L'aéronautique plus que jamais soumise au marché des changes, selon Euler-Sfac

A la veille du salon aéronautique du Bourget, une étude de l'assureur crédit souligne les forces et les faiblesses du secteur.

Alors que va commencer ce week-end le traditionnel salon aéronautique du Bourget, près de Paris, qui se tient tous les deux ans, la société d'assurance-crédit Euler Hermes Sfac (filiale du géant allemand Allianz) présente les perspectives économiques de la filière aéronautique pour 2007-2008 et les facteurs de risques pour l'ensemble des acteurs au niveau mondial.

Ses experts soulignent d'abord le dynamisme du transport aérien qui permet un rétablissement des marges des compagnies Dans un contexte d'atterrissage de l'économie mondiale (+3,3% en 2007 pour le PIB mondial), le transport aérien bénéficie d'un certain dynamisme dans toutes les régions du globe. La croissance soutenue du trafic aérien en 2007 (+6,3%) perdurera en 2008 (+6,6%). Mais si la demande reste élevée, la concurrence - avec la montée en puissance des transporteurs à bas coûts et bas prix , les low cost - s'accroît avec notamment une forte pression sur les prix : -2,4% prévue en 2008.

Les spécialistes d'Euler Hermes Sfac ajoutent que les prix du pétrole devraient enfin se stabiliser vers 63$ le baril, soit une décroissance de 3% en 2007, après la forte hausse enregistrée en 2006 (+23%). Rappelons qu'en trois ans le cours du baril a grimpé de 68%, passant de 38$ en 2004 à 64$ en 2007.

Mais dans la bataille entre l'européen Airbus et l'américain Boeing, ils estiment que c'est le marché des changes qui arbitre aujourd'hui la concurrence pour les constructeurs et équipementiers. Les comptes des constructeurs sont aujourd'hui au beau fixe, avec une prévision de croissance de leur chiffre d'affaires de 5,1% en 2007 et de 9,2% en 2008. Leur marge nette atteindrait +5,1% en 2008 et leur marge d'exploitation passerait de 6,2% en 2007 à 8% en 2008.

Mais pour Airbus, les progrès de la productivité des salariés européens ont été annihilés par l'évolution des taux de change. "Les gains de productivité ont été absorbés sur les 6 dernières années par l'évolution défavorable des taux de change (+33% pour le taux de change euro/dollar et +59% pour le taux de change euro/yen entre 2000 et 2007), commente Nicolas Lioret, conseiller sectoriel Euler Hermes SFAC. En euros, les coûts salariaux de l'UE augmentent de 24,2% entre 2000 et 2007 alors que ceux des Etats-Unis baissent relativement de 9,8%".

Ce problème de compétitivité - inquiétant à l'heure où l'avionneur européen, filiale d'EADS, lance son vaste plan de restructuration et d'économies Power8 - se pose d'autant plus dans une industrie qui facture en dollar, alors que les coûts de production d'Airbus sont situés principalement (à 75%) en zone euro. La question de l'externalisation d'une partie de la production d'Airbus est désormais posée.

Selon Euler Hermès Sfac, les équipementiers aéronautiques européens - qui travaillent aussi pour Boeing - subissent moins qu'Airbus ces problèmes de coûts. En effet, "Leur activité plus diversifiée et de niche leur a permis d'absorber davantage ce problème de parité." commente Nicolas Lioret. Leur chiffre d'affaires et leur rentabilité devraient continuer de croître du fait de la bonne tenue de leur activité de 1ère monte (sur les avions neufs) ainsi que du service et de la maintenance.

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