Nucléaire : pourquoi les EPR2 devraient être plus faciles à construire que l'EPR de Flamanville

Avec 12 ans de retard, le chargement d'uranium a débuté mercredi dans les cuves de l'EPR de Flamanville, nouvelle étape cruciale du démarrage progressif du plus puissant réacteur nucléaire français. A l'heure où le gouvernement veut construire jusqu'à 14 nouveaux réacteurs en France, ce chargement est une étape majeure pour EDF et toute une filière qui veut tourner la page d'un chantier laborieux de 17 ans, émaillé de multiples problèmes et de surcoûts colossaux, pour ouvrir celle de l'EPR2, un réacteur de nouvelle génération, dont le design simplifié a bénéficié du retour d'expérience de l'EPR.
La centrale de Penly sera la première à accueillir l'EPR2
La centrale de Penly sera la première à accueillir l'EPR2 (Crédits : Pascal Rossignol)

Ne pas reproduire les erreurs du passé. C'est ce à quoi s'attelle EDF, chargé de construire les six nouveaux réacteurs de grande puissance voulus par Emmanuel Macron sur les sites de Penly (Seine-Maritime), de Gravelines (Nord) et du Bugey (Ain). L'électricien entend s'appuyer sur le retour d'expérience des différents chantiers d'EPR dans le monde pour optimiser la construction de ses futures machines, baptisées EPR2.

« Nous avons considérablement appris sur la construction de la famille des EPR et sur le fonctionnement de ces réacteurs », assure aujourd'hui Gabriel Oblin, directeur du projet EPR2 chez EDF. « Le retour d'expérience du démarrage de l'EPR de Flamanville est essentiel pour nous, poursuit-il. Nous serons particulièrement vigilants quant aux performances de la chaudière et du groupe turbo-alternateur que l'on retrouvera dans les EPR2. »

Lire aussiCoup d'envoi pour l'EPR de Flamanville, le gendarme du nucléaire donne son feu vert

Pour autant, le groupe 100 % public ne pourra pas profiter pleinement d'effets de série entre l'EPR de Flamanville et ces EPR2, qui ne seront pas des copies conformes du premier. En effet, leur design général, dont la finalisation est attendue au cours de l'été, doit être largement simplifié.

« L'EPR était un projet franco-allemand, explique Gabriel Oblin. Nous avons décidé de ne pas reconduire certaines options qui lui étaient destinées, comme la possibilité de faire des opérations de maintenance dans le bâtiment réacteur lorsque celui-ci est à pleine puissance. Une pratique appliquée dans l'exploitation des centrales nucléaires allemandes, mais pas françaises. » Il précise : « Ensuite, l'EPR2 n'aura qu'une seule paroi épaisse au niveau de l'enceinte du bâtiment réacteur, et non deux comme dans l'EPR. Ce choix améliore la constructibilité du réacteur sans aucun compromis sur la sûreté. »

Éléments préfabriqués

EDF prévoit aussi de rationaliser les références utilisées dans les futurs réacteurs. « Concernant les tuyaux, il y aura 40 % de références en moins, affirme Gabriel Oblin. Et sur les portes, qui sont des objets complexes, le nombre de références sera divisé par trois. »

L'électricien table aussi sur la préfabrication de certains éléments, afin de désengorger le chantier. Sur le site de Penly, qui accueillera la première paire d'EPR2, « les colis de génie civil seront assemblés en marge du chantier, en haut de la falaise, puis déposés par une des plus grandes grues du monde », explique-t-on. Un certain nombre de soudures devraient par ailleurs être effectuées en atelier, « un environnement plus favorable à la qualité », assure « Monsieur EPR2 ».

Au-delà de la simplification du design, EDF mise surtout sur le transfert des compétences pour optimiser ses futurs chantiers. « Plusieurs centaines de personnes actuellement mobilisées sur Flamanville 3 vont progressivement rejoindre le projet EPR2. » À Penly, le coup d'envoi des travaux préparatoires est espéré au cours de l'été, pour une mise en service à l'horizon 2035-2037. S'il n'y a pas de ratés...

Lire ici notre dossier : La revanche du nucléaire

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Commentaires 22
à écrit le 19/05/2024 à 19:53
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Ces arguments pour que l'EPR2 ne soit pas un cauchemar comme l'a été l'EPR sont tous compréhensibles, mais ce sont des explications un peu trop "technos". Car les réacteurs construits dans les années 80-90 ne bénéficiaient pas de ces mesures de ratio...

à écrit le 14/05/2024 à 11:18
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Pour redresser, il faut d'abord commencer à mieux considérer les ingénieurs techniciens. Ne plus les regarder de haut comme des tecos taillables et corvéables à merci, ignorants des enjeux financiers. Les techniciens sont le point de départ de la cré...

