Prix : ultimatum de Sarkozy aux distributeurs et aux industriels

La relance de la consommation est, on le sait, l'une des priorités de Nicolas Sarkozy. Le ministre de l'Economie a présenté le 4 mai dernier un certain nombre de mesures destinées à soutenir ce moteur essentiel de l'activité en France. L'un des freins à cette politique est dans l'esprit du locataire de Bercy le niveaux des prix des biens de grande consommation. Soucieux de les voir baisser, Nicolas Sarkozy organisait aujourd'hui une table ronde entre industriels et distributeurs afin de leur soumettre un certain nombre de propositions. Objectif: obtenir une réduction des prix de 3% à court terme et de 5% à moyen terme.Faisant apparemment la place à la concertation, la démarche de Nicolas Sarkozy se double par ailleurs d'un volet plus directif. En effet, le ministre a donné 15 jours aux professionnels pour finaliser un accord sur la base de ses propositions et leur a donné rendez-vous pour une nouvelle réunion le 17 juin, selon un texte remis par le ministère au début de la réunion. Faute d'une solution concertée, le ministre avertit qu'il pourrait alors passer par un changement de la loi dès fin juin. "Si nous ne parvenons pas à une solution concertée (...) fondée sur des objectifs précis et quantifiables, j'engagerai rapidement les travaux législatifs permettant de les atteindre. Le 24 juin, dans le cadre de l'examen du projet de loi de relance de la consommation, je me réserve la possibilité d'inscrire une ou deux mesures législatives sur ce point", précise le texte du ministre. Le texte soumis à l'examen des professionnels du secteur contient sept propositions:- Maintien de l'interdiction de revente à perte et de la nécessité d'une autorisation pour les ouvertures de surfaces de plus de 300 m2.- Engagement des industriels et distributeurs à baisser les prix des produits de grande consommation de 3% par rapport aux prix de janvier 2004 dès septembre et de 5% d'ici 2005. Le coût de cette baisse sera "partagé également" par les deux parties.- Une partie des marges arrière sera réintégrée dans les factures. Les taux de marges arrière doivent être "progressivement réduits" sur plusieurs années selon un schéma chiffré, différent selon les secteurs, et les producteurs doivent s'engager à une "modération tarifaire". - Dispositif de suivi de l'accord sur les prix au consommateur, les marges arrière et les tarifs des industriels, dont les résultats seront rendus publics. - Suppression des accords de gamme par les industriels. - Traitement particulier des prix agricoles: engagement de conclure un accord rapide pour "mieux refléter, dans les prix au consommateur, la réalité des prix versés aux producteurs, de développer les filières qualité et réagir plus rapidement aux situations de crise". - Les autorisations d'extensions des grandes surfaces, à un certain degré, seront supprimées sauf si les nouveaux linéaires sont consacrés aux produits régionaux et des PME. - Développement des moyens d'accès du commerce rural et de proximité à des conditions d'achats "équivalentes à celles de la grande distribution" et engagement à une "réflexion globale sur la redynamisation du commerce traditionnel".Avant la tenue de la table ronde, l'entourage de Nicolas Sarkozy avait précisé que le projet d'accord élaboré par les services de Bercy constituait "une simple base de travail susceptible d'évoluer". Industriels et distributeurs ont désormais deux semaines pour apporter leur touche à ces mesures. Certains font part de leur satisfaction, comme les patrons des groupes de distribution Carrefour et Leclerc. "C'est une réunion extrêmement positive", a déclaré Daniel Bernard, PDG de Carrefour, particulièrement content du donnant-donnant proposé par Nicolas Sarkozy avec la possibilité offerte aux grandes surfaces de s'étendre en contrepartie d'une baisse des prix. "Cela aura un effet très positif sur nos agrandissements, nous pourrons accélérer nos investissements: nous avons des projets d'extension de centaines de supermarchés et d'hypermarchés, par exemple nous avons beaucoup d'hypermarchés de 6.000 m2 alors que la taille normale est de 8.500 m2", a-t-il expliqué. Pour sa part, Michel-Edouard Leclerc, à l'origine d'une polémique en février dernier sur le pouvoir d'achat des Français, s'est réjoui que le ministre de l'Economie veuille "réintroduire du consumérisme". "La baisse concernera des produits comme les produits d'entretien, les crèmes, les shampoings, et aussi les produits alimentaires, qui ont augmenté deux fois plus vite que l'inflation", s'est-il félicité.
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