La Chine durcit encore le contrôle du Web

Décidément, la liberté d'expression est loin d'être acquise en Chine. Le pays a renforcé hier ses contrôles sur les sites Internet, interdisant toute mention des manifestations ou des différentes formes de protestation sociale, de plus en plus nombreuses dans le pays.Le bureau de l'information du Conseil d'Etat et le ministère de l'Industrie de l'information ont ainsi remplacé les règles formulées en 2000. La Chine disposait déjà d'un arsenal important en matière de cybercriminalité et de cyberdissidence.L'autocensure sur les gros moteurs de recherche internationaux (Google, MSN, Yahoo!...) est déjà monnaie commune. Par exemple, les termes "droits de l'homme" ou "droits fondamentaux" sont censurés d'office par des sites internationaux comme MSN.Les nouvelles règles prévoient donc un meilleur contrôle, non seulement des contenus mais aussi des contenants. En effet, toute société chinoise doit s'enregistrer auprès des autorités nationales ou locales et s'engager à contrôler le contenu de ses sites, en interdisant tout sujet prêtant à confusion pour le gouvernement en place. Si ce n'est pas le cas, l'entreprise court le risque d'être condamnée à payer une amende de 10.000 à 30.000 yuans (1.030 à 3.088 euros).Par ailleurs, tout projet de joint-venture avec des capitaux étrangers pour la création d'un site d'information doit être strictement approuvé par le bureau de l'information du Conseil d'Etat.L'objectif annoncé par le gouvernement est d'ailleurs très clair: "nous avons besoin de mieux réguler les services d'information sur Internet avec l'émergence de tant d'articles malsains qui pourraient induire le public en erreur", a précisé un porte-parole du bureau de l'information du Conseil d'Etat, cité par le quotidien China Daily. Par conséquent, le contrôle des contenus diffusés sur les forums de discussion est déjà totalement sous la responsabilité de leurs organisateurs. Mais ce sont surtout les manifestations de mécontentement social qui sont visées par ces nouvelles règles. En effet, elles interdisent aux sites d'informations de "provoquer réunions, organisations, défilés et rassemblement illégaux nuisant à l'ordre social".Mais pour Nicolas Becquelin, directeur de Human Rights in China, une association de défenses des droits de l'Homme basée à Hong-Kong, "le contenu de ce règlement se trouve déjà dans la loi criminelle, celle sur la sécurité d'Etat et d'autres qui empêchent toute information qui n'est pas autorisée de circuler". Et de conclure: "le nouveau règlement nous montre que l'Etat a peur d'une société civile qui prospère de manière croissante en utilisant la technologie Internet pour s'organiser".D'ailleurs, tout cybernaute qui ose contredire les idées de l'Etat se voit accuser de violation de la sécurité de l'Etat, quel que soit son délit. Selon Reporters sans Frontières, la Chine compte actuellement 62 cyberdissidents en prison.Mais ce renforcement des contrôles des contenus ne semble pas s'appliquer à tous les sites. En effet, le gouvernement ne semble pas particulièrement préoccupé, dans un autre registre, par le contrôle des contrefaçons... L'exemple de Baidu, un site attaqué par les maisons de disques pour violation des droits d'auteurs, en est l'exemple le plus frappant (lire ci contre).De leur côté, les grands sites internationaux continuent à affluer en Chine. Avec plus de 100 millions d'utilisateurs, ce marché représente un véritable eldorado, comme le montre le renforcement de Google ou Yahoo! sur place. Un choix commercial au détriment du reste.
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