Washington relance l'appel d'offre du méga contrat des avions ravitailleurs

Le Pentagone relance officiellement le très médiatique appel d'offre pour les avions ravitailleurs de l'armée de l'air américaine d'une valeur globale d'environ 200 milliards de dollars. La compétition va opposer Boeing à EADS allié de l'américain Northrop Grumman. Boeing avait remporté en 2001 la première tranche du contrat, par la suite annulée à la découverte d'irrégularités de procédures.

Le Pentagone a relancé officiellement mardi soir le très médiatique appel d'offre pour les avions ravitailleurs de l'armée de l'air américaine d'une valeur globale d'environ 200 milliards de dollars (155 milliards d'euros). L'appel d'offre concerne une première tranche de 179 appareils d'une valeur de 30 à 40 milliards sur 15 ans, dont le résultat devrait être connu à la fin de l'année. Deux autres tranches sont envisagées pour un montant total qui pourrait atteindre ainsi 200 milliards de dollars. Les forces aériennes américaines veulent en effet remplacer leur 531 KC-135 ravitailleurs âgés en moyenne de 44 ans.

Remporté par Boeing en 2001, le contrat, qui portait alors sur 100 appareils (23 milliards) avait ensuite été annulé à la suite d'un scandale retentissant. Le géant de l'aéronautique et défense avait en effet recruté une ancienne responsable de l'US Air Force pour faciliter l'obtention du contrat.

Un nouvel affrontement entre Boeing et EADS (allié à l'américain Northrop Grumman) est attendu. Le couple EADS-Northrop devrait proposer un dérivé de l'Airbus A330 (KC-30). Boeing n'a pas encore précisé son choix définitif. A l'époque, il avait remporté le premier appel d'offre avec un dérivé du B767 . "Nous nous tiendrons prêts à proposer notre meilleur ravitailleur à l'armée de l'Air", déclare Boeing, "qu'il s'agisse au final d'un appareil de taille proche de celle du KC-135 ou d'un ravitailleur plus gros, davantage axé sur le transport", ajoute l'avionneur américain. L'US Air Force table sur une première livraison en 2010, et sur un premier escadron de 16 unités d'ici à 2013 .

Dans la version définitive de son appel d'offres, le Pentagone a voulu aplanir tous les sujets de controverse ayant conduit Northrop, à menacer de se retirer."Nous ne voulons pas en arriver à la situation hypothétique où nous aurions un seul fournisseur en lice", glisse Sue Payton, secrétaire adjointe de l'Armée de l'Air en charge des acquisitions.

L'armée de l'Air a notamment décidé de ne plus prendre en compte le différend aéronautique américano-européen sur les aides publiques accordées aux avionneurs, portés par les deux parties à l'arbitrage de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Initialement, l'Armée de l'air voulait empêcher les candidats d'incorporer au chiffrage de leur offre le moindre frais dérivé de cette procédure. EADS avait clairement fait entendre qu'il était contre cette disposition.

Le fait qu'EADS se mette sur les rangs pour ce contrat fait débat aux Etats-Unis. Plusieurs membres de l'administration et du Congrès dénonçent le système d'avances publiques remboursables versées à Airbus. Il y a deux ans, la Chambre des représentants américaine avait même proposé au Pentagone d'interdire au secrétaire à la Défense de conclure un contrat "avec une entité étrangère ayant reçu une subvention d'un gouvernement membre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC)" faisant l'objet d'un recours américain.

L'armée de l'Air s'est ménagée une sortie politique, tant aux yeux des industriels européens que du Congrès, dans l'hypothèse où la compétition déboucherait sur une victoire de Boeing. L'appel d'offres ramène en effet de 7 à 5 ans la durée de la première phase d'acquisition, une modification interprétée par l'analyste du secteur Richard Aboulafia comme un "message" adressé au candidat malheureux pour que celui-ci maintienne ses équipes en place pour la deuxième tranche.

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