Denis Gautier Sauvagnac quitte la présidence de l'UIMM

Au coeur d'une affaire de possibles retraits de fonds suspects de son organisation, "DGS" a préféré jeter l'éponge. Il quittera ses fonctions de président de la principale fédération adhérente du Medef en novembre. Il "assume" tous les retraits d'argent effectués, et affirme qu'il n'y a rien d'illégal. Il souhaite aussi un renouvellement des instances et des méthodes de l'UIMM.

Il "assume" mais il s'en va. Denis Gautier-Sauvagnac (DGS), président de l'Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM) a décidé de quitter sa fonction, lors du prochain conseil de la Fédération qui se tiendra en novembre. Denis Gautier Sauvagnac pourrait tout de même assurer l'intérim jusqu'en décembre, le temps qu'un nouveau président soit trouvé par la principale organisation adhérente du Medef (1,8 million de salariés).

Normalement, le mandat de DGS courait jusqu'en mars 2009. Pour l'instant, DGS resterait tout de même délégué général de l'organisation et la question de sa présence dans les instances du Medef sera examinée plus tard.

Mais c'est sur le fond de la fameuse affaire qui porte désormais son nom, que les déclarations de Denis Gautier-Sauvagnac sont intéressantes : il confirme "en les assumant" la quasi-totalité des informations parues dans différents organes de presse. DGS fait l'objet d'une enquête préliminaire du parquet de Paris pour des retraits suspects effectués sur différents comptes de l'UIMM. Et, de fait, ce mardi matin, pour la première fois, il s'est expliqué publiquement devant quelques journalistes. Il a reconnu l'existence d'une caisse de 600 millions d'euros à l'UIMM et expliqué les mécanismes qui ont conduit à la constitution de ces fonds.

A l'origine de ces fonds, la mise en place en 1972 par la fédération patronale d'une caisse de mutuelle, appelée Epim, destinée à soutenir les entreprises ayant subi des préjudices lors de conflits sociaux, comme des pertes de commandes ou des pertes de chiffre d'affaires, a-t-il affirmé. A l'époque, "1.800 entreprises qui employaient 1,2 million de salariés ont cotisé à cette caisse à hauteur de 0,2 pour 1000 de leur masse salariale (0,4 pour mille à partir de 2001)", a-t-il détaillé.

Au total, 290 millions d'euros ont été encaissés par l'organisation, dont "170 millions ont été utilisés depuis trente-cinq ans pour indemniser les entreprises", a-t-il dit. Les 120 millions restants, une fois placés, ont permis d'atteindre un total de 600 millions, a poursuivi le dirigeant.

Interrogé sur la destination des gros retraits en liquide effectués ces dernières années dans cette cagnotte, quelque "2 millions d'euros par an", DGS a assuré que son organisation "n'a apporté aucune aide aux partis politiques". "Je n'ai jamais donné d'argent à un parlementaire", a-t-il insisté, reconnaissant simplement un "lobbying classique" de son organisation pour proposer par exemple des amendements à des textes jugés "mauvais".

Selon le responsable patronal, l'argent contribuait principalement "au financement de différents organismes qui font partie de notre vie sociale", sans plus de précisions... Et, surtout, en prenant soin de ne pas faire référence à des organisations syndicales ou patronales.

Ces sommes ont aussi servi à verser à des collaborateurs de l'UIMM "un complément de rémunération correspondant à des primes de cabinet", pour un montant moyen annuel de 10.000 euros. Ces primes ont "été supprimées progressivement, la dernière ayant été versée au 31 décembre 2006". Le futur ex-président de l'UIMM reconnaît aussi percevoir un salaire annuel net de 240.000 euros par an. Et DGS d'ajouter : "ce système, j'en ai hérité. Je suis le septième délégué général depuis 1901, ça tombe sur moi, pas de chance, j'assume..."

Interrogé sur le fait de savoir pourquoi ces "révélations" sortaient maintenant, DGS a pudiquement répondu que cela "était le fruit d'une succession de hasards". Pour mettre un terme à ces pratiques, l'UIMM présentera à partir du 1er janvier 2008 des comptes certifiés, a promis Denis Gautier-Sauvagnac, en reconnaissant que les statuts de cette organisation, fondée en 1900, avaient "vieilli".

"Nonobstant la loi de 1884 (Waldeck-Rousseau), toujours en vigueur à l'UIMM, et l'absence d'obligation comptable pour les syndicats, l'UIMM a décidé d'appliquer elle-même au 1er janvier 2008 la réglementation comptable de droit commun", a-t-il ainsi fait valoir. Autre modification à venir, selon le président, le non cumul des mandats de président et de délégué général.

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