Nouveau coup de tonnerre chez Alcatel-Lucent: l'équipementier télécoms a publié ce matin un sévère avertissement sur ses résultats 2007. Il s'attend désormais à un chiffre d'affaires à croissance "nulle ou légèrement positive" à taux de change constant, alors qu'il tablait jusqu'ici sur une croissance s'environ 5%. Dans la foulée, Alcatel dit s'attendre à un "impact négatif" sur sa rentabilité opérationnelle.

Le groupe issu de la fusion entre le français Alcatel et l'américain Lucent s'enfonce donc encore un peu plus dans la crise. Ayant été incapable jusqu'ici de tirer les fruits de ce rapprochement intervenu en décembre dernier, le groupe annonce ce matin qu'il va "accélérer l'exécution de son programme de restructuration en cours et mettre en oeuvre des réductions supplémentaires de coûts ciblées sur les marchés qui nécessitent de nouvelles actions".

Selon le communiqué publié ce jeudi matin, les difficultés du groupe viennent notamment de ce qu'il ne réussit pas à "enregistrer les augmentations de volumes espérées pour compenser" la pression qu'il subit sur ses prix. Explication principale: la demande moins forte que prévu des opérateurs mobiles américains. Dans ces conditions, le chiffre d'affaires ne progresse pas comme espéré. Le groupe tablait jusqu'ici sur un fort rebond sur l'ensemble du second semestre mais ce ne sera pas le cas. Au troisième trimestre, il n'y aura finalement qu'une "légère croissance". Alcatel table toujours, en revanche, sur une "forte" progression au quatrième trimestre.

Dans l'immédiat, cette déception au niveau de l'activité du groupe aura un impact sur les résultats. Selon Alcatel-Lucent, "ce changement dans la répartition des revenus devrait avoir un impact négatif sur la rentabilité opérationnelle du groupe, en particulier pour le trimestre en cours". Le groupe précise attendre un résultat d'exploitation du troisième trimestre "proche de l'équilibre".

Alcatel-Lucent, dirigé par l'américaine Patricia Russo, réaffirme attendre des synergies de 600 millions d'euros d'économies avant impôts en 2007. Mais il ajoute aussitôt qu'il "ne pourra pleinement tirer parti des économies réalisées au niveau de la marge brute" cette année.

C'est la deuxième fois cette année que le groupe lance un avertissement. Deux mois après sa fusion, en janvier dernier, il avait mis en garde les marchés au sujet de ses résultats 2006. Autre grosse déception: les résultats du deuxième trimestre, qui, avec une perte nette de 336 millions d'euros, ont été très inférieurs aux attentes du marché

Dix mois après la fusion, le groupe se débat toujours avec la mise en oeuvre des économies espérées. Les syndicats CGT, CFDT, CFTC, CFE-CGC et FO viennent ainsi d'approuver les modalités du plan social, qui prévoit le départ de 1468 salariés d'ici juin 2009.

A la Bourse de Paris, ce nouvel avertissement du groupe a été très mal reçu. Le titre a chuté lourdement : - 8,68% à la clôture à 6,62 euros après avoir perdu quelque 13% en séance.