Deutsche Telekom : le mouvement de grève se durcit et pourrait perturber le sommet du G8

Quelque 15.000 personnes ont cessé le travail ce lundi outre-Rhin pour protester contre les restructurations au sein de l'entreprise. Une grève dure qui commence à perturber l'activité. Le syndicat Verdi, qui organise le mouvement, menace même de perturber l'organisation du sommet du G8 qui doit se tenir début juin en Allemagne.

Près de 11.000 salariés vendredi, plus de 15.000 ce lundi: le mouvement de grève chez les employés allemands de Deutsche Telekom prend de l'ampleur. Si seuls les centres d'appel et les services techniques aux clients sont pour l'instant touchés par le mouvement, le conflit est le plus dur que traverse l'entreprise depuis sa privatisation en 1995. Ainsi, plusieurs milliers de contrats concernant des ouvertures de ligne ou d'installation sont d'ores et déjà perturbés par le conflit social.

Mais le syndicat Verdi, à l'origine du mouvement, menace de frapper plus fort en perturbant l'organisation du sommet du G8 qui doit se tenir à Heiligendamm et Kühlsborn dans le nord de l'Allemagne. Pour respecter les délais d'organisation, l'ex-entreprise publique a dû faire appel à des fonctionnaires, qui ne disposent pas du droit de grève, pour poursuivre l'installation des systèmes de télécommunications.

Les grévistes s'opposent en effet aux conditions d'externalisation de 50.000 salariés dans une nouvelle filiale de services, où ils devraient travailler 38 heures par semaine (contre 34 actuellement) pour 9% de salaire en moins.
Deutsche Telekom emploie 160.000 personnes en Allemagne, dont 80.000 pour la téléphonie fixe, les services et Internet. Parmi ces 80.000 salariés, 50.000 d'entre eux, dont 20.000 fonctionnaires, doivent quitter l'entreprise pour partir dans une nouvelle filiale. Seuls les 30.000 salariés non fonctionnaires disposent d'un droit de grève et sont actuellement concernés par le mouvement.

Selon une information non confirmée par Deutsche Telekom, les employés auraient reçu un SMS chargé de les convaincre de ne pas faire grève en échange d'une prime de 50 euros. Le porte parole de l'entreprise a déclaré ne pas être des "briseurs de grève", rappelant seulement que les employés au travail percevaient une prime lorsque la charge de travail était alourdie.

De son côté, Verdi paiera aux grévistes syndiqués restés chez eux les jours de grève perdus, et a déjà prévenu que le conflit pourrait durer "plusieurs semaines". Il souhaite imposer sa position selon laquelle les salariés ne doivent pas travailler plus pour des salaires revus à la baisse. Après les augmentations de salaires obtenues par IG Metall dans la métallurgie, la mobilisation chez Deutsche Telekom illustre la détermination des syndicats allemands, galvanisés par une croissance dynamique et l'amélioration du marché de l'emploi.

Pour autant, il n'est pas sûr que la mobilisation fasse plier la direction de Deutsche Telekom. René Obermann, jeune patron de l'entreprise, confronté à des départs massifs de clients dans la téléphonie fixe et dont les bénéfices ne cessent de fondre, reste convaincu du bien-fondé de ces restructurations. "Nous devons nous réformer", répéte-t-il. Lors des négociations sur la création au 1er juillet de la nouvelle filiale appelée T-Services, la direction avait déjà prévenu être prête à passer son plan de restructuration en force.

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