"Malgré les sommets atteints, la situation sur les marchés n'a rien de comparable avec celle de la bulle Internet"

Pierre-Yves Gauthier, stratégiste chez Oddo Securities, revient sur l'irrésistible ascension des places boursières européennes. Selon lui, cette progression résulte de l'afflux sur les marchés de pétrodollars, mais aussi des bonnes performances financières affichées par les entreprises. Il explique que la situation n'a rien de comparable avec le gonflement de la bulle Internet en 2000 et ne craint pas d'éclatement.

Latribune.fr.- Le CAC 40 a récemment dépassé les 5.400 points, un tel niveau vous surprend-il ?

Pierre-Yves Gauthier.- Si le niveau du CAC 40 corrobore nos prévisions du début d'année avec un objectif voisin de 5.600 points pour la fin 2006, il y a certains éléments auxquels nous ne nous attendions pas. La grande homogénéité dans le comportement global des marchés européens, aujourd'hui à leurs plus hauts, nous a particulièrement surpris.

Comment expliquer cette progression généralisée des Bourses ?

Si les séquences de résultats des entreprises s'avèrent jusque-là globalement à la hauteur des attentes, on voit surtout que les investisseurs sont de retour sur les marchés, avec une abondance de capitaux et une confiance solide. Il y a des moteurs que l'on connaît bien, notamment le recyclage des pétrodollars réinvestis dans les marchés. L'argent du pétrole afflue en particulier vers la sphère obligataire américaine, ce qui maintient les taux à long terme à un niveau relativement bas. Cette année, ce phénomène déjà connu a été amplifié par les prix élevés du pétrole. Ces taux très bas ont donc permis aux entreprises de se re-financer à bon compte et de se lancer dans des opérations de croissance externe. L'afflux de liquidité sur les marchés a donc entraîné la hausse d'actions faiblement valorisées.

Les indices boursiers ont atteint des niveaux comparables à ceux de 2000, c'est-à-dire peu avant l'éclatement de la bulle Internet. Y-a-t-il un risque d'effondrement ?

Si les sommets atteints par les places boursières sont certes comparables, la situation est en revanche totalement différente. Le véritable prix des actions, c'est le PER (price earning ratio, NDLR), c'est-à-dire le rapport entre le cours boursier d'une société et son bénéfice net par action attendu. Or, pour l'heure, le PER 2006 équivaut au tiers du ratio cours sur bénéfice enregistré en 2000. Alors certes, la situation actuelle est assez impressionnante, mais on n'arrive pas au niveau de cherté des actions atteint durant la bulle Internet.

Un affaiblissement de la croissance américaine ne risque-t-il pas de remettre en cause cet état de grâce des marchés financiers ?

Il est vrai que de nombreux observateurs ont émis en milieu d'année des signaux d'alarme sur la croissance économique américaine, craignant des répercussions au niveau mondial. Finalement, on constate aujourd'hui que l'impact de ce ralentissement ne sera pas aussi fort qu'il y a 10 ou 20 ans. Le contexte mondial a évolué et l'émergence de la Chine ou de l'Inde ont radicalement changé la donne.

Quelles sont vos prévisions pour la fin de l'année et début 2007 ?

D'après nos estimations, le CAC 40 devrait atteindre les 5.600 points à la fin décembre. Il peut toutefois y avoir un reflux à un moment ou à un autre. Les observateurs craignent d'ailleurs que la régularité des hausses enregistrées par les places financières ne soit un signe avant-coureur d'une correction des marchés. Mais pour l'heure, rien ne m'inquiète. La croissance attendue des résultats en 2007 est de l'ordre de 9% environ, ce qui veut dire que fondamentalement les marchés ont encore un potentiel de progression.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.