L'Union européenne veut sauver Galileo de l'enlisement

Eviter au projet européen de localisation par satellite d'être paralysé par les rivalités entre groupes industriels et les intérêts nationaux, c'est ce que cherchent les Vingt-Sept qui ont mis en demeure les partenaires de Galileo de lance concrètement le programme d'ici au 10 mai.

Le projet Galileo, qui prévoit la mise en place d'un réseau de satellites fournissant un service de localisation similaire au GPS américain, va-t-il être victime du "syndrome Airbus"? C'est pour éviter une telle issue, qui constituerait une débâcle pour un projet européen dont les enjeux sont aussi importants sur le plan économique que stratégique, que l'Union européenne vient de taper du poing sur la table.

Les ministres des Transports des Vingt-Sept ont ainsi sommé aujourd'hui les deux consortiums d'entreprises privées chargés de mettre en oeuvre le projet d'enterrer leurs rivalités et de passer à la mise en oeuvre du programme. Si, d'ici au 10 mai, ils n'ont pas réussi à désigner un vrai patron chargé de piloter le projet, les ministres européens pourront sévir, par exemple en relançant un appel d'offres pour remplacer les entreprises actuellement associées à Galileo.

Si l'Union européenne se mobilise ainsi, c'est d'une part parce que les enjeux sont considérables, et d'autre part parce que le projet est actuellement bien mal parti.

Les enjeux? Il s'agit de rien moins que de créer un équivalent européen du GPS, ce service permettant une localisation très précise par satellite. Le marché est colossal, allant depuis les besoins militaires jusqu'aux services d'assistance, en passant par le guidage routier, les activités de loisirs et bien d'autres. Du coup, cette activité devrait être très rentable et l'on attend quelque 150.000 créations d'emplois de son développement.

Et pourtant, malgré ces perspectives brillantes - ou peut-être à cause d'elles, tant les appétits sont aiguisés - Galileo n'arrive pas à décoller. En juin 2005, après de longs atermoiements, c'est finalement une offre conjointe regroupant les deux consortiums qui s'opposaient jusque là qui a été retenue. Ces consortiums regroupent d'une part EADS, le français Thales et le britannique Inmarsat (au sein d'iNavSat), et d'autre part le français Alcatel, l'italien Finmeccanica et les espagnols AENA et Hispasat (dans Eurely).

Mais près de deux ans plus tard, le projet a pris beaucoup de retard. Les industriels n'arrivent pas à tomber d'accord sur l'organisation commune et se disputent les parts du gâteau, chaque pays essayant de tirer la couverture à soi. Plein de choses restent à faire, depuis la création de la société chargée de mener le projet jusqu'à la nomination de son directeur général, en passant par les questions de financement, de couverture des risques, etc... Autant de questions cruciales qui doivent être réglées avant que ne puisse commencer le déploiement des 32 satellites du programme.

"Galileo est en crise", a ainsi constaté aujourd'hui le ministre allemand des Transports, Wolfgang Tiefensee. "C'est un projet extrêmement important pour l'Europe. Il ne faut pas rater cette occasion", a renchéri de son côté le ministre français des Transports, Dominique Perben. "Le Conseil a voulu faire passer un message fort et clair aux industriels."

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