L'Allemagne s'entend sur le triplement des places de crèches, pas sur leur financement

Un accord a été trouvé aujourd'hui entre l'Etat fédéral, les régions et les communes outre-Rhin pour tripler d'ici 2013 la capacité des places en crèches pour les enfants de moins de trois ans. Reste à boucler son financement sur fond de politique restrictive des finances publiques.

La ministre de la famille chrétienne-démocrate (CDU) Ursula von der
Leyen avait le sourire après le "sommet pour les crèches" tenu cet après-midi à Berlin. Il en est ressorti que l'Etat, en accord avec des représentants des régions et communes, va porter de 285.000 à 750.000 le nombre de places en crèches dans le pays à l'échéance 2013. Ce qui placerait l'Allemagne dans la moyenne européenne avec une couverture de 35% du nombre d'enfants. Ce taux n'atteint pas 10% aujourd'hui dans le pays, rapporté à une population enfantine de 2,1 millions (0 à 3 ans) décomptée par Destatis fin 2005.

Si l'Est du pays est bien pourvu en capacités d'accueil, en héritant de structures datant de l'époque communiste où les mères travaillaient en règle générale, l'Ouest a un gros retard à refaire. Notamment dans le land industriel de Rhénanie du Nord-Westphalie, où trois places de crèches sont proposées pour cent enfants.

Un effort particulier pour la construction de nouvelles structures devra être consenti, a souligné la ministre. Mais la réunion n'a pas permis de dégager un accord sur le financement du programme. Il faudrait trouver un milliard d'euros dès 2008 et trois milliards d'euros en 2013 pour que l'engagement puisse être tenu. Aussi, Ursula von der Leyen risque de voir ses demandes de crédits supplémentaires se heurter à la politique de restriction budgétaire en cours, dirigée d'une main de fer par le ministre des Finances Peer Stenbrück (SPD). Celui-ci a déjà montré des signes d'énervement face à des rallonges budgétaires émanant de plusieurs ministères, estimant qu'il n'est pas encore question de lâcher prise sur fond de déficits publics récurrents.

La construction de crèches doit surtout permettre de donner corps à un droit déjà accordé aux jeunes mères de choisir entre rester à la maison et reprendre le travail. Aujourd'hui, le faible nombre de places en crèches fait qu'elles doivent se cantonner au rôle de mère au foyer. Le système d'impôt sur le revenu, en favorisant les couples mariés où un seul membre rapporte l'argent à la maison, n'arrange rien à l'affaire. Un débat est en court pour se rapprocher du système français, en tenant compte davantage des enfants à charge. Rien de concret n'en est encore ressorti.

L'Allemagne doit faire face à un taux de natalité qui compte parmi l'un des plus faibles d'Europe avec 1,3 enfant par femme. L'an dernier, le gouvernement de coalition de la chancelière Angela Merkel a décidé, pour encourager la natalité, de mettre en place un congé parental de 12 mois. Applicable depuis le 1er janvier, il garantit pour le père ou la mère qui s'arrête de travailler après la naissance d'être rémunéré jusqu'à 1.800 euros par mois durant un an, et durant quatorze mois si le deuxième parent prend aussi un congé. D'après une enquête du magazine "Euro am Sonntag", plus de 50.000 candidatures ont déjà été déposées à fin mars dans le pays.

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