempérée par la volonté de faire adopter un "socle commun d'obligations de service public", comprenant l'accès des plus démunis à l'énergie, la protection de l'environnement et la sécurité de l'approvisionnement. De plus, la France exige que des "obligations spécifiques soient imposées aux entreprises en fonction des caractéristiques et des besoins propres à certains pays ou à certaines régions". Les autres Etats de l'Union, tous favorables à une large ouverture des marchés énergétiques, accepteront-ils ces obligations spécifiques ? Rien n'est moins sûr.Cette timide ouverture française fait suite aux vives réactions des instances européennes et des partenaires de la France, après le blocage qu'elle avait provoqué mardi dernier (lire ci-contre).Ainsi, jeudi, le Premier ministre espagnol José Maria Aznar et le chancelier allemand Gerhardt Schöder ont réaffirmé leur volonté "d'atteindre, lors du sommet de Barcelone, une plus grande libéralisation du marché européen, notamment de l'énergie". Le même jour, le commissaire européen à la concurrence Mario Monti avait clairement critiqué la politique d'obstruction de la France. En dénonçant les "entreprises qui poursuivent une stratégie ambitieuse d'acquisitions à l'étranger en restant elles mêmes à l'abri de tout risque de conquête", le commissaire européen visait évidemment EDF et la politique française de protection du marché énergétique des particuliers. Toujours jeudi, le président de la Banque centrale européenne, Wim Duisenberg, s'était également joint au concert de plaintes contre la France en espérant publiquement que le sommet de Barcelone "donne un nouvel élan à la privatisation et à la libéralisation des marchés".Devant ce feu nourri de critiques, le gouvernement français ne pouvait faire la politique de l'autruche. Mais il est vrai que sa position, entre les exigences de ses partenaires européens et les contraintes de la période électorale, reste délicate. Le sujet est, en effet, sensible au sein même du PS. L'aile gauche du parti refuse toute idée d'ouverture du marché énergétique et avait fait pression pour que le programme socialiste soit mesuré sur ce point. Une position évidemment partagée par le PCF, l'extrême-gauche et les chevènementistes. Autant d'électorats dont le ralliement au second tour sera crucial pour la victoire du candidat Jospin.Pour éviter un fiasco du sommet de Barcelone, la France a proposé à ses partenaires de "se concentrer sur des questions d'ordre social". Une proposition qui risque de ne pas convaincre les autres pays de l'Union, si la France ne fait pas de concession sur l'énergie. Le succès du sommet de Barcelone est donc loin d'être acquis.latribune.f
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