Du "rosbif" à la table de la BCE

La Banque d'Angleterre n'a trouvé aucun preneur pour les 10 milliards de livres mis à disposition des banques commerciales britanniques. Les demandeurs de liquidités préfèrent se tourner vers...la Banque centrale européenne.

L'Europe monétaire a des effets pervers que l'on n'auraient jamais imaginés! Dans les plus insensés scénarios, qui aurait osé envisager que nos insulaires voisins d'Albion viennent chercher leur pâture auprès de notre Banque centrale européenne dont ils repoussent pourtant les avances en restant obstinément en marge de la monnaie unique. En pleine crise internationale du crédit, c'est pourtant la BCE qui abreuve le système bancaire britannique en mal de liquidités.

Qu'on en juge. La Banque d'Angleterre n'a trouvé aucun preneur pour les 10 milliards de livres mis à disposition des banques commerciales britanniques ce matin via un système d'enchères.Il s'agit de la troisième adjudication d'un montant de 10 milliards de livres à ne susciter aucun intérêt de la part des banques britanniques, après celles des 26 septembre et 2 octobre.

Très critiquée pour sa gestion de la thrombose du marché monétaire mondial, la Banque d'Angleterre a finalement mis en place une procédure destinée à fournir des liquidités aux institutions financières qui peinent à s'approvisionner sur le marché interbancaire, où la crise du crédit a rendu les acteurs méfiants et réticents à prêter de l'argent. Mais le prix auquel la banque centrale fournit les fonds est carrément dissuasif. Le taux d'intérêt auquel les candidats doivent enchérir est fixé à un minimum de 6,75%, soit 1 point de pourcentage au-dessus du taux directeur de la Banque d'Angleterre.

Or sur le marché interbancaire, et en dépit de la compression du crédit, les taux à trois mois s'élèvent ce mercredi à 6,26%, un prix nettement plus avantageux. Mais il y a mieux. Les succursales des banques britanniques implantées dans la zone euro préfèrent de loin se fournir à un meilleur prix auprès de la Banque centrale européenne (BCE).Car elles sont autorisés à utiliser ce subterfuge et elles ne s'en privent pas, avec une participation jugée massives aux adjudications hebdomadaires de la BCE. Lors de la dernière, hier, le taux moyen pondéré est ressorti à 4,16% et la BCE a alloué 218 milliards d'euros, 40 de plus que son estimation initiale des besoins de financement de la zone euro ....

Une dernière enchère de la Banque d'Angleterre est en principe prévue le 17 octobre. Jusqu'à présent, le désamour des établissements financiers britanniques n'a pas dissuadé l'institut d'émission de Londres de poursuivre sa procédure.Gageons que l'opération de mercredi prochain fera le même "flop" que les précédentes. Et pour les mêmes raisons.

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