Picogiga dans une situation financière "critique"

Rien ne va plus pour Picogiga, le spécialiste français de la conception et de la fabrication de semi-conducteurs à base d'arséniure de gallium, coté au Nouveau marché. Alors que l'activité de l'entreprise continue de se dégrader rapidement, il se voit acculé à une sévère restructuration de son capital et n'est même pas certain d'échapper à la faillite. Les résultats du premier semestre se soldent par une perte nette de 6,02 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 4,62 millions à peine, soit 47% de moins que sur la même période de 2001. Quant à la perte d'exploitation, elle fait plus que doubler sur un an à 5,17 millions d'euros, un montant supérieur aux ventes. Résultat : les fonds propres ont plongé dans le rouge et sont désormais négatifs de 10,8 millions d'euros, alors même que la dette culmine à 43,8 millions. Et l'horizon n'annonce aucun soulagement : le chiffre d'affaires du troisième trimestre ne devrait pas dépasser un millions d'euros, creusant le recul par rapport à l'an dernier. "Dans ces conditions, admet la société, la poursuite de l'exploitation dépend d'une recapitalisation à court terme". Appelé au secours, le groupe belge Umicore (ex-Union minière, coté sur Euronext Bruxelles) s'est engagé à souscrire 13,75 millions d'ABSA (actions à bons de souscription d'actions) au prix unitaire de 0,40 euro, inférieur de 20% au dernier cours coté. Soit un total de 5,5 millions d'euros. Les bons de souscription attachés à ces actions nouvelles permettraient de souscrire de nouveaux titres à hauteur de deux bons pour une action, au prix de 1,25 euro par action dans les trois ans.Mais Umicore a posé plusieurs conditions à son aide, exigeant avant tout la réussite "à hauteur d'au moins 80%" d'une offre publique d'échange (OPE) sur les obligations convertibles en actions émises par le groupe. Les actionnaires actuels, eux, devraient se voir attribuer un bon de souscription d'action par action détenue, deux bons permettant de souscrire à une action nouvelle au prix de 0,40 euro dans les trois semaines suivant la fin de l'OPE sur les convertibles. Ce schéma complexe, s'il est mené à terme, devrait donner à Umicore 40 à 47% du capital de Picogiga et la moitié des sièges au conseil d'administration. Linh Nuyen, qui a fondé l'entreprise en 1985 et la dirige encore, est actuellement son premier actionnaire avec 10% du capital. Un sacrifice indispensable pour donner à la société des "capitaux propres largement positifs" et "la trésorerie nécessaire pour faire face à ses dépenses de fonctionnement et de R&D". En revanche, la société souligne qu'un échec de l'OPE sur les convertibles "rendrait impossible l'augmentation de capital réservée à Umicore". Un échec qui condamnerait sans doute Picogiga au dépôt de bilan. Les actionnaires seront appelés à se prononcer sur ce projet en assemblée générale début novembre.En Bourse, l'action Picogiga n'a pas été cotée depuis lundi. Elle avait clôturé à 0,50 euro, après un recul de 37,5% qui a porté à près de 90% sa chute depuis le début de l'année. Après plusieurs mois d'activité faible, le titre avait connu un regain d'intérêt en début de mois, sans pour autant parvenir à repasser la barre d'un euro.
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