C'est arrivé près de chez nous

Le bastion de la banque italienne est-il sur le point de céder? Depuis quelques jours, c'est l'ébullition à Rome où les visées du BBVA sur la BNL et d'ABN Amro sur Banca Antonveneta inquiètent au plus au point. Pourtant, il ne s'agit que de deux établissements de taille moyenne qui avaient déjà accueilli leurs homologues espagnole et néerlandaise à leur capital. Bref, rien n'indique que l'indépendance bancaire italienne soit ici en cause. Mais voilà, nommé à vie, Antonio Fazio, le gouverneur de la Banque d'Italie, s'est fait un devoir de préserver les banques transalpines. Pour le sourcilleux gouverneur, il n'est pas question qu'un établissement étranger convoite plus de 20% du capital d'une banque italienne, quoi qu'en dise les autorités européennes qui fustigent désormais ouvertement le protectionnisme italien. Soucieux de promouvoir une Europe ouverte des services, les responsables communautaires sont bien évidemment dans leur rôle. Mais ils se heurtent à un obstacle de taille: la banque n'est pas une industrie comme les autres. Qu'on le veuille ou non, la façon dont une économie peut (ou ne peut pas) se financer ne peut pas laisser indifférent la classe politique. En France, les dernières banques publiques (BNP, CIC) ont été privatisées il y a tout juste une dizaine d'années. Et on imagine quelle pourrait être la réaction du gouverneur de la Banque de France ou du gouvernement s'il venait à Royal Bank of Scotland ou Citigroup l'idée saugrenue de s'offrir la Société Générale...En fait, le protectionnisme bancaire, quels que soient les discours officiels, est une des postures les mieux partagées en Europe. Les autorités espagnoles, françaises, italiennes ou encore allemandes veillent chacune à leur façon au grain. La Grande-Bretagne fait exception, notamment depuis le rachat d'Abbey national par le SCH mais il faut avouer que pour l'instant la menace est encore très éloignée. La meilleure protection des banques britanniques reste en effet leur capitalisation boursière qui domine de la tête et des épaules celles de leurs homologues continentales. Restent enfin les pays de l'Est qui ont largement ouverts leurs systèmes bancaires aux investisseurs étrangers. Ils n'avaient guère le choix. Les banques qui ont récemment été privatisées dans plusieurs pays avaient besoin de partenaires pour se moderniser. Pour les banques du Vieux continent, l'occasion était trop belle et beaucoup plus tentante qu'une fusion trans-frontières, inévitablement source de complications.
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