Sami Frey habite le néant de Beckett

Une heure durant, Sami Frey lit "Cap au pire" de Samuel Beckett. Une voix d'exception au service d'un univers sombre.

Seul face à son ordinateur installé à ses pieds, un homme en noir égrène des mots dans la pénombre. Sami Frey lit sur la scène du théâtre de l'Atelier à Paris "Cap au pire", texte sombre de Samuel Beckett écrit en 1982. L'auteur sentait-il sa fin proche? Toujours est-il qu'il exprime dans ce court texte sa détresse, son désarroi. Les phrases ont disparu, restent des mots. Exemple avec la première page du livre: "Encore. Dire encore. Soit dit encore. Tant mal que pis encore. Jusqu'à plus mèche encore. Soit dit plus mèche encore".

De cette voix posée, profonde qui assura son aura, Sami Frey distille soixante minutes d'affilée ces mots de l'absurde, de la souffrance. Sans effet aucun. Juste un geste de la main de temps en temps. La force du texte s'impose, hypnotise l'auditeur, le plonge dans cet univers fini si particulier du prix Nobel de littérature. Le public accorde trois rappels: Sami Frey laisse filer un sourire.


Théâtre de l'Atelier, 75018. Réservations: 01 46 06 49 24. Du mercredi au dimanche à 19h jusqu'au 18 mars. Texte publié aux Editions de Minuit.

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