Le bonus comme moyen de rétention

Au-delà du débat sur l'inflation, justifié ou non, des bonus, un sujet mérite d'être abordé : celui de leur utilisation par les banques. Ou comment ces dernières s'en servent pour attirer mais aussi retenir leurs talents, dragués par la concurrence. Tour d'horizon des techniques utilisées.

Depuis quelques années, on a vu le niveau de rémunération fixe se niveler. Les grandes banques d'affaires se sont progressivement alignées en la matière. Concurrence oblige. Le bonus est donc devenu l'arme idéale pour convaincre les brillants candidats de changer d'employeur mais aussi de rester en poste.

La mobilité des Français réfrénée.

Une fois attrapé dans ces filets, le poisson ne s'en échappe que de plus en plus difficilement, si l'on en croît ce financier employé dans une banque d'affaires française. "Les banques pratiquent de plus en plus souvent une politique de rémunération différée, explique-t-il sous couvert d'anonymat. Cela se traduit par un étalement sur plusieurs années d'une partie de la somme à percevoir (au-delà d'un seuil fixé par la banque) ou par l'attribution de stock options exerçables à moyen terme. Dans tous les cas, les montants ne peuvent être perçus que si le salarié est encore en poste à l'échéance".

Le marché propose aux meilleurs la possibilité de se faire racheter leur bonus. Mais cela ne concerne qu'une minorité. De plus, les établissements français ont su rendre l'opération encore plus difficile.
"Nos bonus sont payés fin mars alors que les anglo-saxons les perçoivent en décembre ou en janvier. Autrement dit, si je veux changer pour une banque anglo-saxonne, ce n'est pas avant avril-mai en tenant compte d'un préavis négocié, poursuit ce financier. C'est soit un effort supplémentaire pour la banque qui accepte de garantir le bonus de l'année en cours soit un sacrifice à accepter. Cela peut représenter une demi-année de notre revenu variable, ce qui est loin d'être anodin !".

Effet pervers.

"Le fait de bloquer la moitié du bonus sous forme d'action ou en gestion (en moyenne de 3 à 5 ans) est devenue une pratique très courante", constate à son tour Antoine Kamphuis, partner chargé des banques et institutions financières au sein du cabinet de recrutement Boyden. Pour certains financiers, des "sommes astronomiques" sont ainsi en jeu.

Mais la méthode connaît aussi ses limites. "Les plus talentueux ne sont pas les seuls à rester contre leur gré ! Les banques retiennent aussi ceux qu'elles voudraient voir partir, relève sans ironie Antoine Kamphuis. Autres effets pervers : la démobilisation de ceux qui attendent leur bonus pour partir ainsi qu'une certaine rigidité pour la banque dans la gestion des liquidités".

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