La faïence de Quimper

L'art populaire breton est recherché, notamment les plats et assiettes représentant des personnages locaux. Les acheteurs américains font monter les prix.

En 1690, un potier provençal, Jean-Baptiste Bouquet, s'installe sur les rives de l'Odet à Quimper. Petit à petit, d'autres ateliers se construisent à proximité et la production, prospère, ne cesse de se développer. Il s'agit de fabriquer des ustensiles courants, récipients en grès, en terre vernissée et en faïence blanche, parfois brune, à destination des populations bretonnes.

Les manufactures familiales profitent au gré des années des nouvelles inventions et perfectionnent, notamment, les techniques du dessin. Dans les années d'entre les deux guerres mondiales, on fait appel à des artistes renommés pour décorer des pièces spéciales, par exemple un service pour le paquebot Normandie ou pour orner un ensemble Art déco.

Après un déclin dans les années 1960, la faïence de Quimper est aujourd'hui très recherchée, d'abord par les Bretons, puis par les nombreux propriétaires de résidences secondaires et, depuis quelques années, par les Américains de la cote Est qui décorent ainsi leurs somptueuses maisons de bord de mer.

SAVOIR. Le style Quimper vient d'un métissage de céramiques régionales, un peu de Moustiers, beaucoup de Nevers, énormément de Rouen, à tel point qu'au XVIIIème siècle, productions bretonnes et normandes étaient confondues. La manufacture de la Hubaudière a d'ailleurs mis en vente au siècle suivant d'excellentes reproductions de vieux Rouen difficiles à identifier comme bretonnes.

Les objets, assiettes, plats, bols, vases, tabatières, mais aussi bénitiers, pipes ou fontaines, sont depuis 1904 généralement signés. Ainsi on trouve HB (pour la faïencerie Hubaudière-Bousquet), HR (Henriot), PC (Pierre Caussy). En 1968, HB et HR fusionnent pour devenir "Les faïences de Quimper".

C'est avec l'arrivée du premier chemin de fer, et donc des touristes, que la production trouve un nouvel allant, avec l'apparition vers 1865 du petit Breton en "Bragou bras" (culotte bouffante) et sa femme en traditionnel costume bigouden. A noter qu'ils sont rarement représentés ensemble. C'est aussi à cette époque que disparaît l'émail à base de manganèse pour un décor plus flamboyant, faisant ressortir davantage les bouquets d'ornement.

ACHETER. On trouve de plus en plus difficilement de la faïence de Quimper ancienne et de qualité, sauf chez quelques antiquaires spécialistes et les rares enchères dédiées se déroulent à Morlaix, Brest, Nantes et occasionnellement à Drouot. Les prix s'en ressentent, d'autant que les amateurs jettent désormais leur dévolu, non seulement sur les objets d'art populaire, mais aussi sur les quelques sculptures signées, notamment Mathurin Méheut, René Yves Creston, Berthe Savigny ou Géo Fournier, sans oublier les craquelés monochromes de Nam. Ces oeuvres se négocient au delà de 10.000 euros, tout comme les faïences anciennes, style Rouen griffées Beau ou Caussy.

Les prix grimpent aussi pour les objets courants: pour un plat ou un vase de grand format du XXème siècle, il faut désormais compter au minimum entre 400 et 1.000 euros, moitié moins pour une assiette ou un bénitier de qualité. Les prix grimpent encore s'il s'agit d'une paire, mais sont divisés par quatre au moindre défaut. Chaque détail est important et une mauvaise qualité de cuisson se reconnaît par la présence de bulles ainsi qu'un délavage des couleurs.

Attention également aux restaurations, nombreuses et souvent bien dissimulées, aux ébréchures, aux rééditions récentes, et aux faux, qui avec la montée des prix, commencent à arriver sur ce marché où la demande dépasse l'offre.

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