Aventis/Sanofi : le ministre de l'Industrie favorable à la neutralité du gouvernement

C'est peut-être le premier signe d'un infléchissement majeur de la position du gouvernement français dans la bataille pour le contrôle du groupe pharmaceutique Aventis: le nouveau ministre de l'Industrie, Patrick Devedjian, a affirmé vendredi que l'Etat devrait rester neutre dans cette affaire. Des propos qui sont en nette contradiction avec ceux tenus jusqu'ici par Jean-Pierre Raffarin, qui a clairement pris position en faveur de l'offre déposée par Sanofi-Synthélabo et contre l'hypothèse de l'intervention du groupe suisse Novartis.Selon l'AFP, un membre du cabinet de Patrick Devedjian a rapporté ainsi les propos tenus par le ministre devant quelques journalistes: le ministre de l'Industrie "a dit que le gouvernement suit cette affaire de très près mais reste neutre".C'est la première fois qu'un membre du gouvernement exprime une telle opinion. Le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, a plusieurs fois fait savoir très publiquement sa préférence dans le combat pour le contrôle du groupe pharmaceutique franco-allemand: il est favorable à une solution qui préserve le contrôle français du groupe, et donc à l'offre lancée par Sanofi-Synthélabo. A contrario, il réfute l'hypothèse d'une intervention de Novartis, qui envisage de venir jouer les chevaliers blancs en lançant une contre-offre sur Aventis.Cette position du Premier ministre n'a pas été modifiée par la constitution du nouveau gouvernement: dans son discours de politique générale, Jean-Pierre Raffarin a affirmé que le gouvernement doit protéger "les centres de décision et l'emploi", une allusion parfaitement claire à la bataille en cours.L'hostilité du gouvernement français à une intervention de Novartis était d'ailleurs jusqu'ici tellement évidente qu'elle a suffi à bloquer toute velléité d'action de la part de ce dernier. Après mûre réflexion, le groupe suisse a en effet indiqué, par la voix de son président, qu'il entrerait dans la bataille si deux conditions étaient réunies: qu'Aventis en fasse officiellement la demande et que le gouvernement français affiche sa neutralité.Le conseil d'administration d'Aventis s'est aussitôt exécuté, appelant le groupe helvétique à engager des discussions sur un rapprochement. Mais les pouvoirs publics français n'avaient, pour leur part, pas bougé, jusqu'à ce vendredi. Nicolas Sarkozy, nouveau ministre de l'Economie, ne s'est, en particulier, pas encore exprimé sur la question. Il a reçu lundi dernier le président de Sanofi Jean-François Dehecq et doit prochainement faire de même avec le PDG d'Aventis, Igor Landau.Reste à savoir quelle interprétation donner à la déclaration de Patrick Devedjian. S'il s'agit de la manifestation publique d'un changement de position du gouvernement dans son ensemble, sa signification est majeure: cela voudrait dire que Novartis a désormais les mains libres pour lancer une contre-offre, amicale, sur Aventis. Et le groupe suisse disposant de moyens financiers très supérieurs à ceux de Sanofi, il serait alors bien placé pour l'emporter.Mais il se peut aussi que les déclarations de Patrick Devedjian soient un simple ballon d'essai dans l'affrontement feutré qui oppose Nicolas Sarkozy, dont il est très proche, à Jean-Pierre Raffarin et Jacques Chirac. Si tel était le cas, l'issue de la bataille serait toujours aussi difficile à prévoir.
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