VU, à la recherche du périmètre introuvable

Fin avril, devant ses actionnaires, Jean-René Fourtou avait voulu rompre avec l'image de "syndic de liquidation" qui lui colle à la peau. Le président de Vivendi Universal (VU) avait alors dessiné les contours d'une entreprise recentrée sur la téléphonie avec Cegetel et SFR, la télévision en France avec Canal Plus et la musique avec Universal Music Group. En retour, il avait surtout récolté des sarcasmes de la part de certains milieux financiers. Mais, depuis quelques jours, les derniers masques tombent à mesure que redoublent les spéculations autour des actifs américains du groupe. Edgar Bronfman junior, dont la famille reste le premier actionnaire de VU, est sorti du bois en milieu de semaine en dévoilant ses intentions de mettre la main sur ces actifs qu'il avait apportés dans la corbeille du mariage Vivendi-Seagram. Et ce n'est pas seulement les activités audiovisuelles qu'il vise, mais c'est aussi Universal Music. Si une telle affaire était menée jusqu'au bout - ce qui impliquerait la levée de certains obstacles fiscaux -, Vivendi ne serait alors plus du tout Universal et le groupe, désendetté et redevenu franco-français, marcherait sur deux jambes : Cegetel et Canal Plus. Ou plutôt boîterait, tant Cegetel (grâce à sa branche mobile SFR) est aujourd'hui en meilleure santé que la chaîne cryptée. Il ne fait guère de doute que les investisseurs, soucieux entre autres choses de lisibilité, sanctionneraient l'existence d'un tel attelage. D'ailleurs, au-delà même d'une logique purement financière, il est peu probable qu'ils y voient un intérêt industriel. Les besoins des deux entreprises sont à la fois différents et plutôt gourmands en cash. Et puis, un discours sur d'éventuelles synergies "tuyaux-contenus" prendrait des allures de déjà-vu ironique. La forme définitive de la peau de chagrin des ambitions démesurées de Jean-Marie Messier ne devrait donc pas apparaître à l'issue de la cession des actifs américains. Il restera même beaucoup à faire. Canal Plus doit être vite recapitalisé tandis que le groupe Cegetel doit lancer l'UMTS et s'offrir une part plus importante de Telecom Developpement en montant au capital de ce réseau national de télécommunications contrôlé par la SNCF. Tout cela sera-t-il mené de front ou bien VU invitera-t-il d'autres partenaires à bord ? Il serait cependant surprenant que la raison ne finisse pas par s'imposer en séparant à terme Cegetel et Canal Plus.
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