Jean-Paul Fitoussi sonne l'alarme sur la croissance si la BCE ne baisse pas ses taux

Le président de l'OFCE approuve les critiques du président Sarkozy contre la Banque centrale européenne.

Le président de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), Jean-Paul Fitoussi, sonne l'alarme sur la conjoncture européenne si la Banque centrale Européenne (BCE) augmente ou maintient ses taux directeurs ce jeudi, à l'issue de la réunion de son Conseil des gouverneurs à Francfort. "Il y a une menace réelle sur la croissance mais comme la BCE n'a pas de mandat pour s'en occuper alors elle s'en fiche", a indiqué l'économiste français à La Tribune en marge d'une réunion de plusieurs Prix Nobel d'économie à Trieste (Italie).

"Il y a une menace sur la croissance avec la forte hausse des taux d'intérêts interbancaires de plus de 70 de points de base, ce qui équivaut à un relèvement des taux directeurs par la BCE, et si rien n'est fait le crédit se raréfiera et la récession arrivera", a déclaré Jean-Paul Fitoussi. "En Europe, le problème est que la BCE a été créée pour combattre l'inflation, mais depuis quinze ans il n'y a plus d'inflation, seulement la peur de l'inflation".

"La crainte de l'inflation actuelle est liée à la hausse des prix du pétrole, mais cela ce n'est pas l'inflation", explique Jean-Paul Fitoussi. "L'inflation, c'est quand il y a une course entre les salaires et les prix : et une telle course ne s'est pas vue depuis vingt-cinq ans" ajoute-t-il. "Il n'y a pas de processus d'inflation mais une modification des prix relatifs entre le prix du pétrole et les autres prix".

Le président de l'OFCE a par ailleurs donné raison au président de la république quand ce dernier exhorte publiquement la BCE à changer de politique monétaire et de changes. "Je ne crois pas que le président Sarkozy a tort car c'est en effet le seul moyen pour le faire". L'économiste a évoqué un récent épisode où le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, aurait refusé de rencontrer à dîner Jean-Claude Juncker, sous prétexte que Juncker n'aurait pas de fonction explicite pour discuter des questions monétaires avec le chef de la BCE.

"D'un point de vue de la démocratie, il vaut mieux parler publiquement des choix de la BCE car il faut de la transparence, du débat à ce sujet", souligne Jean-Paul Fitoussi. Le président du Conseil italien, Romano Prodi, avait en revanche indiqué vendredi dernier que "ce débat (sur une intervention de la BCE pour contrer la faiblesse du dollar, NDLR) ne doit pas s'étaler sur la place publique. Le moment est très délicat. Il faut éviter les tensions entre les gouvernements et la BCE dont il faut préserver l'indépendance".

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