Chirac tente de relancer l'Union européenne

A défaut de Constitution, le chef de l'Etat français propose des aménagements en partant du cadre des traités existants. Il préconise des investissements dans la recherche et l'innovation, la mise en place de "groupes pionniers" et une politique européenne de l'énergie.

Après l'échec du référendum sur la Constitution européenne en mai dernier, Jacques Chirac tente de sauver la partie. Lors de la présentation des voeux du corps diplomatique, en présence de plusieurs dizaines d'ambassadeurs en poste à Paris, le chef de l'Etat a souhaité que l'Union européenne (UE) sorte "du statu quo institutionnel" et prenne "un nouveau départ" en 2006.

A défaut de la mise en place d'une véritable Constitution, Jacques Chirac a proposé des aménagements "en partant du cadre des traités existants". Il a cité "trois domaines: la sécurité intérieure et la justice, l'action extérieure et la défense de l'Union, la meilleure association des parlements nationaux aux processus de décision européens".

L'exercice est difficile pour Jacques Chirac, tenu à la fois de respecter le non des Français au traité constitutionnel européen et les votes des Européens en faveur du texte, treize pays l'ayant déjà ratifié. En juin 2005, les dirigeants de l'UE avaient décidé d'observer une "période de réflexion" d'un an pour décider de l'avenir de la Constitution. Les 25 sont en effet divisés sur l'avenir de celle-ci, dont le chancelier autrichien Wolfgang Schüssel, qui préside l'UE depuis le 1er janvier, veut encore croire qu'elle n'est "pas morte".

Jacques Chirac a aussi préconisé une relance des "groupes pionniers" pour permettre à certains pays d'aller plus vite et plus loin sur la voie de l'intégration. "Les pays membres de la zone Euro ont une vocation naturelle à approfondir leur intégration politique, économique, fiscale et sociale. La France, avec les partenaires intéressés, veut examiner tous les moyens permettant de renforcer la visibilité et le poids de la zone Euro", a-t-il déclaré. Une idée qui éveille souvent la crainte des petits pays de voir s'instaurer un directoire des grands.

Le chef de l'Etat a par ailleurs indiqué que la France prépare ses propositions pour le sommet de juin "par un dialogue" avec les 24 autres membres, et en particulier avec la présidence autrichienne et avec la chancelière allemande Angela Merkel.

Jacques Chirac s'est voulu optimiste sur les chances de l'Europe de repartir après le difficile accord sur le budget 2007-2013 obtenu en décembre. "Elle a toutes les cartes en main pour retrouver sa capacité d'engagement et d'initiative au service de la croissance et de l'emploi", a-t-il estimé. Le chef du gouvernement a préconisé "d'investir davantage dans la recherche et l'innovation", dans la foulée du sommet informel d'Hampton Court en octobre, et de "mettre en place une politique européenne de l'énergie". Le récent conflit entre la Russie et l'Ukraine a démontré l'urgence de l'instauration d'une telle politique.

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