à écrit le 10/05/2024 à 14:50
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simplement, on verra dans 5 ans. Pour l instant, la premiere dalle de beton n a meme pas ete coule, que l on a deja des reajustements du cout de ces EPR2 ; 51,7 milliards en 2021, 67,4 milliards en 2024. petit detail ; 16 milliards = 16 000 millions...

le 14/05/2024 à 15:25
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16 milliards sur 51 milliards , cela represente une augmentation de 30% en 3 ans .....et le projet n est que sur le papier !!

le 15/05/2024 à 11:52
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Le projet n'étant pas engagé, l'unique raison de ces réajustement est l'augmentation des taux d'intérêts qui pose le même problème à tous les grands chantiers. Plusieurs projets d'éolien en mer ont été annulés aux Etats-Unis pour cette même raison.

le 19/05/2024 à 19:47
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L'inflation est passée par là et les autres chantiers industriels, comme les éoliennes par ex, sont sujettes à la même augmentation liée aux coûts des matériaux et composants qui se sont envolés, avec le "dérèglement" financier post-guerre de Poutin...

le 19/05/2024 à 19:53
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L'inflation est passée par là et les autres chantiers industriels, comme les éoliennes par ex, sont sujettes à la même augmentation liée aux coûts des matériaux et composants qui se sont envolés, avec le "dérèglement" financier post-guerre de Poutin...

à écrit le 10/05/2024 à 14:01
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A Flamanville, EdF/Areva ont répété les bourdes et les malfaçons d'Olkiluoto, lancé en 2003 et qui nest touours pas au point, selon ma nièce Finlandaise, Anni Nurmela, Dr.Ingénieure en Génie-Nucléaire, qui travaille chez Fortum.

à écrit le 10/05/2024 à 10:53
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Et non, Valbel encore a cote de la plaque. Aujourd'hui la medecine de pointe, a savoir la recherche et chirurgie reunies sont entierement sous controle de technologies. Les operations de cancers et autres pathologies sont dans la majorite des cas as...

à écrit le 10/05/2024 à 10:12
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Oui construire et exploiter des EPR2 sera plus simple que la tête de pont. On a mis trop de temps pour finir EPR de flamanville. Le nucléaire renaît après avoir vécu de sacres déboires et une année 1996 révolutionnaire. On ne savait plus s il fallait...

le 10/05/2024 à 10:44
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Non, vous continuez de vous illusionner en vivant dans des paradigmes depasses. La France n'est plus dans le groupe leader mondial. Regardez les classements et observez le recul dans tous les domaines. Les savoirs-faire ont ete sacrifies en demantel...

le 10/05/2024 à 11:58
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Moi à Saclay, mais la ligne de neutrons s'installe en Suède, la dénucléarisation du site étant également un objectif, plus aucun réacteur (expérimental) sous la main. Un peu comme si on faisait 'on fait tout au CERN' et démontait tout accélérateur du...

à écrit le 10/05/2024 à 9:00
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Non mais c'est surtout qu'on se demande comment une filière si dangereuse peut se permettre d'être approximative, d'installer des cuves de combustible nulcéaire défectueuses également. Nos dirigeants sont nuls.

le 11/05/2024 à 22:05
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Vous faites une fixette sur nos dirigeants. Les problèmes du nucléaire, les engins de chantier, le prix du nutella, toujours la faute de nos "dirigeants"... c'est raz des paquerettes

le 13/05/2024 à 8:39
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Quoi tu veux dire que yen a pas en fait !? Ya plus que des salaires donnés à des coquilles vides ? Tu fais vraiment peur parfois je t'assure...

à écrit le 10/05/2024 à 7:57
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L'EPR est trop puissant, c'est son défaut premier. Si l'EPR 2 a la même puissance, alors il aura les mêmes soucis

le 11/05/2024 à 13:50
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Les derniers PWR étaient à 1450MW , donc très proches des 1600MW des EPR. Le problème n'est pas dans la puissance, mais plutôt lié à la haute température de fonctionnement qui fragilise certains matériaux. Un manque d'anticipation dans la conception ...

à écrit le 10/05/2024 à 7:52
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L'EPR est un prototype qui n'a jamais fonctionné correctement à l'étranger et qui ne sera jamais généralisé en France parce que beaucoup trop cher : c'est le prix du kwh le plus cher du monde, c'est pour cela que les factures explosent . Suite à l'ac...

le 10/05/2024 à 9:16
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"L'EPR est un prototype qui n'a jamais fonctionné correctement à l'étranger" : l'un des deux réacteurs chinois vient de battre pour la 2e fois le record mondial de production annuelle. Le reste est à l'avenant, la France ayant l'un des prix de l'élec...

le 10/05/2024 à 12:22
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Si vous allez sur le site de L'ASN pour moi la référence vous apprendrez que 5 réacteurs de ce type fonctionnent à l'étranger. Maintenant pour construire ces bazars il faut une industrie et du personnel de pointe autant de choses qui nous font actuel...

à écrit le 10/05/2024 à 7:46
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Espérons le et ce autant pour les inervenants que pour les ... contribuables ! Ne jamais perdre son savoir faire , toujours chercher à mieux faire ... la technologie aux INGÉNIEURS et aux TECHNICIENS ayant une conscience morale bien formés pas e...

le 10/05/2024 à 8:58
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@heteroi - les humains ne sont pas des machines. Les médecins ont trop souvent tendance à l'oublier. La médecine ne peut pas n'être que technologique...et les malades vont chercher ailleurs un peu plus d'ecoute, d'humanité.

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