Métro et trains encore perturbés demain mercredi, les fonctionnaires en grève ce mardi

La France vit ce mardi une journée de perturbation majeure dans le secteur public, avec une mobilisation de 24 heures des fonctionnaires et un septième jour de grève dans les transports, où des négociations doivent s'ouvrir mercredi à la SNCF et à la RATP. Laurent Wauquiez, porte-parole du gouvernement, a subordonné à "une dynamique de reprise du travail" la présence d'un représentant de l'Etat lors de ces négociations sur la réforme des régimes spéciaux.

Cette journée du mardi 20 novembre est une nouvelle fois synonyme de galère pour la plupart des Français qui auront besoin de se déplacer. Tandis que les usagers du rail et du métro, notamment dans la région parisienne, connaissent à nouveau des difficultés, plus de cinq millions de fonctionnaires sont appelés à cesser le travail. Les étudiants qui bloquent une partie des universités depuis le début du mois devraient aussi se joindre, avec des lycéens gagnés par la grogne, aux défilés des fonctionnaires prévus dans les grandes villes de France mardi après-midi.

A la mi-journée, la RATP annonce qu'elle prévoit pour mercredi un trafic "très fortement perturbé" sur les lignes A et B du RER, et une rame sur quatre sur la quasi totalité des lignes de métro, soit sensiblement les mêmes perturbations que ce mardi où le taux de grévistes s'établit officiellement à 18,4% contre 18% lundi, 23,3% vendredi, 27,2% jeudi et 44% mercredi.

Le trafic RATP s'est amélioré au fil des jours, se présentant "un peu mieux que prévu" mardi matin que lundi avec en moyenne 1 métro sur 3 ou 4 et 40% des bus et tramways, même si le trafic restait nul sur la ligne B du RER et limité à 20% sur la ligne A, selon la direction.

Quatre syndicats de la RATP (FO, Unsa, CGT, Sud) soutiennent toujours la grève à la RATP contre la réforme des régimes spéciaux de retraite. Des négociations tripartites (Etat, syndicats, direction) doivent débuter mercredi.

Du côté de la SNCF, le trafic SNCF s'améliorera légèrement mercredi par rapport à mardi, avec 400 TGV sur 700, 88 Corail sur 300, des fréquences de Transiliens "meilleures" en Ile-de-France, 50% des TER, un trafic Eurostar "normal" et Thalys "proche de la normale", a prévu la direction.

Ce mardi, le taux de grévistes est en légère hausse à 27% contre 26,2% lundi, avec un trafic "conforme aux prévisions". Un TGV et un TER sur deux circulent. En Ile-de-France, on compte 2 à 4 trains par heure pour les RER A, B, C, D, et E en heure de pointe et un train sur deux environ pour les Transiliens circulaient.

Le directeur général exécutif de la SNCF Guillaume Pepy a affirmé qu'il y aura "du grain à moudre" à la négociation tripartite prévue mercredi avec les cheminots s'il y a "d'ici là des signes de reprise du trafic". Le secrétaire général de la CGT Cheminots Didier Le Reste a déclaré que pour la suite du conflit, le syndicat "s'en remettra aux assemblées générales" de cheminots et "respectera leurs décisions" quant à la poursuite ou non de la grève à la SNCF.

Si les cheminots et les salariés du métro s'opposent à la réforme de leurs régimes spéciaux de retraite, les enseignants, agents hospitaliers, fonctionnaires territoriaux ou encore employés des impôts protestent contre la réduction des effectifs et la baisse qu'ils disent constater dans leur pouvoir d'achat.

Un peu moins d'un tiers des fonctionnaires étaient en grève mardi dans le cadre de la journée de mobilisation pour la défense de l'emploi et du pouvoir d'achat, selon le ministère de la Fonction publique. Hors Education nationale (où 39,98% des agents, enseignants et non enseignants, sont officiellement en grève), le taux de mobilisation tombe à 16,66%. Il est de 20,12% au ministère de l'Economie, des Finances et de l'Emploi, de 14,33% à la Justice, de 13,92% au ministère de l'Ecologie et de 49,26% au ministère du Budget et de la Fonction publique.

Le ministère de la Fonction publique rappelle que le dernier mouvement dans la fonction publique, en février 2007 sur les mêmes mots d'ordre, avait abouti à une mobilisation de 20,30% (11,09% hors Education nationale).

Selon Alain Olive, secrétaire général de l'Unsa, le mouvement des cheminots "cannibalise les autres revendications", rendant notamment "inaudible" celle des fonctionnaires sur le pouvoir d'achat. Le responsable syndical a ainsi réclamé une "véritable négociation sur cette question centrale du pouvoir d'achat (...) qui ne concerne pas seulement les fonctionnaires" mais aussi "l'ensemble des salariés de ce pays".

A l'inverse, le président de la CFTC, Jacques Voisin, a lui estimé ce mardi que la revendication d'un meilleur pouvoir d'achat était "commune" aux manifestations de fonctionnaires et de cheminots qui se retrouvent dans l'après-midi dans la rue. Selon lui, "derrière les questions que se posent les cheminots par rapport à l'évolution de leur régime de retraite" se profilent des inquiétudes sur "les moyens de subsistance, les moyens de retraite, mais aussi leur niveau de fin de carrière, et ça c'est une vraie question de pouvoir d'achat".

Le secrétaire général de la FSU Gérard Aschieri a salué pour sa part la mobilisation "importante" des fonctionnaires, en particulier les gros défilés de manifestants en province, appelant le gouvernement à "tirer les conséquences" du faible pouvoir d'achat des fonctionnaires. "On est bien au-delà des 30%, mais déjà en soit 30% est un chiffre important, c'est une grève bien suivie, elle marque un vrai saut quantitatif et qualitatif".

Point d'orgue ou extension du mouvement protestataire, les grèves de mardi constituent en tout cas le premier grand test politique pour Nicolas Sarkozy. "La semaine qui s'ouvre est vraiment décisive pour chacun", analysait dimanche le ministre du Travail, Xavier Bertrand, en première ligne dans les négociations avec les syndicats. Le gouvernement a prévu près de 23.000 suppressions d'emploi dans la fonction publique en 2008.

Si le gouvernement ne demande plus l'arrêt de la grève comme préalable aux négociations, le porte-parole du gouvernement, Laurent Wauquiez, a subordonné ce mardi à "une dynamique de reprise du travail" la présence d'un représentant de l'Etat demandée par les syndicats lors des négociations dans les entreprises sur la réforme des régimes spéciaux. "C'est-à-dire qu'"il faut qu'il y ait un peu plus de bus, un peu plus de métros, un peu plus de RER", a déclaré le ministre sur RTL. "C'est un jeu dans lequel il faut que ce soit gagnant/gagnant", a-t-il insisté.

Grand absent médiatique de ces grèves, le président de république, Nicolas Sarkozy, pourrait intervenir dans les prochains jours, selon Laurent Wauquiez. LeMonde.fr indique pour sa part que le président devrait sortir de son silence jeudi ou vendredi, avant son départ pour la Chine, pour annoncer des mesures en faveur du pouvoir d'achat.

Car si la durée du mouvement pèse sur le climat social, la mobilisation des cheminots a aussi des conséquences sur la croissance. Ce mardi, Eric Woerth a estimé que si la grève dans les transports se poursuivait, cela pourrait "évidemment" avoir des conséquences sur la croissance française. Le coût de la grève contre la réforme des régimes spéciaux de retraite a été évaluée à 300-400 millions d'euros pour l'ensemble de l'économie française, a-t-il confirmé, après les déclarations lundi de la ministre de l'Economie, Christine Lagarde.

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