L'envol du moineau

Entre tragédie et "success-story", de Belleville à New York, "La Môme" retrace la vie d'Edith Piaf. Le film d'Olivier Dahan est porté par l'interprétation vibrante de Marion Cotillard.

On aurait tendance à oublier que Marion Cotillard n'est plus une toute jeune actrice. A 31 ans et déjà plus de dix ans de carrière derrière elle, la comédienne n'avait jusqu'à présent pas réussi à faire vraiment décoller sa carrière. On pouvait craindre que celle qui avait été révélée au grand public par "Taxi", ne se défasse jamais de son image de jeune "espoir" du cinéma français (elle fut citée deux fois dans cette catégorie aux Césars, sans les décrocher).

Le vent semble prêt à tourner. César du Meilleur second rôle en 2005 pour "Un long dimanche de fiançailles", participation à des films internationaux ("Big Fish" de Tim Burton, "Mary" d'Abel Ferrara ou tout récemment "Une grande année" de Ridley Scott). Il ne manquait plus à Marion Cotillard qu'un grand rôle qui puisse la mettre en valeur et dévoiler les différentes facettes de son talent. Ce rôle, elle le tient enfin avec "La Môme".

Il faut avoir les épaules très larges pour oser représenter Piaf. De par la stature du personnage mais aussi parce que le réalisateur demandait d'interpréter la chanteuse de sa jeunesse jusqu'à la fin de sa vie. Marion Cotillard s'en sort admirablement. Elle parvient à laisser la chanteuse s'incarner à travers elle, naturellement.

Côté scénario, aucune surprise. Toute la vie de Piaf y est, des bas-fonds parisiens jusqu'aux grands music-halls de New York, en passant par l'accident d'avion de Marcel Cerdan, ou encore les fameuses "tournées suicides" pour lesquelles Piaf, agonisante, monta inlassablement sur scène jusqu'à l'épuisement, jusqu'à sa mort, à 47 ans.

Olivier Dahan s'est affranchi de la rigueur chronologique pour entremêler trois époques. Un choix audacieux qui apporte du rythme à cette histoire connue de tous. Même si le réalisateur ne fait pas toujours preuve de finesse (caméra qui aime virevolter, lourdes séquences au misérabilisme appuyé), il tient son film de bout en bout sans temps morts. Exalté, émouvant, porté par une interprétation sans failles, "La môme" remplit le cahier des charges du film biographique ("biopic") et rend un bel hommage à un des grands mythes de la chanson française.

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