Il est l'un des derniers grands photographes humanistes encore vivant. Auteur prolixe d'albums monographiques devenus de véritables succès de librairie, Willy Ronis, 97 ans, vient de commettre l'un des plus jolis livres de la saison. L'un des plus originaux aussi. Car le photographe a cette fois-ci choisi de livrer ses souvenirs en commentant une cinquantaine de ses tirages, réalisés entre 1936 et la fin du XXe siècle.

Les uns sont désormais célèbres. Les autres inédits. Mais tous apparaissent à la lecture de ces textes sous un jour nouveaux. Car cette confrontation entre l'écrit et l'image fonctionne à merveille. D'abord parce que la langue de Ronis, simple, claire, précise, truffée d'expressions délicieusement désuètes, se révèle d'emblée savoureuse.

Le photographe répond aussi à travers ces souvenirs aux nombreuses questions que se posent les spectateurs de ses images. Ainsi chaque photo est remise dans son contexte par un récit enlevé de la prise de vue. Ce faisant, l'auteur raconte son métier, le quotidien d'un photojournaliste fait de commandes, de reportage et de solitude. De doutes et d'interrogations aussi. "Il y a parfois des moments si forts que j'ai peur de les tuer en faisant une photo", souffle-t-il.


"Ce jour-là", textes et photos de Willy Ronis, édition Mercure de France, 184 pages, 22 euros